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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 8 May 2007

Critiques/Reviews

May 30, 2007


Politique de critique : Nous présentons ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique ne présume en rien de la qualité de celles-ci. Vous trouverez des critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.

Review Policy: While we review all the best CDs we get, we don’t always receive every new release available. Therefore, if a new recording is not covered in the print version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.

HHHHHH indispensable / a must!

HHHHHI excellent / excellent

HHHHII très bon / very good

HHHIII bon / good

HHIIII passable / so-so

HIIIII mauvais / mediocre

$ < 10 $

$$ 10–15 $

$$$ 15–20 $

$$$$ > 20 $

Critiques / Reviewers

FC Frédéric Cardin

IP Isabelle Picard

JKS Joseph K So

PG Philippe Gervais

RB Réjean Beaucage

RLR Réal La Rochelle

Disque du mois

Shostakovich

Violin Concertos

Sergey Khachatryan, violon ; Orchestre National de France / Kurt Masur

Naïve, V 5025 (70 min)

HHHHHH $$$

L’Arménien Sergey Khachatryan est la jeune (22 ans !) sensation violonistique de l’heure. Son style robuste, ses élans pleins d’une sauvagerie savamment contrôlée, son excellente technique, son discours constamment tourné vers la clarté et la limpidité, en font effectivement l’un des héritiers les plus prometteurs de la grande école russe du violon. Le jeune violoniste s’attaque ici à un monument de la musique pour son instrument, le Premier Concerto de Shostakovich. Malgré sa verdeur, Khachatryan fait preuve d’un tempérament d’une surprenante maturité. Il fait ressortir l’intense et tragique beauté de ce chef-d’œuvre intemporel en construisant un édifice expressif dépouillé d’affects superflus, mais surprenant par son dégagement de puissance émotive. Le résultat est poignant. Le Deuxième Concerto de Shostakovich est moins souvent programmé, et la combinaison des deux œuvres sur un seul disque, plutôt rare. C’est donc une raison supplémentaire d’applaudir cette production, qui nous offre une lecture intense de cet opus négligé. La communication entre Khachatryan et l’orchestre semble parfaite. Écoutez bien le dialogue entre le soliste et les cuivres au tout début du troisième mouvement du Deuxième Concerto : ce n’est certes pas un dialogue de sourds ! Kurt Masur dessine un canevas qui équilibre subtilement les doses de ténèbres et de lumière. Bravo !

Frédéric Cardin

Musique vocale

Bach

Cantates pour Marie

Herz und Mund und Tat und Leben BWV 147,
Ich habe genug BWV 82, Wie schön leuchtet der Morgenstern BWV 1

Monika Mauch, soprano ; Matthew White, contre-ténor ; Charles Daniels, ténor ; Stephan MacLeod, basse

Atma, SACD2 2402 (71 min)

HHHHII $$$

Voici le troisième volume de l’intégrale des cantates de Bach que fait paraître Atma en collaboration avec le festival Montréal Baroque. Les intégrales des cantates se font de plus en plus nombreuses, mais il semble pour l’instant que celle d’Atma sera la seule disponible au format SACD hybride. Montréal Baroque fait le choix d’interpréter les chorals à une voix soliste par partie, choix qui passe très bien au disque (mais qui, en salle, demande des conditions acoustiques exceptionnelles). Il faut dire que ces solistes sont excellents. Les passages virtuoses demeurent clairs et nets (Charles Daniels dans son air de la cantate BWV 147), les passages plus méditatifs sont à la fois sobres et empreints de profondeur (Stephan MacLeod dans la cantate BWV 82). Les instrumentistes sont de la même qualité. Impossible de passer sous silence le travail de la trompette (cantate BWV 147), des hautbois ( BWV 82) et des cors (BWV 1).

Isabelle Picard

Handel

Floridante

Il Complesso Barocco, Alan Curtis

Archiv, 00289 477 6566 (3cd, 164 min)

HHHHHI $$$$

Tout à la joie de découvrir les opéras de Vivaldi, on aurait tort de sous-estimer les trésors que réserve encore Handel, dont plusieurs grandes oeuvres lyriques demeurent peu connues et mal servies. Ce Floridante, par exemple, quasi absent du catalogue, méritait de revivre : c’est enfin chose faite, grâce à un savant travail musicologique qui a permis d’établir, à partir des quatre versions existantes, une partition « idéale » qui se rapproche au mieux, assure-t-on, des intentions premières du compositeur. Maintes beautés nous attendent en effet ici, dont deux duos d’amour, le premier tendre et tragique (Ah! Mia cara! / Ah! Mio caro!), le second en demi-teinte, accompagné de cors. Alan Curtis, à qui on a reproché souvent sa tiédeur dans ce répertoire, parvient cette fois à convaincre et à charmer. L’orchestre plaît d’entrée de jeu par sa sonorité ample, et les chanteurs, parmi lesquels se retrouvent deux basses (comme dans Giulio Cesare), sont quasi irréprochables. Seule Marijana Mijanovic, dans le rôle titre, déçoit par moments : la voix est belle, et même émouvante (voyez son magnifique lamento, au 3e acte), mais la chanteuse paraît quelquefois guindée et même fâchée avec la justesse. Ce coffret n’en demeure pas moins une des plus belles réussites de Curtis, et une contribution majeure à la discographie des opéras de Handel. Philippe Gervais

Harbison

North and South; Six American Painters;
The Three Wise Men (from Christmas Vespers); Book of Hours and Seasons; Goethe Settings.

Lorraine Hunt Lieberson, mezzo-soprano;
Emily Lodine, mezzo-soprano; The Chicago Chamber Musicians

Naxos, 8.559188 (66 min)

HHHHII $

John Harbison est un compositeur états-unien né en 1938. Il fait partie de cette catégorie de compositeurs des États-Unis qui se situe quelque part entre le modernisme sans compromis (des Carter ou Babbitt par exemple) et le populisme néo-romantique. Son langage est certes teinté de dissonances, mais son discours est fait de phrases mélodiques où le jazz vient rendre compte de sa préoccupation à rester près des racines émotives et dialectiques de ses compatriotes (son North and South comprend deux Ballad for Billie, en l’honneur de Billie Holiday, bien sûr). Six American Painters est un hommage néo-impressionniste à l’univers pictural de six peintres états-uniens. The Three Wise Men est une fantaisie pour quintette de cuivres et narrateur sur le thème de la Nativité. Les riches harmonies ont quelque chose d’à la fois moderne et médiéval. Book of Hours and Seasons est une œuvre plus austère, résolument plus « contemporaine » que les autres sur ce disque, mais aussi très belle dans le curieux mélange d’expressionnisme et de mystère qui s’en dégage. Lorraine Hunt Lieberson est une excellente mezzo qui nous quitta, malheureusement, en 2006, à l’âge de 52 ans. Trop tôt, car il s’agit d’une artiste sensible et raffinée. Bonne prise de son, et performances instrumentales de haut niveau. FC

Krasa

Brundibar

Maureen McKay, soprano ; Laura DeLuca, clarinette ; Craig Sheppard, piano; Music of Remembrance & Northwest Boychoir / Gerard Schwarz

Naxos, 8.570119 (53 min)

HHHHHI $

Hans Krasa (1899-1944) était juif. Il fut assassiné à Auschwitz le 16 octobre 1944. Avant de rejoindre tant de ses compatriotes, il a composé un opéra pour enfants dans le camp « modèle » de Terezin (les Nazis permettaient aux détenus de ce camp de jouer de la musique, et d’avoir un minimum de « vie sociale ». Il s’agissait en fait d’une mascarade pour tromper les Occidentaux sur les conditions réelles de détention). Il s’agit d’une œuvre pleine de symboles, et surtout d’espoir. On y raconte l’histoire d’enfants et d’animaux qui s’unissent pour combattre la tyrannie d’un méchant musicien. Il est bouleversant de penser à tous ces enfants qui interprétèrent cette fable humaniste, la plupart du temps la veille de leur exécution. Il y eut 55 représentations au total. Presque toujours avec une nouvelle distribution… La musique est tonale et mélodique, mais dans un mode sarcastique, et laisse place à une dissonance raisonnable ainsi qu’à certains éléments « jazzy » que l’on retrouvait dans la musique populaire des années 30-40. La particularité de cette version est qu’elle est en anglais. Bien que je trouve plus poignante la version originale, celle-ci permettra aux enfants anglo-saxons de se familiariser avec un témoignage humain important du xxe siècle. FC

Mouzakitis

Refraction

Maria Diamantis, soprano ; Dimitris Ilias, ténor ; Sofia Petridi, piano ; National Conservatory of Peristeri Symphonic Ensemble

Chroma Musika, K120 (43 min)

HHIIII

Sous-titré “12 Songs for small symphonic ensemble, piano and voice”, cet opus d’un compositeur grec contemporain qui m’est totalement inconnu s’inscrit dans la veine populaire des mélodies composées par Mikis Theodorakis. Si les réalisations de Hrysanthos T. Mouzakitis qui nous sont présentées ici sont assez jolies, et plutôt évocatrices de cette mélancolie typique de la péninsule grecque, elles n’ont certainement pas la portée ni l’impact émotif de celles de Theodorakis. Les musiciens sont adéquats, mais les deux chanteurs révèlent ici et là des faiblesses techniques, telles qu’un manque de soutien ou encore une certaine fragilité vocale dans les registres plus extrêmes. Le vrai problème, cependant, c’est l’enregistrement. L’équilibre entre les voix et les instruments est totalement déphasé en faveur des premières. De plus, le piano et l’orchestre donnent l’impression d’être en aluminium tellement la dynamique sonore est mince et artificielle ! Il y a même un passage où le piano oscille si fort que l’on se demande si un petit comique ne s’est pas amusé à « flipper » de haut en bas le bouton de la console… Sans être un chef-d’œuvre, cette agréable musique méritait quand même mieux. FC

Landscape and Time

King’s Singers

Signum Classics SIGCD 090 (68 min)

HHHHHI $$$$

Un disque qui se situe hors du temps et de l’espace. Tout l’album baigne dans une atmosphère de doux mysticisme et de recueillement. Les œuvres proposées sont presque toutes contemporaines. The Seasons of his Mercies de Richard Rodney Bennett est un paysage délicat inspiré de textes anglicans. La très pärtienne Remembered Love de Jackson Hill fait usage du langage intemporel du compositeur estonien, ainsi que de certaines intonations orientales, pour mieux illustrer deux poèmes japonais du xviie siècle qui traitent d’un amour perdu. Scenes in America Deserta de John McCabe est une fascinante évocation du désert. House of Winter de Peter Maxwell Davies arrête le temps pour contempler, entre autres choses, un flocon et un oiseau. Cyrillus Kreek (1899-1962) est l’un des trois seuls « anciens » sur ce disque (avec Kodaly et Sibelius). Ses Taaveti Laulud sont inspirées des Psaumes de David et du folklore estonien. Rakastava de Sibelius sent bon les racines du terroir finlandais, et son austère beauté plaira immédiatement aux amoureux de son plus digne représentant. Esti Dal de Kodaly est la prière d’un soldat qui souhaite vivre une nuit de plus. Poignant. Les King’s Singers sont parfaits, tout simplement. Un disque magnifique. Rien de moins. FC

Operatic Arias

Hao Jiang Tian, basse ; Slovak Radio Symphony Orchestra / Alexander Rahbari

Naxos, 8.557442 (59 min)

HHHIII $

Hao Jiang Tian est -pour l’instant- l’un des rares chanteurs d’opéra chinois à faire carrière dans le circuit mondial. Sa basse est plutôt agréable, riche et profonde, avec une belle et assez large tessiture. Il s’attaque ici à du répertoire éprouvé par des pointures majeures telles que Ghiaurov, Chaliapin, Ramey, pour ne nommer que ceux-là. Malheureusement, la comparaison ne tient pas la route beaucoup plus longtemps. M. Hao demeure collé dans un espace qui s’étend entre le mezzo et le double forte. Ce manque de dynamique entraîne un sentiment d’uniformité qui nuit à l’expression dramatique nécessaire à l’épanouissement du plein potentiel expressif des rôles assumés. Ce n’est certainement pas l’effet envisagé par les compositeurs représentés ici (Verdi, Tchaïkovsky, Rossini, Bellini et Gounod) ! Le résultat est un disque d’airs plutôt bien chantés (techniquement), mais qui manquent de drame et d’intensité. Banquo, Roger, le Roi Philippe, Gremin, Rodolpho et Méphistophélès ont l’air de personnages de musée de cire, presque vivants en apparence, mais curieusement immobiles. Le potentiel est là, mais un travail d’expressivité reste à faire. FC

The Marriage of Heaven and Hell

Motets and Songs from 13th Century France

Christopher Page, Gothic Voices

Helios CDH55273 (46 min. 26 s)

HHHHHI $$

Voici une réédition économique d’un magnifique disque sorti en 1990. Les Gothic Voices sont à leur meilleur dans ce répertoire dont ils ont fait une spécialité. Il y a ici des motets en latin et en français, ainsi que des chansons de trouvères. Le remarquable avant-gardisme de ces œuvres est encore bien perceptible aujourd’hui, même après 800 ans ! Ces motets, rappelons-le, introduisirent les premières manifestations de disparités rythmiques entre les différentes voix d’un chant, posant ainsi les premiers jalons d’une plus grande complexité musicale promise à un bel avenir. La perfection absolue de l’équilibre entre les parties vocales (admirablement rendue par les Gothic Voices) est moderne à un point tel que plusieurs de nos contemporains pourraient trouver cette musique « étonnante », voire « bizarre ». Un livret explicatif très informatif accompagne cette production impeccable. Si vous voulez vous familiariser avec une période d’expérimentation musicale qui creusa les premières fondations de l’édifice polyphonique occidental, vous pourrez difficilement trouver mieux. FC

Carmen Unzipped

An album of musical theatre, cabaret,
opera and jazz classics

Jean Stilwell, mezzo-soprano, Patti Loach, piano

www.jeanstilwell.com/cabaret

HHHHII

Jean Stilwell has been re-inventing herself the last few years, from that of a classical singer to someone at home in the world of musical theatre, cabaret and jazz. The transformation has been gradual – at a concert a few short years ago, I recall thinking how wonderful her Kurt Weill was, amidst a program of classical pieces. Part of her artistic evolution involved a remarkable physical transformation – her newly edgy and ‘punk’ look is a far cry from opera divadom. The album cover of Carmen Unzipped is telling – it shows her mid torso, with arms crossed and multi-coloured tattoos in full display. The fifteen songs on the disc showcase her current strengths, combining idiomatic vocalism, musical intelligence, well-honed dramatic instinct, great attention to textual meaning, and an emotional honesty that comes across the footlight. The songs are of a bittersweet variety – some humorous, others wistful and sad, always delivered with Stilwell’s unique personal stamp. Particularly enjoyable are “Taylor the Latté Boy”, “Apathetic Man”, and “I was telling him about you”. Also noteworthy is “Falling in love Again” – Marlene Dietrich’s theme song, here given the full diva treatment, and well supported by Peter Tiefenbach (piano), David Bourque (clarinet) and John Loach (trumpet). The singer is less happy in Habanera and Kurt Weill’s “I’m a Stranger Here Myself”, marred by unsteadiness and flatness in the highest reaches. Patti Loach is a sympathetic partner on the piano, which sounds electronically enhanced. This will be a welcome release for the many admirers of the Canadian mezzo. Joseph K. So

Musique instrumentale

Graupner

Partitas, vol. 6

Geneviève Soly, clavecin

Analekta, 2 9119 (69 min)

HHHHHI $$$

Naguère inconnue, l’oeuvre pour clavecin de Christoph Graupner, au fil des disques que lui a consacrés Geneviève Soly, nous devient peu à peu familière, voire indispensable. À l’écoute de ce sixième volume (un septième viendra), on retrouve ce langage à la fois savoureux et savant qui nous avait séduit d’emblée chez le maître de Darmstadt. Ainsi, voyez le charme mélodique de l’air en sarabande qui ouvre cet enregistrement, ou, mieux encore, l’extraordinaire volubilité des courantes, qui ont peu à envier à Handel, ou même à Bach. Impétueuse lorsqu’il le faut, Geneviève Soly aime avant tout faire chanter son clavecin, conversant aimablement et librement avec nous, dans l’esprit des Lumières. Par leur relative simplicité, quelques pièces tenteront sûrement les musiciens amateurs, comme cette espiègle polonaise, écrite par un Graupner de 70 ans, et qui ne déparerait pas le Petit Livre d’Anna Magdalena Bach. Aussi se réjouit-on d’apprendre qu’un nécessaire travail d’édition viendra bientôt compléter l’enregistrement de ces musiques. PG

Appassionato

Yo-Yo Ma, violoncelle

Artistes variés

Sony Classical, 88697-02668-2 (65 min)

HHHIII $$$

Devant cette énième compilation dédiée à la gloire du violoncelliste touche-à-tout qu’est le sino-américain Yo-Yo Ma, je suis tenté d’accorder une mauvaise note pour sanctionner ce marchandage intempestif, et franchement redondant, d’une carrière musicale marquée par un va-et-vient entre des styles musicaux aussi disparates qu’éclatés. L’ironie, c’est que peu importe ce que Yo-Yo Ma joue (que ce soit du Vivaldi, du tango, de la musique traditionnelle japonaise, du Gershwin, ou du Mendelssohn), il le fait avec un débordement d’affect et de vibrato qui finit par faire en sorte que toutes ces musiques si différentes se ressemblent. Un disque comme celui-ci met en évidence ce fâcheux défaut. Dans la carrière de cet artiste, il reste quelques perles, bien sûr : le premier disque baroque avec Ton Koopman, ses albums du Silk Road Project, ou encore son projet Bach multimédia, ainsi que plusieurs de ses premiers enregistrements, marqués par une fraîcheur réjouissante. Ce disque pourra peut-être vous offrir de minuscules échos de cette qualité musicale, mais c’est loin d’être suffisant pour en faire la recommandation. FC

Harp Voyage

Lizary Rodriguez Rios, harpe

Libre Productions (59 min)

HHHHII

Comme le souligne le titre, ce disque est un voyage. Un voyage temporel surtout, qui nous amène de Bach à Wanda Barreto (née en 1983), en passant par Spohr, Glinka, Pierné et quelques compositeurs espagnols peu ou pas connus. La jeune et jolie Lizary Rodriguez Rios, dont le sourire radieux orne la pochette du disque, possède un bonne technique, et ne se laisse manifestement pas impressionner par certains passages plus redoutables. Le répertoire choisi, varié et à première vue décousu, fait la part belle aux pièces à tendance impressionniste et imagiste, sans s’y limiter, heureusement. La musicalité est parfois générique, teintée d’effets prévisibles, mais dans l’ensemble, il s’agit d’une belle excursion avec un instrument qui peut difficilement être « désagréable ». La prise de son est cependant un peu trop réverbérante, ce qui constitue un problème avec la harpe : on y perd en définition des détails. FC


Rachmaninov

Symphonic Dances, Suites Nos. 1 & 2

Peter Donohoe, piano ; Martin Roscoe, piano

Naxos, 8.557062 (77 min)

HHHHII $

Les deux Suites pour deux pianos de Rachmaninov sont des documents d’une grande originalité, mais également d’une beauté largement sous-estimée. La première, Fantaisie-tableaux, op.5, révèle l’influence de Chopin, de Liszt et de Tchaïkovski. Elle est remplie de mélodies accrocheuses dignes des plus belles pages de ces compositeurs. Dommage qu’on ne l’entende pas plus souvent. La Deuxième suite, op.17, est contemporaine du Concerto pour piano no 2, mais ne possède pas le même souffle mélodique. Les différentes parties sont plus épisodiques, rassemblant une marche, une valse, une romance et une tarentelle. L’ensemble est plus décousu, bien qu’agréable à entendre. Les Danses symphoniques constituent une symphonie qui ne se nomme pas, et qui est l’une des œuvres majeures de la maturité du compositeur (et sa dernière). La transcription pour deux pianos est à la hauteur de la partition originale. Les deux pianistes en présence sont d’excellents musiciens. Leur collaboration, bien qu’elle ne soit pas transcendante, est adéquate et plutôt satisfaisante dans l’ensemble. On aurait cependant souhaité une plus grande limpidité dans la définition des voix. FC

Pichl

Symphonies

Toronto Chamber Orchestra / Kevin Mallon

Naxos, 8.557761 (73 min)

HHHHHI $

Voici une autre « excavation » réussie de Kevin Mallon et ses Torontois. Wenzel Pichl, bien que fort respecté en son temps, et même interprété par Haydn lui-même à Esterhaza, est aujourd’hui bien oublié. À l’instar des ses contemporains, Pichl était féru de culture antique. Les quatre symphonies regroupées ici sont toutes nommées en l’honneur de figures féminines de la mythologie grecque (Calliope, Melpomène, Clio et Diane). Construites avec soin, elles rendent compte d’un talent pour la mélodie, et d’un esprit soucieux d’une rigueur structurelle qui laisse tout de même place à une certaine fantaisie. Ces œuvres sont de dignes représentantes du meilleur de l’école de Mannheim. Kevin Mallon dirige un ensemble d’instruments modernes sensible à l’esthétique baroque, et à l’interprétation « authentique ». Beaucoup de verve, d’énergie et d’enthousiasme, ainsi qu’un équilibre d’ensemble rodé au quart de tour, font de ce disque un achat chaudement recommandé. FC

Britten : Phantasy Quartet op. 2 ;
String Quartet No.3, op.94 ;

Bliss : Quintet for Oboe and String Quartet

Alex Klein, hautbois

Vermeer Quartet

Cedille, CDR 90000 093 (62 min)

HHHHHI $$$

Britten écrivit son Phantasy Quartet pour hautbois et cordes à 19 ans. Cependant, le jeune Benjamin manifeste déjà une maturité musicale étonnante. L’écriture est d’une grande sophistication pour un artiste à peine sorti de l’adolescence. Essentiellement un thème avec variations de type improvisé, cette œuvre est remplie de savants contrastes entre le caractère ondoyant du hautbois, et l’énergie incisive des cordes. Alex Klein possède un timbre rond et velouté, et sa technique est sans faute. Le Quatuor no.3 est l’un des accomplissements les plus aboutis de Britten. Composé après une opération cardiaque en 1975, c’est une œuvre qui regarde à la fois vers l’avenir (la mort !), mais aussi vers le passé, en guise de récapitulation. Britten se fait des clins d’oeil à lui-même (avec des allusions à son opéra Mort à Venise), autant qu’à Beethoven, Shostakovich et Bartok. Arthur Bliss (1891-1975) est un contemporain de Britten et partage un univers musical assez semblable, enveloppé dans une tonalité élargie, mais toujours centrée sur l’expression émotionnelle et la beauté des textures. Son quatuor est romantique et austère, pastoral et moderne, tendre et bouillonnant à la fois. L’enregistrement Cedille est magnifique, naturel, chaleureux et vibrant. Bravo ! FC

Musique contemporaine

Bernier / Poulin-Denis

Étude no 3 pour cordes et poulies

Ekumen, 006 (45 min)

HHHIII $$$

Composée pour une chorégraphie de Ginette Laurin (compagnie O Vertigo), l’Étude no 3 pour cordes et poulies de Nicolas Bernier et Jacques Poulin-Denis se présente comme une suite de 10 courtes pièces électroacoustiques. Comme les auteurs n’ont pas cru bon de joindre la moindre information sur la musique, il ne nous reste que nos oreilles pour en juger. Manifestement faite de sons échantillonnés de provenances diverses, la musique rappelle par moments la vastitude des ambiances fabriquées d’un Luc Ferrari, auxquelles se mêlent ici ou là des bribes de musique instrumentale, le tout baignant presque de bout en bout dans un ballet de grincements (les cordes et les poulies, sans doute) qui donne l’impression d’être sur un immense navire en perdition. Quelques pièces, en particulier Cor, s’abandonnent au diktat du rythme électro, ce qui, il est vrai, rappelle que l’on est quand même dans une musique composée pour la danse.

Réjean Beaucage

Cage

Imaginary Landscapes

Maelstrom Percussion Ensemble / Jan Williams

hat[now]ART, 145 (51 min)

HHHHII $$$$

La série Imaginary Landscape de John Cage constitue une excellente source de renouvellement de l’imaginaire et, à la limite, on pourrait dire de chacune des pièces qui la composent (No. 1, 1939 ; No. 2 et No. 3, 1942 ; No. 4, 1951 ; No. 5, 1952) que ce sont autant, sinon davantage, des œuvres poétiques, plutôt que musicales. Ces œuvres comptent parmi les premières à avoir utilisé l’électricité et, très certainement, la toute première utilisation de la table tournante comme instrument de musique. Les percussions utilisées dans les deuxième et troisième rappellent le travail de Cage avec le piano préparé, mais dès la quatrième, c’est le John Cage résolument non-interventionniste qui apparaît : en donnant à ses interprètes des postes de radio à manipuler (selon, il est vrai, des indications très précises), le compositeur n’a plus aucun contrôle sur les sons qui sont produits ! La cinquième pièce de la série est composée « for any 42 recordings ». Les 42 courts extraits choisis doivent ensuite être montés sur bande l’un après l’autre. Peter Pfister, qui a réalisé le collage entendu ici, a choisi 42 extraits d’enregistrements d’Anthony Braxton paru chez... hatART ! La série des Landscapes est complétée par une œuvre de 1985, dont le titre compte 43 mots... Résumons-le par But what about the noise ? Il s’agit d’une pièce de 26 minutes pour ensemble de percussions dont le thème est inspiré par l’œuvre de Jean Arp (qui, dès l’époque de Dada, incorporait dans ses productions des éléments de hasard). Loin de l’anarchie qui règne sur les paysages imaginaires de Cage, cette dernière pièce est un petit oasis qui favorise grandement la méditation. RB

Glass

Music in the Shape of a Square / 600 Lines

Alter Ego

Orange Mountain Music, 0034 (77 min + 60 min)

HHHHII $$$$

Music with Changing Parts

Icebreaker

Orange Mountain Music, 0035 (50 min)

HHHHHI $$$$

Voici deux disques qui nous permettent d’entendre certaines œuvres de jeunesse de Philip Glass. L’ensemble italien Alter Ego (8 musiciens) présente les œuvres les plus anciennes : 600 Lines et How Now, toutes deux de 1968 et enregistrées ici pour la première fois, Music in Similar Motion (1969), Music in Contrary Motion (1969) Strung Out, pour violon amplifié (1967), Piece in the Shape of a Square, pour deux flûtes (1968) et Gradus, pour clarinette basse, ces deux dernières également enregistrées pour la première fois. 600 Lines et How Now furent les premières pièces composées pour le Philip Glass Ensemble (PGE) et elles étaient ni plus ni moins que des exercices visant à ce que les musiciens de l’Ensemble acquièrent la dextérité et les réflexes nécessaires pour jouer la musique de Glass. 600 Lines, particulièrement, reste une pièce que tout bon ensemble de musique contemporaine devrait répéter, mais ces 40 minutes d’une musique qui ressemble à s’y méprendre à un disque resté accroché finissent par devenir étourdissantes ! Les Britanniques de Icebreaker (13 musiciens) offrent quant à eux une œuvre qui date de 1970 et n’a été enregistrée que par les sept musiciens du PGE en 1971. Cette nouvelle version est plus luxuriante, à cause du nombre de musiciens qui rend la texture harmonique plus intéressante. Les mélomanes qui se demandent de quoi il s’agit lorsqu’il est question de « musique répétitive » seront bien avisés de commencer par ici ; c’est le b-a-ba du genre. RB

Ligeti

Complete Piano Music

Frederik Ullén, piano

BIS, CD-1683/84 (130 min)

HHHHHI $$$$

Quelle somme ! Le premier des deux disques que contient cet album est consacré aux trois livres d’études que Ligeti a dédiés au piano (18 en tout). Dès la première (Désordre), on est estomaqué : il doit bien y avoir deux pianistes ? Mais non. La virtuosité du pianiste est éxtraordinaire, mais la magie compositionnelle n’est pas à négliger non plus ! On trouve aussi ici L’Arrache-cœur (1994), qui faillit devenir l’étude no 11, mais fut finalement laissée à elle-même. Le second disque offre le premier enregistrement de Four Early Piano Pieces, quatre très courtes pièces d’assez peu d’intérêt, puis plusieurs œuvres pour piano quatre mains (il n’y a pas, cette fois non plus, deux pianistes, puisque Ullén s’est enregistré deux fois). Il y a aussi Musica Ricercata (1951-53), une Chromatische Phantasie (1956) qui laisse entrevoir l’une des directions qu’explorera dorénavant le compositeur et les magnifiques Three Pieces for two pianos de 1976, superbement rendues par le pianiste dédoublé. Le Steinway sonne très bien et l’instrumentiste en fait ce qu’il veut, rendant à merveille les nuances les plus fines. RB

Pentland

Disasters of the Sun

Disasters of the Sun, Commenta, Octet for Winds, Quintet for Piano and Strings

Judith Forst, mezzo-soprano ; Heidi Krutzen, harpe ; Turning Point Ensemble / Owen Underhill

Centrediscs/Centredisques, CMCCD 11806 (66 min)

HHHHII $$$

À l’écoute de ce CD, on s’étonnera que l’on ait qualifié la compositrice canadienne Barbara Pentland (1912-2000) d’austère. Ce n’est absolument pas l’impression que laissent ces œuvres, toutes composées entre 1976 et 1983, à l’exception de l’Octet for Winds (1948). On découvre une musique vivante et colorée, moderne, mais avec un sens développé de la ligne et de la théâtralité. Pièce de résistance du programme, Disasters of the Sun (1977), dont c’est le premier enregistrement, met en musique un cycle de sept poèmes de Dorothy Livesay, qui avait travaillé avec Pentland pour l’opéra The Lake (1952). Commenta, unique œuvre de Pentland pour harpe seule, met en lumière les multiples possibilités de l’instrument. On est frappé par la variété des couleurs et des effets. Particulièrement intéressant, aussi, est le Quintet for Piano and Strings (1983). On y note, encore une fois, le recours à des techniques avant-gardistes (notamment des passages aléatoires, d’improvisation contrôlée) et un lyrisme qui captive l’auditeur. IP

Petrova

Enchanted Rhythms. Cello Music from Bulgaria

Kalin Ivanov, violoncelle ; Elena Antimova, piano

MSR Classics, MS 1156 (64 min)

HHHHII

Roumi Petrova (vous l’aurez deviné) est une compositrice bulgare. Ce que vous risquez de ne pas savoir cependant, c’est qu’elle est jeune (née en 1970), et que dans son pays on la surnomme la « Mozart bulgare ». Ce genre de proclamation me laisse toujours un peu dubitatif. Soyons clairs : bien plus jeune qu’elle, le petit Wolfgang avait déjà composé beaucoup plus, et des choses beaucoup plus bouleversantes. Ceci étant dit, il y a matière à se réjouir en écoutant ce disque, car la musique est de très belle qualité. S’il s’agissait de pièces composées au début du xxe siècle et ressorties d’un vieux caveau d’archives, on annoncerait de magnifiques redécouvertes ! Leur créatrice étant née il y a moins de 40 ans, ce n’est évidemment pas le cas. « L’ accessibilité » de ces deux Sonates et de cette Passacaille sur des thèmes bulgares pour violoncelle et piano, les rendront douteuses aux oreilles de certains, mais qu’à cela ne tienne ! La musique est belle, inspirée, parfois dramatique. Les couleurs « folkloriques » qui teintent son lyrisme inhérent la rendent agréablement exotique. De plus, elle est suffisamment complexe et sérieuse pour soutenir plusieurs écoutes. Les deux solistes sont très bons. Sincèrement recommandable. FC

Somers

A Midwinter Night’s Dream

James Westman, baryton ; Alison McHaery, mezzo ; Michael Colvin, ténor ; John Michael Schneider, chanteur ; Mathew Galloway, acteur ; Heather Hudyma, Claire Hughes, Larissa Swenarchuk, Alexandra Beley et Shannon Gault, solistes enfants ; Claire Preston, piano ; Daniel Morphy, percussion ; Canadian Children’s Opera Chorus / Ann Cooper Gay

Centrediscs/Centredisques, CMCCD 12306 (65 min)

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Un nouveau disque s’est ajouté à la série « Fenêtre sur Somers », consacrée aux œuvres du compositeur canadien Harry Somers (1925-1999). Il présente le premier enregistrement de l’opéra A Midwinter Night’s Dream, composé pour le vingtième anniversaire du Canadian Children’s Opera Chorus (CCOC) en 1988 d’après un livret de Tim Wynne-Jones. Il faut d’emblée souligner le travail remarquable du CCOC. Le chœur d’enfants s’acquitte plus qu’honorablement d’une partition remplie de difficultés. On est porté par cette histoire qui se déroule en plein hiver arctique, chez les Inuits, et qui traite de la modernité et de la tradition, des coutumes anciennes et de la nouveauté. La musique de Somers vient appuyer toute la poésie de ce conte avec des effets très évocateurs (notamment, reproduction de sons de la nature par le chœur). Impossible de demeurer indifférent. IP

DVD

Puccini: Turandot

Luana DeVol, Franco Farina, Barbara Frittoli, Stefano Palatchi

Orchestra and Chorus of the Gran Teatre del Liceu

Giuliano Carella, conductor

TDK DVWW-OPTURL (132 m)

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Recorded at the Gran Teatre del Liceu in Barcelona in July 2005, this lavish Turandot was first seen in 1999, marking the re-opening of the theatre after a devastating fire. Veteran designer Ezio Frigerio gives us a grand production – perhaps not quite on the scale of the Zeffirelli Met extravaganza or the Salzburg spectacle a few seasons back, but still sufficiently impressive. It is a typical example of the Orient as seen through Western eyes – beautiful, alluring, evocative, yet sinister, forbidden and dangerous. The sets are big, complete with a reflective stage floor. The costumes are sumptuous – the contrast between opulence of the imperial court and the drab frocks of the peasantry is cleverly enhanced by the expert lighting of Vinicio Cheli.

The principals are good if unspectacular, led by American soprano Luana DeVol. She is a bit of a late bloomer, toiling for years as a house soprano in Germany, singing the heaviest repertoire. Only now in her late fifties is she attracting a certain amount of international recognition. Her Turandot has sufficient lung power and is on the cutting edge, though impaired by a slow vibrato and the occasional suspect pitch. DeVol’s appearance close-up is simply too matronly. Tenor Franco Farina brings a macho swagger to Calaf, singing with a stentorian tone, his characterization one-dimensional. In the fail-safe role of the slave girl Liù, soprano Barbara Frittoli is generally effective if unusually glamorous. Stefano Palatchi is an excellent Timur. Director Núria Espert introduces a new twist – Turandot sings the word, “His name is love” and then proceeds to stab herself to death. Espert justifies this decision by pointing out that Puccini himself had difficulty coming up with a proper ending and essentially left the opera unfinished, leaving it open to some interpretation. As far as I’m concerned, this bit of gratuitous directorial touch is utter nonsense – it makes mincemeat of the psychology of Turandot and takes away the necessary catharsis.

Included in the DVD is a short documentary, Luana DeVol: Following the Dream, made by Stephen DeVol (presumably a relative?). This video is an account of the life and career of the soprano, with a liberal dose of home movie footage. Of particular interest is when DeVol speaks frankly about the age discrimination that is rampant in the music business. This would not be my first choice among the many DVDs of this opera available on the market, but it is still worth watching. JKS

LIVRES

Paul Jackson

Start-up at the New Met

The Metropolitan Opera Broadcasts, 1966-1976

Amadeus Press, 2006, 656 pages, photos.

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Paul Jackson peut, à juste titre, revendiquer d’être un aficionado éclairé des radiodiffusions du Met, dont la racine plonge jusqu’en 1931. Avec ce récent ouvrage, l’auteur en arrive au troisième volume de sa longue saga. En 1992, il donnait Saturday Afternoons at the Old Met (1931-1950) ; en 1997, Sign-Off for the Old Met (1950-1966). Ces deux « opera magna », très applaudis par la critique et aujourd’hui épuisés, sont disponibles à la bibliothèque de musique de McGill.

Le volume trois couvre la première décade du nouveau Met au Lincoln Centre. Jackson n’utilise pas la méthode chronologique, mais plutôt un regroupement par thèmes des radiodiffusions jugées les plus emblématiques : saison inaugurale (avec Antony and Cleopatra de Barber), Mozart, Verdi, Puccini, Wagner, hommage à Rudolph Bing (ses six dernières années comme directeur), premières au Met (par exemple : I Vespri siciliani de Verdi, Les Troyens de Berlioz, Death in Venice de Britten, Jenufa de Janacek, Le Château de Barbe-Bleue de Bartok, L’Assedio di Corinto de Rossini), arrivée de James Levine comme directeur musical, etc. Chaque thème comprend un choix de diffusions analysées par
le menu et généreusement illustrées. L’immense travail est complété par des notes, des tableaux, une discographie, une bibliographie
et des index.

Encyclopédique et analytique, ce livre est également un essai sur l’immense musée sonore des « Met broadcasts », phénomène culturel et médiatique jamais encore égalé où, suivant Jackson, se croisent «their documentary importance, their capacity to inform, and, of greatest moments, their power to please. They are history come alive ». Ouvrage de référence de tout premier ordre. Réal La Rochelle

Leoncavallo: Life and Works

Konrad Dryden; forward by Placido Domingo

Scarecrow Press, Inc.

0-8108-5873-8 $50.00US, Paper

0-8108-5880-0, $75.00US, Cloth

349 pp., 28 illustrations

Ruggero Leoncavallo (1857-1919) is known today as a one-opera composer, his masterpiece being Pagliacci (1982), one of the most frequently performed Italian operas and certainly one of the very best examples of the verismo style. In reality, Leoncavallo was a prolific composer with no less than ten operas and ten operettas to his credit. He also composed a dozen orchestral scores, including an incomplete Requiem, forty piano pieces, more than eighty songs – including the great Neopolitan gem, Mattinata – and several choral works. Sadly none of these works achieved anywhere near the fame of Pagliacci. Despite occasional revivals, Leoncavallo’s La bohème has not earned a place in the standard repertoire, likely due to the overwhelming popularity of Puccini’s version. Zazà (1900), a lovely opera in the tradition of La bohème, is primarily remembered as the vehicle with which the American diva Geraldine Farrar bid farewell to the stage. This new volume on Leoncavallo by Konrad Dryden is an important addition to the scholarship of this composer. Dryden, a professor of music and German at the University of Maryland’s European campus, has previously written a biography on another verismo composer, Riccardo Zandonai. Dryden’s new book is a very scholarly work, thoroughly researched, generously documented, and written in a non-technical language that is easily accessible by the general reader. His style is conventional, somewhat academic but not dry. The volume is divided into two sections: Part 1 is biographical, arranged in chronological order. Dryden gives us interesting insights into the composer, who comes across as a sad and jealous man who felt that he was not taken seriously as a composer and believed himself the victim of a musical establishment that was under the control of his powerful rivals; Part 2 is comprised of a detailed analysis of twenty-two of the composer’s most important works, of course with Pagliacci featured prominently. An interesting tidbit – Leoncavallo, who was the son of a judge in Naples, claimed he based the story of Pagliacci on a murder case over which his father presided. If I were to nitpick, the index is comprised only of names, with zero information on the actual content, making it much less useful. The black and white photos are reproduced on regular, matte paper resulting in images that are less than sharp. With photos showing a portly composer, sporting a generously waxed moustache and a prominent double chin it is not surprising that he became a favourite target of caricaturists! The book contains a substantial bibliography, and an appendix of compositions, but no discography. Despite its shortcomings, this book must be considered the definitive source on the composer and is an invaluable reference for anyone who has an interest in Leoncavallo. JKS

George Case

Jimmy Page : Magus, Musician, Man

An Unauthorized Biography

Hal Leonard Books, 2007, 300 pages,

Les grands guitaristes de blues exercent une fascination particulière pour un grand nombre de mélomanes. L’un des plus grands d’entre-eux, Robert Johnson (1911–1938), était réputé pour avoir passé un pacte avec « le démon ». On a aussi prêté cette légende à Jimmy Page... Né en 1944, le guitariste et fondateur du groupe de rock britannique Led Zeppelin est toujours vivant, mais apparemment très peu loquace, ce qui explique le côté « unauthorized » du livre, l’auteur n’ayant jamais réussi à rencontrer son sujet. Cependant, George Case, originaire de Sault Ste. Marie en Ontario, a pris son sujet au sérieux. On peut supposer par les sources qu’il cite abondamment qu’il a lu tout ce qui pouvait lui offrir un renseignement pertinent et il évite cette corvée au lecteur en lui en offrant une excellente synthèse. Évidemment, rien n’est moins fiable qu’une entrevue (parce qu’il s’est quand même livré à l’exercice quelques fois) publiée dans un « magazine de rock », mais l’auteur fait des recoupements, relate deux ou trois versions de la même anecdote vue par des témoins différents et propose des hypothèses. Les années de formation du guitariste y sont racontées en détails, comme celles du sex & drugs & rock’n’roll, et on comprend mieux après cette lecture ce qui fait le génie de la musique de Led Zeppelin, un simple quatuor (guitare, basse, batterie, voix) qui a littéralement inventé un nouveau style de musique, le heavy metal, en mêlant l’inspiration de Robert Johnson à différents folklores et à un goût prononcé pour la recherche sonore. RB


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