Critiques/Reviews
May 30, 2007
Politique de critique : Nous présentons
ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons
pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique
ne présume en rien de la qualité de celles-ci. Vous trouverez des
critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.
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more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.
HHHHHH indispensable / a must!
HHHHHI excellent / excellent
HHHHII très bon / very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable
/ so-so
HIIIII mauvais / mediocre
$ <
10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques / Reviewers
FC Frédéric
Cardin
IP Isabelle
Picard
JKS Joseph
K So
PG Philippe
Gervais
RB Réjean
Beaucage
RLR Réal
La Rochelle
Disque du mois
Shostakovich
Violin Concertos
Sergey Khachatryan, violon ; Orchestre
National de France / Kurt Masur
Naïve, V 5025 (70 min)
HHHHHH
$$$
L’Arménien Sergey Khachatryan est
la jeune (22 ans !) sensation violonistique de l’heure. Son style
robuste, ses élans pleins d’une sauvagerie savamment contrôlée,
son excellente technique, son discours constamment tourné vers la clarté
et la limpidité, en font effectivement l’un des héritiers les plus
prometteurs de la grande école russe du violon. Le jeune violoniste
s’attaque ici à un monument de la musique pour son instrument, le
Premier Concerto de Shostakovich. Malgré sa verdeur, Khachatryan
fait preuve d’un tempérament d’une surprenante maturité. Il fait
ressortir l’intense et tragique beauté de ce chef-d’œuvre intemporel
en construisant un édifice expressif dépouillé d’affects superflus,
mais surprenant par son dégagement de puissance émotive. Le résultat
est poignant. Le Deuxième Concerto de Shostakovich est moins
souvent programmé, et la combinaison des deux œuvres sur un seul disque,
plutôt rare. C’est donc une raison supplémentaire d’applaudir
cette production, qui nous offre une lecture intense de cet opus négligé.
La communication entre Khachatryan et l’orchestre semble parfaite.
Écoutez bien le dialogue entre le soliste et les cuivres au tout début
du troisième mouvement du Deuxième Concerto : ce n’est certes
pas un dialogue de sourds ! Kurt Masur dessine un canevas qui équilibre
subtilement les doses de ténèbres et de lumière. Bravo !
Frédéric
Cardin
Musique vocale
Bach
Cantates pour Marie
Herz und Mund und Tat und Leben BWV 147,
Ich habe genug BWV 82, Wie schön leuchtet der Morgenstern BWV 1
Monika Mauch, soprano ; Matthew White,
contre-ténor ; Charles Daniels, ténor ; Stephan MacLeod, basse
Atma, SACD2 2402 (71 min)
HHHHII
$$$
Voici le troisième volume de l’intégrale
des cantates de Bach que fait paraître Atma en collaboration avec le
festival Montréal Baroque. Les intégrales des cantates se font de
plus en plus nombreuses, mais il semble pour l’instant que celle d’Atma
sera la seule disponible au format SACD hybride. Montréal Baroque fait
le choix d’interpréter les chorals à une voix soliste par partie,
choix qui passe très bien au disque (mais qui, en salle, demande des
conditions acoustiques exceptionnelles). Il faut dire que ces solistes
sont excellents. Les passages virtuoses demeurent clairs et nets (Charles
Daniels dans son air de la cantate BWV 147), les passages plus méditatifs
sont à la fois sobres et empreints de profondeur (Stephan MacLeod dans
la cantate BWV 82). Les instrumentistes sont de la même qualité. Impossible
de passer sous silence le travail de la trompette (cantate BWV 147),
des hautbois ( BWV 82) et des cors (BWV 1).
Isabelle
Picard
Handel
Floridante
Il Complesso Barocco, Alan Curtis
Archiv, 00289 477 6566 (3cd, 164 min)
HHHHHI
$$$$
Tout à la joie de découvrir les opéras
de Vivaldi, on aurait tort de sous-estimer les trésors que réserve
encore Handel, dont plusieurs grandes oeuvres lyriques demeurent peu
connues et mal servies. Ce Floridante, par exemple, quasi absent
du catalogue, méritait de revivre : c’est enfin chose faite, grâce
à un savant travail musicologique qui a permis d’établir, à partir
des quatre versions existantes, une partition « idéale » qui se rapproche
au mieux, assure-t-on, des intentions premières du compositeur. Maintes
beautés nous attendent en effet ici, dont deux duos d’amour, le premier
tendre et tragique (Ah! Mia cara! / Ah! Mio caro!), le
second en demi-teinte, accompagné de cors. Alan Curtis, à qui on a
reproché souvent sa tiédeur dans ce répertoire, parvient cette fois
à convaincre et à charmer. L’orchestre plaît d’entrée de jeu
par sa sonorité ample, et les chanteurs, parmi lesquels se retrouvent
deux basses (comme dans Giulio Cesare), sont quasi irréprochables.
Seule Marijana Mijanovic, dans le rôle titre, déçoit par moments
: la voix est belle, et même émouvante (voyez son magnifique lamento,
au 3e acte), mais la chanteuse paraît quelquefois guindée
et même fâchée avec la justesse. Ce coffret n’en demeure pas moins
une des plus belles réussites de Curtis, et une contribution majeure
à la discographie des opéras de Handel. Philippe Gervais
Harbison
North and South; Six American Painters;
The Three Wise Men (from Christmas Vespers); Book of Hours and Seasons;
Goethe Settings.
Lorraine Hunt Lieberson, mezzo-soprano;
Emily Lodine, mezzo-soprano; The Chicago Chamber Musicians
Naxos, 8.559188 (66 min)
HHHHII
$
John Harbison est un compositeur états-unien
né en 1938. Il fait partie de cette catégorie de compositeurs des
États-Unis qui se situe quelque part entre le modernisme sans compromis
(des Carter ou Babbitt par exemple) et le populisme néo-romantique.
Son langage est certes teinté de dissonances, mais son discours est
fait de phrases mélodiques où le jazz vient rendre compte de sa préoccupation
à rester près des racines émotives et dialectiques de ses compatriotes
(son North and South comprend deux Ballad for Billie,
en l’honneur de Billie Holiday, bien sûr). Six American Painters
est un hommage néo-impressionniste à l’univers pictural de six peintres
états-uniens. The Three Wise Men est une fantaisie pour
quintette de cuivres et narrateur sur le thème de la Nativité. Les
riches harmonies ont quelque chose d’à la fois moderne et médiéval.
Book of Hours and Seasons est une œuvre plus austère, résolument
plus « contemporaine » que les autres sur ce disque, mais aussi très
belle dans le curieux mélange d’expressionnisme et de mystère qui
s’en dégage. Lorraine Hunt Lieberson est une excellente mezzo qui
nous quitta, malheureusement, en 2006, à l’âge de 52 ans. Trop tôt,
car il s’agit d’une artiste sensible et raffinée. Bonne prise de
son, et performances instrumentales de haut niveau. FC
Krasa
Brundibar
Maureen McKay, soprano ; Laura DeLuca,
clarinette ; Craig Sheppard, piano; Music of Remembrance & Northwest
Boychoir / Gerard Schwarz
Naxos, 8.570119 (53 min)
HHHHHI
$
Hans Krasa (1899-1944) était juif. Il
fut assassiné à Auschwitz le 16 octobre 1944. Avant de rejoindre tant
de ses compatriotes, il a composé un opéra pour enfants dans le camp
« modèle » de Terezin (les Nazis permettaient aux détenus de ce
camp de jouer de la musique, et d’avoir un minimum de « vie
sociale ». Il s’agissait en fait d’une mascarade pour tromper les
Occidentaux sur les conditions réelles de détention). Il s’agit
d’une œuvre pleine de symboles, et surtout d’espoir. On y raconte
l’histoire d’enfants et d’animaux qui s’unissent pour combattre
la tyrannie d’un méchant musicien. Il est bouleversant de penser
à tous ces enfants qui interprétèrent cette fable humaniste, la plupart
du temps la veille de leur exécution. Il y eut 55 représentations
au total. Presque toujours avec une nouvelle distribution… La musique
est tonale et mélodique, mais dans un mode sarcastique, et laisse place
à une dissonance raisonnable ainsi qu’à certains éléments « jazzy
» que l’on retrouvait dans la musique populaire des années 30-40.
La particularité de cette version est qu’elle est en anglais. Bien
que je trouve plus poignante la version originale, celle-ci permettra
aux enfants anglo-saxons de se familiariser avec un témoignage humain
important du xxe siècle. FC
Mouzakitis
Refraction
Maria Diamantis, soprano ; Dimitris Ilias,
ténor ; Sofia Petridi, piano ; National Conservatory of Peristeri Symphonic
Ensemble
Chroma Musika, K120 (43 min)
HHIIII
Sous-titré “12 Songs for small
symphonic ensemble, piano and voice”, cet opus d’un compositeur
grec contemporain qui m’est totalement inconnu s’inscrit dans la
veine populaire des mélodies composées par Mikis Theodorakis. Si les
réalisations de Hrysanthos T. Mouzakitis qui nous sont présentées
ici sont assez jolies, et plutôt évocatrices de cette mélancolie
typique de la péninsule grecque, elles n’ont certainement pas la
portée ni l’impact émotif de celles de Theodorakis. Les musiciens
sont adéquats, mais les deux chanteurs révèlent ici et là des faiblesses
techniques, telles qu’un manque de soutien ou encore une certaine
fragilité vocale dans les registres plus extrêmes. Le vrai problème,
cependant, c’est l’enregistrement. L’équilibre entre les voix
et les instruments est totalement déphasé en faveur des premières.
De plus, le piano et l’orchestre donnent l’impression d’être
en aluminium tellement la dynamique sonore est mince et artificielle
! Il y a même un passage où le piano oscille si fort que l’on se
demande si un petit comique ne s’est pas amusé à « flipper » de
haut en bas le bouton de la console… Sans être un chef-d’œuvre,
cette agréable musique méritait quand même mieux. FC
Landscape and Time
King’s Singers
Signum Classics SIGCD 090 (68 min)
HHHHHI
$$$$
Un disque qui se situe hors du temps
et de l’espace. Tout l’album baigne dans une atmosphère de doux
mysticisme et de recueillement. Les œuvres proposées sont presque
toutes contemporaines. The Seasons of his Mercies de Richard
Rodney Bennett est un paysage délicat inspiré de textes anglicans.
La très pärtienne Remembered Love de Jackson Hill fait usage
du langage intemporel du compositeur estonien, ainsi que de certaines
intonations orientales, pour mieux illustrer deux poèmes japonais du
xviie siècle qui traitent d’un amour perdu. Scenes
in America Deserta de John McCabe est une fascinante évocation
du désert. House of Winter de Peter Maxwell Davies arrête le
temps pour contempler, entre autres choses, un flocon et un oiseau.
Cyrillus Kreek (1899-1962) est l’un des trois seuls « anciens »
sur ce disque (avec Kodaly et Sibelius). Ses Taaveti Laulud sont
inspirées des Psaumes de David et du folklore estonien. Rakastava
de Sibelius sent bon les racines du terroir finlandais, et son austère
beauté plaira immédiatement aux amoureux de son plus digne représentant.
Esti Dal de Kodaly est la prière d’un soldat qui souhaite
vivre une nuit de plus. Poignant. Les King’s Singers sont parfaits,
tout simplement. Un disque magnifique. Rien de moins. FC
Operatic Arias
Hao Jiang Tian, basse ; Slovak Radio
Symphony Orchestra / Alexander Rahbari
Naxos, 8.557442 (59 min)
HHHIII
$
Hao Jiang Tian est -pour l’instant-
l’un des rares chanteurs d’opéra chinois à faire carrière dans
le circuit mondial. Sa basse est plutôt agréable, riche et profonde,
avec une belle et assez large tessiture. Il s’attaque ici à du répertoire
éprouvé par des pointures majeures telles que Ghiaurov, Chaliapin,
Ramey, pour ne nommer que ceux-là. Malheureusement, la comparaison
ne tient pas la route beaucoup plus longtemps. M. Hao demeure collé
dans un espace qui s’étend entre le mezzo et le double forte. Ce
manque de dynamique entraîne un sentiment d’uniformité qui nuit
à l’expression dramatique nécessaire à l’épanouissement du plein
potentiel expressif des rôles assumés. Ce n’est certainement pas
l’effet envisagé par les compositeurs représentés ici (Verdi, Tchaïkovsky,
Rossini, Bellini et Gounod) ! Le résultat est un disque d’airs plutôt
bien chantés (techniquement), mais qui manquent de drame et d’intensité.
Banquo, Roger, le Roi Philippe, Gremin, Rodolpho et Méphistophélès
ont l’air de personnages de musée de cire, presque vivants en apparence,
mais curieusement immobiles. Le potentiel est là, mais un travail d’expressivité
reste à faire. FC
The Marriage of Heaven and Hell
Motets and Songs from 13th
Century France
Christopher Page, Gothic Voices
Helios CDH55273 (46 min. 26 s)
HHHHHI
$$
Voici une réédition économique d’un
magnifique disque sorti en 1990. Les Gothic Voices sont à leur meilleur
dans ce répertoire dont ils ont fait une spécialité. Il y a ici des
motets en latin et en français, ainsi que des chansons de trouvères.
Le remarquable avant-gardisme de ces œuvres est encore bien perceptible
aujourd’hui, même après 800 ans ! Ces motets, rappelons-le, introduisirent
les premières manifestations de disparités rythmiques entre les différentes
voix d’un chant, posant ainsi les premiers jalons d’une plus grande
complexité musicale promise à un bel avenir. La perfection absolue
de l’équilibre entre les parties vocales (admirablement rendue par
les Gothic Voices) est moderne à un point tel que plusieurs
de nos contemporains pourraient trouver cette musique « étonnante
», voire « bizarre ». Un livret explicatif très informatif accompagne
cette production impeccable. Si vous voulez vous familiariser avec une
période d’expérimentation musicale qui creusa les premières fondations
de l’édifice polyphonique occidental, vous pourrez difficilement
trouver mieux. FC
Carmen Unzipped
An album of musical theatre, cabaret,
opera and jazz classics
Jean Stilwell, mezzo-soprano, Patti Loach,
piano
www.jeanstilwell.com/cabaret
HHHHII
Jean Stilwell has been re-inventing herself
the last few years, from that of a classical singer to someone at home
in the world of musical theatre, cabaret and jazz. The transformation
has been gradual – at a concert a few short years ago, I recall thinking
how wonderful her Kurt Weill was, amidst a program of classical pieces.
Part of her artistic evolution involved a remarkable physical transformation
– her newly edgy and ‘punk’ look is a far cry from opera divadom.
The album cover of Carmen Unzipped
is telling – it shows her mid torso, with arms crossed and multi-coloured
tattoos in full display. The fifteen songs on the disc showcase her
current strengths, combining idiomatic vocalism, musical intelligence,
well-honed dramatic instinct, great attention to textual meaning, and
an emotional honesty that comes across the footlight. The songs are
of a bittersweet variety – some humorous, others wistful and sad,
always delivered with Stilwell’s unique personal stamp. Particularly
enjoyable are “Taylor the Latté Boy”, “Apathetic Man”, and
“I was telling him about you”. Also noteworthy is “Falling in
love Again” – Marlene Dietrich’s theme song, here given the full
diva treatment, and well supported by Peter Tiefenbach (piano), David
Bourque (clarinet) and John Loach (trumpet). The singer is less happy
in Habanera and Kurt Weill’s “I’m a Stranger Here Myself”,
marred by unsteadiness and flatness in the highest reaches. Patti Loach
is a sympathetic partner on the piano, which sounds electronically enhanced.
This will be a welcome release for the many admirers of the Canadian
mezzo. Joseph K. So
Musique instrumentale
Graupner
Partitas, vol. 6
Geneviève Soly, clavecin
Analekta, 2 9119 (69 min)
HHHHHI
$$$
Naguère inconnue, l’oeuvre pour clavecin
de Christoph Graupner, au fil des disques que lui a consacrés Geneviève
Soly, nous devient peu à peu familière, voire indispensable. À l’écoute
de ce sixième volume (un septième viendra), on retrouve ce langage
à la fois savoureux et savant qui nous avait séduit d’emblée chez
le maître de Darmstadt. Ainsi, voyez le charme mélodique de l’air
en sarabande qui ouvre cet enregistrement, ou, mieux encore, l’extraordinaire
volubilité des courantes, qui ont peu à envier à Handel, ou même
à Bach. Impétueuse lorsqu’il le faut, Geneviève Soly aime avant
tout faire chanter son clavecin, conversant aimablement et librement
avec nous, dans l’esprit des Lumières. Par leur relative simplicité,
quelques pièces tenteront sûrement les musiciens amateurs, comme cette
espiègle polonaise, écrite par un Graupner de 70 ans, et qui ne déparerait
pas le Petit Livre d’Anna Magdalena
Bach. Aussi se réjouit-on d’apprendre qu’un nécessaire travail
d’édition viendra bientôt compléter l’enregistrement de ces musiques. PG
Appassionato
Yo-Yo Ma, violoncelle
Artistes variés
Sony Classical, 88697-02668-2 (65 min)
HHHIII
$$$
Devant cette énième compilation dédiée
à la gloire du violoncelliste touche-à-tout qu’est le sino-américain
Yo-Yo Ma, je suis tenté d’accorder une mauvaise note pour sanctionner
ce marchandage intempestif, et franchement redondant, d’une carrière
musicale marquée par un va-et-vient entre des styles musicaux aussi
disparates qu’éclatés. L’ironie, c’est que peu importe ce que
Yo-Yo Ma joue (que ce soit du Vivaldi, du tango, de la musique traditionnelle
japonaise, du Gershwin, ou du Mendelssohn), il le fait avec un débordement
d’affect et de vibrato qui finit par faire en sorte que toutes ces
musiques si différentes se ressemblent. Un disque comme celui-ci met
en évidence ce fâcheux défaut. Dans la carrière de cet artiste,
il reste quelques perles, bien sûr : le premier disque baroque avec
Ton Koopman, ses albums du Silk Road Project, ou encore son projet Bach
multimédia, ainsi que plusieurs de ses premiers enregistrements, marqués
par une fraîcheur réjouissante. Ce disque pourra peut-être vous offrir
de minuscules échos de cette qualité musicale, mais c’est loin d’être
suffisant pour en faire la recommandation. FC
Harp Voyage
Lizary Rodriguez Rios, harpe
Libre Productions (59 min)
HHHHII
Comme le souligne le titre, ce disque
est un voyage. Un voyage temporel surtout, qui nous amène de Bach à
Wanda Barreto (née en 1983), en passant par Spohr, Glinka, Pierné
et quelques compositeurs espagnols peu ou pas connus. La jeune et jolie
Lizary Rodriguez Rios, dont le sourire radieux orne la pochette du disque,
possède un bonne technique, et ne se laisse manifestement pas impressionner
par certains passages plus redoutables. Le répertoire choisi, varié
et à première vue décousu, fait la part belle aux pièces à tendance
impressionniste et imagiste, sans s’y limiter, heureusement. La musicalité
est parfois générique, teintée d’effets prévisibles, mais dans
l’ensemble, il s’agit d’une belle excursion avec un instrument
qui peut difficilement être « désagréable ». La prise de son est
cependant un peu trop réverbérante, ce qui constitue un problème
avec la harpe : on y perd en définition des détails. FC
Rachmaninov
Symphonic Dances, Suites Nos. 1 &
2
Peter Donohoe, piano ; Martin Roscoe,
piano
Naxos, 8.557062 (77 min)
HHHHII
$
Les deux Suites pour deux pianos
de Rachmaninov sont des documents d’une grande originalité, mais
également d’une beauté largement sous-estimée. La première,
Fantaisie-tableaux, op.5, révèle l’influence de Chopin, de Liszt
et de Tchaïkovski. Elle est remplie de mélodies accrocheuses dignes
des plus belles pages de ces compositeurs. Dommage qu’on ne l’entende
pas plus souvent. La Deuxième suite, op.17, est contemporaine
du Concerto pour piano no 2,
mais ne possède pas le même souffle mélodique. Les différentes parties
sont plus épisodiques, rassemblant une marche, une valse, une romance
et une tarentelle. L’ensemble est plus décousu, bien qu’agréable
à entendre. Les Danses symphoniques constituent une symphonie
qui ne se nomme pas, et qui est l’une des œuvres majeures de la maturité
du compositeur (et sa dernière). La transcription pour deux pianos
est à la hauteur de la partition originale. Les deux pianistes en présence
sont d’excellents musiciens. Leur collaboration, bien qu’elle ne
soit pas transcendante, est adéquate et plutôt satisfaisante dans
l’ensemble. On aurait cependant souhaité une plus grande limpidité
dans la définition des voix. FC
Pichl
Symphonies
Toronto Chamber Orchestra / Kevin Mallon
Naxos, 8.557761 (73 min)
HHHHHI
$
Voici une autre « excavation » réussie
de Kevin Mallon et ses Torontois. Wenzel Pichl, bien que fort respecté
en son temps, et même interprété par Haydn lui-même à Esterhaza,
est aujourd’hui bien oublié. À l’instar des ses contemporains,
Pichl était féru de culture antique. Les quatre symphonies regroupées
ici sont toutes nommées en l’honneur de figures féminines de la
mythologie grecque (Calliope, Melpomène, Clio et Diane). Construites
avec soin, elles rendent compte d’un talent pour la mélodie, et d’un
esprit soucieux d’une rigueur structurelle qui laisse tout de même
place à une certaine fantaisie. Ces œuvres sont de dignes représentantes
du meilleur de l’école de Mannheim. Kevin Mallon dirige un ensemble
d’instruments modernes sensible à l’esthétique baroque, et à
l’interprétation « authentique ». Beaucoup de verve, d’énergie
et d’enthousiasme, ainsi qu’un équilibre d’ensemble rodé au
quart de tour, font de ce disque un achat chaudement recommandé. FC
Britten : Phantasy Quartet op. 2 ;
String Quartet No.3, op.94 ;
Bliss : Quintet for Oboe and String
Quartet
Alex Klein, hautbois
Vermeer Quartet
Cedille, CDR 90000 093 (62 min)
HHHHHI
$$$
Britten écrivit son Phantasy Quartet
pour hautbois et cordes à 19 ans. Cependant, le jeune Benjamin manifeste
déjà une maturité musicale étonnante. L’écriture est d’une
grande sophistication pour un artiste à peine sorti de l’adolescence.
Essentiellement un thème avec variations de type improvisé, cette
œuvre est remplie de savants contrastes entre le caractère ondoyant
du hautbois, et l’énergie incisive des cordes. Alex Klein possède
un timbre rond et velouté, et sa technique est sans faute. Le Quatuor
no.3 est l’un des accomplissements les plus aboutis de Britten.
Composé après une opération cardiaque en 1975, c’est une œuvre
qui regarde à la fois vers l’avenir (la mort !), mais aussi vers
le passé, en guise de récapitulation. Britten se fait des clins d’oeil
à lui-même (avec des allusions à son opéra Mort à Venise),
autant qu’à Beethoven, Shostakovich et Bartok. Arthur Bliss (1891-1975)
est un contemporain de Britten et partage un univers musical assez semblable,
enveloppé dans une tonalité élargie, mais toujours centrée sur l’expression
émotionnelle et la beauté des textures. Son quatuor est romantique
et austère, pastoral et moderne, tendre et bouillonnant à la fois.
L’enregistrement Cedille est magnifique, naturel, chaleureux et vibrant.
Bravo ! FC
Musique contemporaine
Bernier / Poulin-Denis
Étude no
3 pour cordes et poulies
Ekumen, 006 (45 min)
HHHIII $$$
Composée pour une chorégraphie de Ginette
Laurin (compagnie O Vertigo), l’Étude no
3 pour cordes et poulies de Nicolas Bernier et Jacques Poulin-Denis
se présente comme une suite de 10 courtes pièces électroacoustiques.
Comme les auteurs n’ont pas cru bon de joindre la moindre information
sur la musique, il ne nous reste que nos oreilles pour en juger. Manifestement
faite de sons échantillonnés de provenances diverses, la musique rappelle
par moments la vastitude des ambiances fabriquées d’un Luc Ferrari,
auxquelles se mêlent ici ou là des bribes de musique instrumentale,
le tout baignant presque de bout en bout dans un ballet de grincements
(les cordes et les poulies, sans doute) qui donne l’impression d’être
sur un immense navire en perdition. Quelques pièces, en particulier
Cor, s’abandonnent au diktat du rythme électro, ce qui,
il est vrai, rappelle que l’on est quand même dans une musique composée
pour la danse.
Réjean
Beaucage
Cage
Imaginary Landscapes
Maelstrom Percussion Ensemble / Jan Williams
hat[now]ART, 145 (51 min)
HHHHII
$$$$
La série Imaginary Landscape
de John Cage constitue une excellente source de renouvellement de l’imaginaire
et, à la limite, on pourrait dire de chacune des pièces qui la composent
(No. 1, 1939 ; No. 2 et No. 3, 1942 ; No. 4,
1951 ; No. 5, 1952) que ce sont autant, sinon davantage, des
œuvres poétiques, plutôt que musicales. Ces œuvres comptent parmi
les premières à avoir utilisé l’électricité et, très certainement,
la toute première utilisation de la table tournante comme instrument
de musique. Les percussions utilisées dans les deuxième et troisième
rappellent le travail de Cage avec le piano préparé, mais dès la
quatrième, c’est le John Cage résolument non-interventionniste qui
apparaît : en donnant à ses interprètes des postes de radio à manipuler
(selon, il est vrai, des indications très précises), le compositeur
n’a plus aucun contrôle sur les sons qui sont produits ! La cinquième
pièce de la série est composée « for any 42 recordings ». Les 42
courts extraits choisis doivent ensuite être montés sur bande l’un
après l’autre. Peter Pfister, qui a réalisé le collage entendu
ici, a choisi 42 extraits d’enregistrements d’Anthony Braxton paru
chez... hatART ! La série des Landscapes est complétée par
une œuvre de 1985, dont le titre compte 43 mots... Résumons-le par
But what about the noise ? Il s’agit d’une pièce de 26 minutes
pour ensemble de percussions dont le thème est inspiré par l’œuvre
de Jean Arp (qui, dès l’époque de Dada, incorporait dans ses
productions des éléments de hasard). Loin de l’anarchie qui règne
sur les paysages imaginaires de Cage, cette dernière pièce est un
petit oasis qui favorise grandement la méditation. RB
Glass
Music in the Shape of a Square / 600
Lines
Alter Ego
Orange Mountain Music, 0034 (77 min +
60 min)
HHHHII $$$$
Music with Changing Parts
Icebreaker
Orange Mountain Music, 0035 (50 min)
HHHHHI $$$$
Voici deux disques qui nous permettent
d’entendre certaines œuvres de jeunesse de Philip Glass. L’ensemble
italien Alter Ego (8 musiciens) présente les œuvres les plus anciennes
: 600 Lines et How Now, toutes deux de 1968 et enregistrées
ici pour la première fois, Music in Similar Motion (1969),
Music in Contrary Motion (1969) Strung Out, pour violon amplifié
(1967), Piece in the Shape of a Square, pour deux flûtes (1968)
et Gradus, pour clarinette basse, ces deux dernières également
enregistrées pour la première fois. 600 Lines et How Now
furent les premières pièces composées pour le Philip Glass Ensemble
(PGE) et elles étaient ni plus ni moins que des exercices visant à
ce que les musiciens de l’Ensemble acquièrent la dextérité et les
réflexes nécessaires pour jouer la musique de Glass. 600 Lines,
particulièrement, reste une pièce que tout bon ensemble de musique
contemporaine devrait répéter, mais ces 40 minutes d’une musique
qui ressemble à s’y méprendre à un disque resté accroché finissent
par devenir étourdissantes ! Les Britanniques de Icebreaker (13 musiciens)
offrent quant à eux une œuvre qui date de 1970 et n’a été enregistrée
que par les sept musiciens du PGE en 1971. Cette nouvelle version est
plus luxuriante, à cause du nombre de musiciens qui rend la texture
harmonique plus intéressante. Les mélomanes qui se demandent de quoi
il s’agit lorsqu’il est question de « musique répétitive » seront
bien avisés de commencer par ici ; c’est le b-a-ba du genre. RB
Ligeti
Complete Piano Music
Frederik Ullén, piano
BIS, CD-1683/84 (130 min)
HHHHHI
$$$$
Quelle somme ! Le premier des deux disques
que contient cet album est consacré aux trois livres d’études que
Ligeti a dédiés au piano (18 en tout). Dès la première (Désordre),
on est estomaqué : il doit bien y avoir deux pianistes ? Mais non.
La virtuosité du pianiste est éxtraordinaire, mais la magie compositionnelle
n’est pas à négliger non plus ! On trouve aussi ici L’Arrache-cœur
(1994), qui faillit devenir l’étude no 11, mais fut finalement
laissée à elle-même. Le second disque offre le premier enregistrement
de Four Early Piano Pieces, quatre très courtes pièces d’assez
peu d’intérêt, puis plusieurs œuvres pour piano quatre mains (il
n’y a pas, cette fois non plus, deux pianistes, puisque Ullén s’est
enregistré deux fois). Il y a aussi Musica Ricercata (1951-53),
une Chromatische Phantasie (1956) qui laisse entrevoir l’une
des directions qu’explorera dorénavant le compositeur et les magnifiques
Three Pieces for two pianos de 1976, superbement rendues par le
pianiste dédoublé. Le Steinway sonne très bien et l’instrumentiste
en fait ce qu’il veut, rendant à merveille les nuances les plus fines. RB
Pentland
Disasters of the Sun
Disasters of the Sun, Commenta, Octet
for Winds, Quintet for Piano and Strings
Judith Forst, mezzo-soprano ; Heidi Krutzen,
harpe ; Turning Point Ensemble / Owen Underhill
Centrediscs/Centredisques, CMCCD 11806
(66 min)
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À l’écoute de ce CD, on s’étonnera
que l’on ait qualifié la compositrice canadienne Barbara Pentland
(1912-2000) d’austère. Ce n’est absolument pas l’impression que
laissent ces œuvres, toutes composées entre 1976 et 1983, à l’exception
de l’Octet for Winds (1948). On découvre une musique vivante
et colorée, moderne, mais avec un sens développé de la ligne et de
la théâtralité. Pièce de résistance du programme, Disasters
of the Sun (1977), dont c’est le premier enregistrement, met en
musique un cycle de sept poèmes de Dorothy Livesay, qui avait travaillé
avec Pentland pour l’opéra The Lake (1952). Commenta,
unique œuvre de Pentland pour harpe seule, met en lumière les multiples
possibilités de l’instrument. On est frappé par la variété des
couleurs et des effets. Particulièrement intéressant, aussi, est le
Quintet for Piano and Strings (1983). On y note, encore une fois,
le recours à des techniques avant-gardistes (notamment des passages
aléatoires, d’improvisation contrôlée) et un lyrisme qui captive
l’auditeur. IP
Petrova
Enchanted Rhythms. Cello Music from
Bulgaria
Kalin Ivanov, violoncelle ; Elena Antimova,
piano
MSR Classics, MS 1156 (64 min)
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Roumi Petrova (vous l’aurez deviné)
est une compositrice bulgare. Ce que vous risquez de ne pas savoir cependant,
c’est qu’elle est jeune (née en 1970), et que dans son pays on
la surnomme la « Mozart bulgare ». Ce genre de proclamation me laisse
toujours un peu dubitatif. Soyons clairs : bien plus jeune qu’elle,
le petit Wolfgang avait déjà composé beaucoup plus, et des choses
beaucoup plus bouleversantes. Ceci étant dit, il y a matière à se
réjouir en écoutant ce disque, car la musique est de très belle qualité.
S’il s’agissait de pièces composées au début du xxe siècle et
ressorties d’un vieux caveau d’archives, on annoncerait de magnifiques
redécouvertes ! Leur créatrice étant née il y a moins de 40 ans,
ce n’est évidemment pas le cas. « L’ accessibilité » de ces deux
Sonates et de cette Passacaille sur des thèmes bulgares pour violoncelle
et piano, les rendront douteuses aux oreilles de certains, mais qu’à
cela ne tienne ! La musique est belle, inspirée, parfois dramatique.
Les couleurs « folkloriques » qui teintent son lyrisme inhérent la
rendent agréablement exotique. De plus, elle est suffisamment complexe
et sérieuse pour soutenir plusieurs écoutes. Les deux solistes sont
très bons. Sincèrement recommandable. FC
Somers
A Midwinter Night’s Dream
James Westman, baryton ; Alison McHaery,
mezzo ; Michael Colvin, ténor ; John Michael Schneider, chanteur ;
Mathew Galloway, acteur ; Heather Hudyma, Claire Hughes, Larissa Swenarchuk,
Alexandra Beley et Shannon Gault, solistes enfants ; Claire Preston,
piano ; Daniel Morphy, percussion ; Canadian Children’s Opera Chorus
/ Ann Cooper Gay
Centrediscs/Centredisques, CMCCD 12306
(65 min)
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Un nouveau disque s’est ajouté à
la série « Fenêtre sur Somers », consacrée aux œuvres du compositeur
canadien Harry Somers (1925-1999). Il présente le premier enregistrement
de l’opéra A Midwinter Night’s Dream, composé pour le vingtième
anniversaire du Canadian Children’s Opera Chorus (CCOC) en 1988 d’après
un livret de Tim Wynne-Jones. Il faut d’emblée souligner le travail
remarquable du CCOC. Le chœur d’enfants s’acquitte plus qu’honorablement
d’une partition remplie de difficultés. On est porté par cette histoire
qui se déroule en plein hiver arctique, chez les Inuits, et qui traite
de la modernité et de la tradition, des coutumes anciennes et de la
nouveauté. La musique de Somers vient appuyer toute la poésie de ce
conte avec des effets très évocateurs (notamment, reproduction de
sons de la nature par le chœur). Impossible de demeurer indifférent. IP
DVD
Puccini: Turandot
Luana DeVol, Franco Farina, Barbara Frittoli,
Stefano Palatchi
Orchestra and Chorus of the Gran Teatre
del Liceu
Giuliano Carella, conductor
TDK DVWW-OPTURL (132 m)
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Recorded at the Gran Teatre del Liceu
in Barcelona in July 2005, this lavish Turandot was first seen
in 1999, marking the re-opening of the theatre after a devastating fire.
Veteran designer Ezio Frigerio gives us a grand production – perhaps
not quite on the scale of the Zeffirelli Met extravaganza or the Salzburg
spectacle a few seasons back, but still sufficiently impressive. It
is a typical example of the Orient as seen through Western eyes –
beautiful, alluring, evocative, yet sinister, forbidden and dangerous.
The sets are big, complete with a reflective stage floor. The costumes
are sumptuous – the contrast between opulence of the imperial court
and the drab frocks of the peasantry is cleverly enhanced by the expert
lighting of Vinicio Cheli.
The principals are good if unspectacular,
led by American soprano Luana DeVol. She is a bit of a late bloomer,
toiling for years as a house soprano in Germany, singing the heaviest
repertoire. Only now in her late fifties is she attracting a certain
amount of international recognition. Her Turandot
has sufficient lung power and is on the cutting edge, though impaired
by a slow vibrato and the occasional suspect pitch. DeVol’s appearance
close-up is simply too matronly. Tenor Franco Farina brings a macho
swagger to Calaf, singing with a stentorian tone, his characterization
one-dimensional. In the fail-safe role of the slave girl Liù, soprano
Barbara Frittoli is generally effective if unusually glamorous. Stefano
Palatchi is an excellent Timur. Director Núria Espert introduces a
new twist – Turandot sings the word, “His name is love” and then
proceeds to stab herself to death. Espert justifies this decision by
pointing out that Puccini himself had difficulty coming up with a proper
ending and essentially left the opera unfinished, leaving it open
to some interpretation. As far as I’m concerned, this bit of gratuitous
directorial touch is utter nonsense – it makes mincemeat of the psychology
of Turandot and takes away the necessary catharsis.
Included in the DVD is a short
documentary, Luana DeVol: Following the Dream,
made by Stephen DeVol (presumably a relative?). This video is an account
of the life and career of the soprano, with a liberal dose of home movie
footage. Of particular interest is when DeVol speaks frankly about the
age discrimination that is rampant in the music business. This would
not be my first choice among the many DVDs of this opera available on
the market, but it is still worth watching. JKS
LIVRES
Paul Jackson
Start-up at the New Met
The Metropolitan Opera Broadcasts,
1966-1976
Amadeus Press, 2006, 656 pages, photos.
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Paul Jackson peut, à juste titre, revendiquer
d’être un aficionado éclairé des radiodiffusions du Met,
dont la racine plonge jusqu’en 1931. Avec ce récent ouvrage, l’auteur
en arrive au troisième volume de sa longue saga. En 1992, il donnait
Saturday Afternoons at the Old Met (1931-1950) ; en 1997, Sign-Off
for the Old Met (1950-1966). Ces deux « opera magna », très applaudis
par la critique et aujourd’hui épuisés, sont disponibles à la bibliothèque
de musique de McGill.
Le volume trois couvre la première
décade du nouveau Met au Lincoln Centre. Jackson n’utilise pas la
méthode chronologique, mais plutôt un regroupement par thèmes des
radiodiffusions jugées les plus emblématiques : saison inaugurale
(avec Antony and Cleopatra de Barber), Mozart, Verdi, Puccini,
Wagner, hommage à Rudolph Bing (ses six dernières années comme directeur),
premières au Met (par exemple : I Vespri siciliani de Verdi,
Les Troyens de Berlioz, Death in Venice
de Britten, Jenufa de Janacek, Le Château de Barbe-Bleue
de Bartok, L’Assedio di Corinto de Rossini), arrivée de James
Levine comme directeur musical, etc. Chaque thème comprend un choix
de diffusions analysées par
le menu et généreusement illustrées. L’immense travail est complété
par des notes, des tableaux, une discographie, une bibliographie
et des index.
Encyclopédique et analytique,
ce livre est également un essai sur l’immense musée sonore des «
Met broadcasts », phénomène culturel et médiatique jamais encore
égalé où, suivant Jackson, se croisent «their documentary importance,
their capacity to inform, and, of greatest moments, their power to please.
They are history come alive ». Ouvrage de référence de tout premier
ordre. Réal La Rochelle
Leoncavallo: Life and Works
Konrad Dryden; forward by Placido Domingo
Scarecrow Press, Inc.
0-8108-5873-8 $50.00US, Paper
0-8108-5880-0, $75.00US, Cloth
349 pp., 28 illustrations
Ruggero Leoncavallo (1857-1919) is known
today as a one-opera composer, his masterpiece being Pagliacci
(1982), one of the most frequently performed Italian operas and certainly
one of the very best examples of the verismo style. In
reality, Leoncavallo was a prolific composer with no less than ten operas
and ten operettas to his credit. He also composed a dozen orchestral
scores, including an incomplete Requiem, forty piano pieces, more than
eighty songs – including the great Neopolitan gem, Mattinata
– and several choral works. Sadly none of these works achieved
anywhere near the fame of Pagliacci. Despite occasional revivals,
Leoncavallo’s La bohème has not earned a place in the standard
repertoire, likely due to the overwhelming popularity of Puccini’s
version. Zazà (1900), a lovely opera in the tradition of
La bohème, is primarily remembered as the vehicle with which the
American diva Geraldine Farrar bid farewell to the stage. This new volume
on Leoncavallo by Konrad Dryden is an important addition to the scholarship
of this composer. Dryden, a professor of music and German at the University
of Maryland’s European campus, has previously written a biography
on another verismo composer, Riccardo Zandonai. Dryden’s new
book is a very scholarly work, thoroughly researched, generously documented,
and written in a non-technical language that is easily accessible by
the general reader. His style is conventional, somewhat academic but
not dry. The volume is divided into two sections: Part 1 is biographical,
arranged in chronological order. Dryden gives us interesting insights
into the composer, who comes across as a sad and jealous man who felt
that he was not taken seriously as a composer and believed himself the
victim of a musical establishment that was under the control of his
powerful rivals; Part 2 is comprised of a detailed analysis of twenty-two
of the composer’s most important works, of course with Pagliacci
featured prominently. An interesting tidbit – Leoncavallo, who was
the son of a judge in Naples, claimed he based the story of Pagliacci
on a murder case over which his father presided. If I were to nitpick,
the index is comprised only of names, with zero information on the actual
content, making it much less useful. The black and white photos are
reproduced on regular, matte paper resulting in images that are less
than sharp. With photos showing a portly composer, sporting a generously
waxed moustache and a prominent double chin it is not surprising that
he became a favourite target of caricaturists! The book contains a substantial
bibliography, and an appendix of compositions, but no discography. Despite
its shortcomings, this book must be considered the definitive
source on the composer and is an invaluable reference for anyone who
has an interest in Leoncavallo. JKS
George Case
Jimmy Page : Magus, Musician, Man
An Unauthorized Biography
Hal Leonard Books, 2007, 300 pages,
Les grands guitaristes de blues exercent
une fascination particulière pour un grand nombre de mélomanes. L’un
des plus grands d’entre-eux, Robert Johnson (1911–1938), était
réputé pour avoir passé un pacte avec « le démon ». On a aussi
prêté cette légende à Jimmy Page... Né en 1944, le guitariste et
fondateur du groupe de rock britannique Led Zeppelin est toujours vivant,
mais apparemment très peu loquace, ce qui explique le côté « unauthorized
» du livre, l’auteur n’ayant jamais réussi à rencontrer son sujet.
Cependant, George Case, originaire de Sault Ste. Marie en Ontario, a
pris son sujet au sérieux. On peut supposer par les sources qu’il
cite abondamment qu’il a lu tout ce qui pouvait lui offrir un renseignement
pertinent et il évite cette corvée au lecteur en lui en offrant une
excellente synthèse. Évidemment, rien n’est moins fiable qu’une
entrevue (parce qu’il s’est quand même livré à l’exercice quelques
fois) publiée dans un « magazine de rock », mais l’auteur fait
des recoupements, relate deux ou trois versions de la même anecdote
vue par des témoins différents et propose des hypothèses. Les années
de formation du guitariste y sont racontées en détails, comme celles
du sex & drugs & rock’n’roll, et on comprend mieux
après cette lecture ce qui fait le génie de la musique de Led Zeppelin,
un simple quatuor (guitare, basse, batterie, voix) qui a littéralement
inventé un nouveau style de musique, le heavy metal, en mêlant
l’inspiration de Robert Johnson à différents folklores et à un
goût prononcé pour la recherche sonore. RB |
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