Jazz
May 30, 2007
Au rayon du disque
Marc Chénard, Charles Collard, Félix-Antoine
Hamel, Paul Serralheiro
Branford Marsalis Quartet: Braggtown
Marsalis Music/Rounder 87494600-042-0
HHHHII
From the opening track’s roving, angular,
pentatonic melody “Jack Baker,” Branford Marsalis’ latest disc
clearly reveals his post-Coltrane pedigree as well as his debt to some
of his forebears, chiefly Joe Henderson and Wayne Shorter. But there
is also a ‘classical’ strain in the composition and playing, most
obviously in “O Solitude,” a piece by the English Renaissance composer
Henry Purcell. Pianist Joey Calderazzo plays with a percussive McCoy
Tyner concept (with touches of Herbie Hancock) in the high-octane pieces
(of which there are three), but can also shift into quiet lyricism along
with his boss and blend classical lightness with an almost poppish simplicity,
as in the keyboardist’s own tune “Hope,” on which Marsalis’
soprano floats wispily, or on “Fate” where that small horn wafts
as smoothly as a chromatic harmonica. “Blakzilla” is a compositional
wonder that emerges from a small motivic cell (the opening notes recalling
the standard “Alone Together”); as the heat rises to the boiling
point, one can’t help but think of the Coltrane sweep, but it does
not reach out to the extremes of, say, Albert Ayler. Drummer Jeff “Tain”
Watts and bassist Eric Revis are powerful partners, the former especially
dominant in “Blakzilla.” (his own tune). The closer, “Black Elk
Speaks,” deals in a sprightly manner with both tempo and meter, stopping
and starting on a dime, with vigorous, potent statements at times broken
up by delicate, concise interjections. Named after a neighbourhood in
Durham, North Carolina, Marsalis’s home, Braggtown shows the
saxophonist in full maturity, in control of his instruments and with
plenty of imagination to fuel them. PS
Andrew Hill : Compulsion
Blue Note RVG Edition 0946 3 74230 2
8
HHHHHI
Bien qu’on ne puisse pas vraiment le
rattacher au free jazz, Andrew Hill fut assurément l’une des figures
les plus avant-gardistes du catalogue Blue Note des années 60. Son
sixième enregistrement pour le label, « Compulsion » est peut-être
celui qui se rapproche le plus des préoccupations de la New Thing
naissante. Aux côtés du pianiste, on retrouve Freddie Hubbard à la
trompette, le saxo ténor John Gilmore, Cecil McBee à la contrebasse
(à qui Richard Davis apporte son concours sur une pièce), et Joe Chambers
à la batterie. Cependant, c’est l’ajout de deux percussionnistes
(Nadi Qamar et Renaud Simmons) qui donne à cet album sa sonorité propre.
Loin d’exacerber les influences latines de Hill, ces derniers ajoutent
des fonds sonores qui permettent une plus grande déconstruction du
matériau thématique, lequel est rarement traité de façon conventionnelle,
un thème pouvant n’apparaître qu’au milieu d’une improvisation,
comme la pièce-titre, qui ouvre le disque. Hill lui-même s’y détache
quelque peu de sa manière habituelle, faisant régulièrement appel
à des grappes de notes (clusters), souvent dans le registre
grave de l’instrument, ce qui n’est pas sans rappeler, par moments,
Cecil Taylor ou Sun Ra. Après cette longue ouverture, la plus courte
Legacy est une conversation entre Hill, McBee et les percussionnistes.
Premonition, avec deux contrebassistes (Davis est à l’archet)
et Gilmore à la clarinette basse, devient une étude de sonorités
graves. Plus conventionnel quant à la forme, Limbo, avec un
rythme plus marqué et un exceptionnel solo de McBee, vient clore un
disque dont l’un des rares défauts est d’être trop bref. FAH
Dernière heure:
Nous apprenons avec regret le décès, le 20 avril dernier à 75 ans,
d’Andrew Hill. Cette chronique est offerte en guise d’hommage à
l’un des musiciens les plus originaux de la constellation du jazz.
New York News
› First, some good news. On
April 16, it was announced that alto saxophonist, composer and musical
maverick Ornette Coleman was awarded this year’s Pulitzer Prize
for music for his most recent recording. Entitled “Sound Grammar,”
this live performance of his current quartet with two bass players and
son, drummer Denardo, has received rave reviews since hitting the market.
Upon hearing the news, Mr Coleman said: “I’m in tears, and I’m
surprised and happy, and I’m glad I’m an American. And I’m glad
to be a human being who is part of making American qualities more eternal.”
But in these days when American values are not exactly the object of
praise, maybe there are some saving graces after all. Also included
in the announcement was the awarding of a special mention to fellow
visionary saxophonist John Coltrane for his life’s work, a belated
recognition 40 years after his death. Fortunately for Ornette, he at
least lived to see the day…
› Now the bad news. Just four
days before the previous announcement, one of the city’s bastions
of cutting-edge music, Tonic, closed its doors for good. Opened by John
Zorn in the mid-nineties (who has since moved on to start up another
venue, the Stone), this locale in the heart of downtown Manhattan had
been the hotspot for all of the city’s musical trendsetters, doubling
as one of the rare places that actually welcomed foreign (i.e. European)
groups on a semi-regular basis. Musicians gathered to demonstrate that
evening, while authorities were even called in to clear the place by
night’s end. This included the cuffing of guitarist Marc Ribot for
his refusal to leave. Citing a series of hefty rent increases as one
of the causes of its closure, the club’s owners simply could not go
on, sparking widespread concern in the artistic community that had relied
on Tonic as a safe haven for its music. But the end of Tonic is only
one in a series of recent closings of jazz dens in the city, signalling
possible tough times ahead for a musical community that is vital, yet
generally dismissed by the American cultural mainstream.
For more details, consult the Website
of saxophonist Ned Rothenberg : www.nedrothenberg.com.
› Comptez-vous faire un tour
dans la Grosse Pomme ce mois-ci? Le jazz et la musique actuelle de Montréal
y seront présents. En effet, le très entreprenant label québécois
Effendi a réussi à placer quelques-uns de ses groupes au Club Dizzy’s,
aménagé dans le complexe du Lincoln Center. Défileront sur les planches
de cette enseigne huppée le sextette du pianiste Yves Léveillée avec,
en invité spécial, le joueur d’anches Paul McCandless ainsi que
le Jazz Lab qui, lui, accueillera le ténor Donny McCaslin (le 7); deux
semaines plus tard, ce sera au tour de François Bourrassa (d’abord
en duo avec Michel Donato, suivi de son quartette, auquel s’ajoutera
l’altiste Dave Binney); la semaine suivante, la saxophoniste Christine
Jensen se produira avec son quartette ainsi que son illustre sœur Ingrid
à la trompette. Ailleurs en ville, l’ensemble Super-Musique, le « All-Stars »
de l’étiquette Ambiances magnétiques, se produira au Stone pendant
quatre soirs, soit du 25 au 27 ainsi que le 30. Après tant d’années
d’invasions new-yorkaises chez nous, il était temps que nos troupes
puissent faire un petit blitz là-bas. MC
Sylvie Courvoisier : Signs and Epigrams
Tzadik TZ8033
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Il y a de ces disques qui retiennent
l’attention pour leur programme musical, alors que d’autres suscitent
l’intérêt par les procédés employés. Voici un disque qui joue
sur les deux plans. Depuis son arrivée à New York en 1998, la pianiste
helvétique Sylvie Courvoisier a fait son bout de chemin sur la scène
des musiques créatives de cette métropole. Gravitant dans l’orbite
de John Zorn, cette dame signe ici son premier disque en solo sur le
label de ce saxophoniste-compositeur. On s’entendra d’abord pour
dire que le registre musical se situe à la limite du jazz, du moins
dans l’acception plus conventionnelle du genre, mais elle improvise
tout de même et cela suffit pour l’inclure dans cette section du
magazine. Par moments, elle utilise des préparations cagiennes (Des
signes et des songes), ailleurs, elle effleure le monde frénétique
d’un Cecil Taylor sans toutefois l’imiter (Epigram 2 et
Epigram 3), parfois, elle insinue un matériau tonal (tel une gamme
harmonique mineure en la bémol qui détermine la sombre ambiance
de la pièce d’ouverture Ricochet). Des dix morceaux qu’elle
signe ici, la finale Soliloquy clôt merveilleusement cet enregistrement
de 53 minutes, car elle nous y offre une synthèse dans laquelle aboutissent
tous les éléments de son art. Pour mieux en saisir les exigences,
ce disque appellera donc l’auditeur à une écoute attentive et répétée,
mais il en sera d’autant mieux récompensé pour ses efforts. Pour
les curieux, on recommande également une autre parution récente de
la pianiste, « Lonelyville » (sur étiquette suisse Intakt), une séance
en quintette avec violon, violoncelle, batterie et électronique. Dans
un cas comme dans l’autre, ces disques ne laissent aucun doute sur
le talent d’une artiste résolument engagée sur la piste du XXIe
siècle. Quatre étoiles et une bonne demie de plus. MC
Colin Vallon Trio: Ailleurs
hatOLOGY 636
HHHHII
Dans ce monde post-moderne, on ne comprend
pas toujours bien le jazz d'aujourd'hui et à cet égard la nouvelle
génération de musiciens se plaît à brouiller les pistes, comme c’est
le cas du trio de Colin Vallon. Il y a certes chez ce jeune pianiste
suisse de 27 ans, lauréat de plusieurs prix, un langage proche de celui
de Brad Mehldau (le spleen romantique du cycle élégiaque Songs),
mais il a trouvé un style personnel qui ne l’empêche pas de chercher
ailleurs ses propres émotions. La reprise de Brel notamment (Je
ne sais pas) est marquée d'un lyrisme pudique, mais les racines
musicales du pianiste passent aussi par les rythmes binaires du rock.
Les trois musiciens peaufinent ensemble une forme de trio aux enchaînements
de motifs imprévus, de recherche de timbres et de couleurs qui les
rendent par moments inclassables. Les écoutes nécessaires à une appréciation
détaillée des compositions de ce disque, une bonne moitié signées
par Vallon, dépassent à peine un certain degré d'abstraction et marquent
surtout une rupture avec l'idée que l'on se fait du développement
harmonique traditionnel du jazz. Pat Moret (contrebasse) et Samuel Rohrer
(batterie) apportent une collaboration palpable au pianiste (les trois
jouent depuis 1999) et atteignent ainsi une sorte d'excellence dans
la reprise des Cranberries (Zombie), ou dans les pièces minimalistes
pour piano préparé qui évoquent les étranges machines déréglées
du sculpteur Jean Tinguely. CC
Félix Stüssi: Give me Five
Autoproduction (www. Felixstussi.com)
HHHIII
Ce sympathique album propose une douzaine
de compositions originales qui nous propulsent dans l'univers de Félix
Stüssi, pianiste suisse établi au Québec depuis 1998. « Give me Five »,
sans doute dérivé du nom de son quintette, réunit deux saxophonistes,
Alex Côté et Bruno Lamarche, qui mettent leurs talents au service
d'une écriture précise laissant toutefois à chacun assez d'espace
pour improviser. La section rythmique est assurée par Clinton Ryder,
contrebasse et d’Isaiah Ceccarelli, batteur polyvalent d'une remarquable
musicalité. Aucun morceau n'est destiné à nous désorienter, mais
bien à nous maintenir dans un état permanent d'éveil, car cette belle
bande insuffle tout juste assez d’énergie au disque, les arrangements
bien ciselés relançant l’ensemble d'une plage à l'autre. Le leader
affirme sa virtuosité au piano sur Zoé Félicia, s'inspire
de Monk dans la bien nommée Seven to Twelve et le disque s'achève
sur une composition à trois temps bien marqués, Cap Bon Désir,
l’une de ses meilleures, dans laquelle le pianiste bouscule la valse
pour se lancer dans un film imaginaire et révéler des idées bien
tournées. Pas génial, mais un disque qui ne se laisse pas dédaigner.
CC
NDE: NDE
Effendi FND071
HHHHII
This side marks the recording debut of
four newcomers from the town of Sherbrooke, winners of the 2006 Jazz
en Rafale music competition in Montreal. Their original material, competently
crafted, is delivered with confidence and played with precision by a
cohesive ensemble. Tenor player Yannick Massé’s post Wayne Shorter
sound is on the dry side, with distant echoes of Chris Potter and Branford
Marsalis. The rhythm trio of pianist Sébastien Beaulieu, bassist Jonathan-Guillaume
Boudreau and drummer Jonathan Gagné, functions as a well-oiled unit
that weaves itself within the tenorman’s punctuations and melodic
fragments. Thankfully, one hears no bop clichés, although there are
allusions to standards throughout, mostly in the soloing, as in the
piano quote from “Old Man River” in “Ode” and the opening motif
from “Summertime” in “Tite-Molle.” “Beauté Foetal”, on
the other hand, has a techno-like propulsion to it with a saw-toothed
keening melody that recalls Michael Brecker. “Cracovia,” in contrast,
is a light Jazz waltz that Oliver Jones might go for, but with the twist
of a half-whole tone scale. The untitled 8th track makes good use of
tempo shifting à la Mingus. “Gaar,” for its part, is a subtle
rubato blues that features some Bill Evans-esque and Monkish piano,
rounded off by a Coltrane-styled tenor soaring through it all. By and
large, the playing is not derivative, and the listener is treated to
lots of nuance. “NDE,” by the way, stands for Near Death Experience
(a fact made clear on the group’s web site). While they do play it
on the safe side, these four promising twenty-something players still
manage to hold their own. PS
Le mois prochain dans la Scena
En juin, l’équipe-jazz proposera ses
choix de concerts parmi nos trois festivals montréalais, le FIJM évidemment,
mais aussi le Suoni per il Popolo et le Off Festival de Jazz. Côté
disques, nous présenterons, entre autres, quatre nouveautés de la
maison ECM, deux d’entre eux par des ensembles inscrits au programme
du grand festival. Écoutes à suivre...
En périphérie... du jazz
Réjean Beaucage
Dans une de ces extrapolations
dont seul était capable son esprit pataphysique, Boris Vian a déjà
écrit du jazz qu’il serait le « monde qui s’étend entre la solitude
et les oignons ». Une définition qui en vaut une autre, s’agissant
en effet d’un vaste domaine dont les artisans cherchent constamment
à repousser les frontières, aussi floues soient-elles. Depuis sa naissance
aux États-Unis au début du XXe siècle, le jazz n’a eu de cesse
de se réinventer et de se redéfinir.
Du ragtime au bebop
et du swing au free jazz, puis à l’acid jazz,
il y a clairement des distances colossales. Et le jazz n’a pas peur,
lui, des métissages ; il se frotte déjà à la musique classique chez
Stravinski (dès Histoire du soldat, en 1918), puis chez Gershwin,
Ravel, Bernstein et bien d’autres encore. À la fin des années 60,
il avale le rock’n’roll pour se faire jazz rock. C’est
chez Frank Zappa que ça se passe, en 1969, avec l’album « Hot Rats
», avant que Miles Davis en fasse autant sur « Bitches Brew », en
1970. Zappa aura une relation amour-haine avec le jazz (« Jazz is not
dead, it just smells funny... » dit-il dans le Be-Bop Tango),
mais il s’entourera fréquemment de virtuoses du genre, et récoltera
tout de même un Grammy avec son « Jazz From Hell ». Aujourd’hui,
le jazz s’habille de couleurs technos chez Nicolas Repac (album «
Swing Swing », paru en 2004 chez Universal) ou chez Matthew Herbert
(dans « Score », par exemple, où il compose pour son propre big
band – 2006, Accidental), entre de nombreux autres. Et il est
plus libre que jamais dans les nouvelles « musiques créatives » de
William Parker, Anthony Braxton, John Zorn, et autres empêcheurs de
tourner en rond des musiques actuelles. Voici quelques titres récents
qui méritent particulièrement d’être signalés.
dZihan & Kamien
: Fakes
Couch Records, CR 203 22 (2005)
Voici un drôle d’objet qui montre
bien le niveau d’éclectisme dont sont capables certains artistes
(ou celui qu’ils prêtent à leurs auditeurs). Le duo est formé d’un
pianiste originaire d’ex-Yougoslavie, Vlado Dzihan, et d’un guitariste
suisse, Mario Kamien. Ensemble, ils se livrent sur le premier disque
de cet album double à des remixes d’enregistrements originaux de
Billie Holiday, de Serge Gainsbourg ou de Nitin Sawhney, tandis que
le deuxième disque nous présente leur musique originale interprétée
sans artifices électroniques par The Brut Imperial Quintet (trompette,
sax, piano, contrebasse et batterie), dans un style de jazz assez standard,
mais bien senti, et qui laisse place à de belles improvisations.
McGill Manring Stevens
: What We Do
Free Electric Sound, FES4005 (2006)
Autre album double qui propose d’autres
classiques revisités et d’autres œuvres originales interprétées
par trois virtuoses : Scott McGill (guitares), Michael Manring (basses)
et Vic Stevens (batterie). Le premier disque présente des œuvres de
Wayne Shorter, Miles Davis, Scott LaFaro, John Coltrane, Sonny Rollins
et d’autres, réinventées pas un trio électrique qui a entendu Weather
Report ou Return to Forever. La seconde plaquette fait entendre le trio
en concert dans un répertoire original qui pousse la virtuosité dans
ses derniers retranchements, comme c’est souvent le cas dans le jazz-rock.
Flat Earth Society
: Psycho Scout
Crammed Discs, CRAM 128 (2006)
Voici l’un des big bands les
plus intéressants que l’on ait entendu récemment. Les œuvres que
compose pour cet ensemble de 14 musiciens le clarinettiste Peter Vermeersch
vont dans toutes les directions, de la musique d’ensemble cool
accompagnant une ligne mélodique jouée au vibraphone et fleurant bon
le film italien des années 70, jusqu’aux improvisations parfaitement
débridées, en passant par le solo de guitare électrique sur fond
bien bluesy et la fanfare déjantée. Tout ça transmis dans
une sonorité parfaite, l’acoustique et l’électrique se mêlant
superbement. Du grand art. À noter : En concert au FIJM, jeudi le 28
juin à 21 h.
Hornweb
: The Rosemary Songbook
Discus Records, 28CD (2006)
Quatrième disque pour cet ensemble à
géométrie variable dont le noyau se compose des multi-instrumentistes
Derek Shaw (trompette, tuba, saxophones) et Martin Archer. Ce dernier
est aussi le fondateur de cette étiquette et on retrouve cet improvisateur
pour le moins versatile sur chacune des productions de Discus, aux saxophones,
aux clarinettes, aux électroniques, etc. Ici, le duo est augmenté
par la présence de Charlie Collins aux percussions. Le résultat pourrait
difficilement être qualifié de « jazz », pourtant, à cause de l’instrumentation,
sans doute, mais aussi d’une certaine rythmique dans le souffle, et
de l’extrême liberté que s’accordent les musiciens, le jazz est
bien là, et les 25 courtes pièces qui constituent ce recueil en sont
autant de nouvelles facettes.
The Mahavishnu Project
:
Return to th Emerald Beyond
Cuneiform Records, Rune242/243 (2007)
Le Mahavishnu Orchestra (1971/1976 –
1984/1986) du guitariste et compositeur John McLaughlin a été l’une
des formations les plus avant-gardistes en matière de jazz-rock en
proposant un alliage musical nouveau dans lequel la virtuosité extrême
de chacun des musiciens était mise au service d’œuvres dont l’intensité
atteignait des niveaux peu communs. Le Mahavishnu Project, réunit autour
du percussionniste Gregg Bendian, interprète avec brio la musique de
McLaughlin et de ses compères. Le projet particulier du groupe consiste
à offrir en concert l’intégrale d’un disque donné du MO, dans
ce cas-ci « Visions of the Emerald Beyond » (1974). Les œuvres servent
alors de bases à des improvisations étourdissantes, mais qui respectent
parfaitement l’esprit des compositions originales. Une très grande
réussite.
Graham Collier’s Hoarded Dreams
Cuneiform Records, Rune 252 (2007)
Avec le compositeur et contrebassiste
britannique Graham Collier, on n’est plus en périphérie du jazz
; on a bel et bien les deux pieds dedans. Cependant, il s’agit d’un
jazz si particulier que Collier a choisi de mettre le terme en italique
dans le nom de son plus récent ensemble (The Jazz Ensemble).
Hoarded Dreams est une œuvre de 70 minutes interprétée par 19
musiciens (parmi lesquels le saxophoniste John Surman et le trompettiste
Kenny Wheeler) sous la direction du compositeur. L’œuvre est traversée
par les improvisations des musiciens, mais elle est aussi soutenue par
une structure solide. Enregistrée au Bracknell Jazz Festival en 1983,
l’œuvre est enfin disponible en CD. Du big band comme on en
entend rarement. |
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