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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 7 April 2007

Jazz

April 30, 2007


Ces mots dits du jazz

Pannonica de Koenigswarter :
Les musiciens de jazz et leurs trois vœux
(Traduit le l’américain par Florence Hertz)

Buchet-Chastel, 2006, 240 p.
ISBN: 2-283-02038-7

Alors que l’on avait un peu oublié la baronne Pannonica, celle qui fut « l’ange gardien » de Thelonious Monk dans ses dernières années, voilà que ce livre réalisé par Frédéric Pajac nous invite à redécouvrir cette mécène des musiciens de jazz. Morte en 1988, cette dame au parcours singulier suscita le scandale dans son milieu aristocratique, tournant le dos aux conventions familiales pour s’abandonner à une passion découverte dès son adolescence, celle du jazz. Tout l’intérêt de ce superbe album-photo réside dans les quelque 300 clichés pris avec tout le flou de la caméra Polaroïd, images provenant toutes des archives de la défunte et sélectionnées par sa petite fille et le pianiste Barry Harris. Pannonica de Koenigswarter pratique la photo instantanée en véritable artiste ; de son appareil, elle crée un tableau cubiste du saxophone de Coleman Hawkins, offre des images imprévisibles de Thelonious Monk, parfois mélancolique, parfois faisant le clown, ou endormi avec un chat à ses côtés. Une foule d’autres musiciens posent pour elle et ces images évoquent des instants d'intimité, saisis sur le vif.

La richissime baronne devait son aisance à la branche anglaise des Rothschild et à la fortune de Jules de Koenigswarter, militaire français de carrière qu’elle épousa en 1935. Durant la Seconde Guerre, la jeune femme à l’esprit intrépide ira rejoindre la Résistance aux côtés de son mari, avec lequel elle aura cinq enfants. Après la guerre, le couple s’installe à New York, mais le divorce s’ensuit ; la Jazz Baroness s’évade nuit après nuit dans sa légendaire Bentley pour écouter ses idoles avec la faune de la Beat Generation. Le baron, qui poursuit une carrière diplomatique, n’appartient pas à ce monde-là ; il lui coupe alors les vivres, mais Pannonica dispose encore de moyens suffisants pour louer une suite à l’hôtel Stanhope, là même où Charlie Parker s’éteint en mars 1955. Sa vie tumultueuse l’oblige à acheter dans le New Jersey une grande maison (avec vue sur la rivière Hudson et Manhattan), résidence que les musiciens nommeront
« Cathouse » en raison des 122 (!) chats qui vivent dans cette sorte de phalanstère fréquenté par tous les grands du jazz. Monk, le vrai héros de cet ouvrage, terminera sa vie en solitaire, y vivant neuf ans en réclusion presque totale.

Entre 1961 et 1968, la baronne interroge les musiciens sur leurs trois vœux les plus chers. Les réponses sont de tous les genres. Certaines sont faciles ou frivoles, d’autres surprenantes (par exemple, Miles Davis ayant souhaité avoir eu la peau blanche), et plusieurs ont un lien avec le succès et l’argent, qui demeure une préoccupation centrale. Pour sa part, la baronne se bat sans relâche contre la discrimination raciale et l'hypocrisie des blancs, mue par une volonté tenace de voir le jazz enfin reconnu. Concluons en citant l’un des trois voeux de Sun Ra : « Posséder un instrument flexible qui pourrait refléter toutes les émotions de n’importe quel être vivant, même un chat ou un oiseau. » Buchet/Chastel, grand éditeur parisien, propose un ouvrage unique pour qui désire se replonger dans l’un des âges d’or du jazz. Charles Collard

L’héritage de Steve Lacy

Félix-Antoine Hamel

En un demi-siècle de carrière, Steve Lacy aura traversé toute l’aventure de la musique improvisée, du jazz traditionnel jusqu’aux territoires de l’improvisation libre, en passant par les influences déterminantes d’Ellington, de Monk et de Taylor, puis par sa consécration comme figure marquante du post-free jazz. À sa mort en 2004, il laissait derrière lui une abondante discographie, dont la diversité reflète son éclectisme. Comme une part importante de son œuvre place le texte au centre de la musique, il est intéressant de découvrir le musicien par ses mots, ce qui est désormais possible grâce au recueil Steve Lacy : Conversations, méticuleusement compilé et présenté par Jason Weiss. Réunissant des articles de toutes les époques de la carrière du saxophoniste-compositeur (de 1959 à 2004), cet ouvrage permet de suivre à la trace les préoccupations du musicien. La variété même des sources évite la plupart du temps les redondances : outre les inévitables interviews et autres blindfold tests, parus dans les magazines de jazz (ou inédits), on retrouve, par exemple, de fascinantes discussions avec Derek Bailey ou avec le sculpteur Alain Kirili, sans oublier un article de fond publié dans la revue d’art montréalaise Parachute, et même un article plus technique tiré du Saxophone Journal. Qu’il évoque ses expériences avec Musica Elettronica Viva, la danse, la musique japonaise ou la poésie beat, Lacy se montre un interlocuteur passionnant, dont la façade quelque peu sévère laisse parfois place à un humour caustique. Plusieurs photos viennent agrémenter les textes, certains de Lacy lui-même et, en prime, trois partitions manuscrites. On ne peut que se réjouir de cette publication, mais un équivalent en français serait aussi bienvenu, d’autant plus qu’une bonne proportion des articles ont vu le jour dans cette langue.

Les archives sonores

Jason Weiss est également l’un des producteurs de « Esteem : Live in Paris 1975 », paru chez Atavistic, dans la précieuse série Unheard Music. Ce disque représente le premier volume des archives sonores de Lacy, qui, à sa mort, aurait laissé plus de 300 enregistrements privés. Celui-ci capte un set particulièrement inspiré du quintette de l’époque (Lacy, Steve Potts, Irene Aebi, Kent Carter, Kenneth Tyler) au cours de l’un de ses rares engagements stables, à la Cour des Miracles de Paris. Malgré une qualité sonore quelque peu caverneuse, ces longues versions de classiques de Lacy réjouiront ceux que ses oeuvres à texte, plus ambitieuses, laissent froids : le contexte purement instrumental offre beaucoup de place aux saxopho-

nistes, notamment Potts, virulent et volubile. Histoire à suivre…

Book Notes and Blue Notes

One Long Tune:
The Life and Music of Lenny Breau

Ron Forbes-Roberts

University of North Texas Press

ISBN: 978-1-57441-230-7

Wikipedia’s online citation for Lenny Breau describes him as “a brilliantly innovative American-born Canadian jazz guitarist who brought together country, classical, flamenco and jazz guitar techniques,” and he subsequently “merged and developed them into a unique and influential personal style.” This is essentially a good summation as far as the facts go. Yet, the individual himself is relatively unknown to most people, even to guitarists, who are nothing less than in awe of his work.

The Breau mystique is a story in itself, usually tied up with the idea that he was among, if not the, greatest guitarist alive, as his mentor Chet Atkins dubbed him. But this legendary status proved tragic for Breau. More than that, there were the emotional scars left by his family upbringing — his parents were country music stars who neglected their infant son for weeks at a time while on tour. Despite this, music became the young Lenny’s way into his parents’ world; from an early age he demonstrated a keen ear and became a valued part of Betty Cody and Lone Pine’s act under the nickname of “Lone Pine Jr.” This journey from the country music circuit to the Winnipeg jazz scene, followed by stints in Toronto, Nashville and a final stop in L.A. (where he was murdered in 1984) is clearly and competently narrated by author/guitarist Ron Forbes-Roberts in this aptly titled biography, the first of its kind on this legend.

Breau’s guitar artistry has been well documented in monographs by fellow guitarists and in Breau’s own columns for a guitar player magazine. But Forbes-Roberts’ book tells a fuller story, keeping the thread focused on the sensitive soul whose abilities were always being challenged by a serious substance abuse problem, an added handicap in managing the “business” of his art, and by a crippling fear that he would never be able to live up to others’ expectations of him. Despite the tragedy of a life wasted on hard drugs, binge drinking and pill-popping, one is struck by Breau’s heroic and relentless dedication to music, a path through which Breau could, according to the author, “connect with God.” This book is, of course, recommended reading for guitarists with its detailed musicological explanations of the progress of Lenny Breau’s art along with its well-told story about the complexity of the human spirit struggling to persevere against the harsh winds of reality. Paul Serralheiro

The Battle of the Five Spot: Ornette Coleman and the New York Jazz Field

by David Lee

Mercury Press, Toronto, 2006, 95 pages + notes, bilbliography and index

ISBN 1-55128-123-6

On the jazz history timeline it’s barely a dot, a matter of a few months, yet the music would never be the same afterwards. The arrival of the then “revolutionary” saxophonist Ornette Coleman in New York City in November 1959 was clearly a watershed event. Jazz back then was well entrenched into hard bop, a no-nonsense swing music based on catchy tunes and chord progressions that went basically unchallenged. Prior to his move to the jazz Mecca, Coleman lived in distant California, where he was already challenging the order of things. Sporting an odd-looking white plastic alto saxophone, the Texas-born Coleman was playing music with bop-derived themes yet venturing outside the realm of the song form into a totally ad-lib style, one that would soon be labeled as “Free Jazz,” an area that Lennie Tristano fleetingly explored and that Cecil Taylor would later pick up on.

With a swarm of publicity around him, this new phenom (along with his cohorts, trumpeter Don Cherry, bassist Charlie Haden and drummer Billy Higgins) landed a plum gig at one of New York’s most heralded jazz dens of the time, the Five Spot Café. This book, by Hamilton-based musician/ critic/scholar David Lee, tells the story of this tenure. More specifically, it is the author’s interpretation of the significance and controversy of the event. Nowadays, one wonders what all the fuss was about. Far from being a drawback, the 95 pages of this slim tome enable the author to stay well focused and his investigation makes good use of the currently fashionable theories of the late French sociologist Pierre Bourdieu. As alluded to in the subtitle, Bourdieu’s concept of “artistic field” is discussed and, while Lee admits to being a novice in this area, he treads carefully in defining this notion along with its ramifications. In a nutshell, Coleman shot to the top without working through the ranks of the New York jazz scene and this sudden fame effectively threatened to displace those who were already at the top of the heap, including Miles Davis, his fiercest critic. Originally written as a master’s thesis, this adaptation is both well-written and cogent. Moreover, it makes a persuasive case for more “micro-scale” studies of jazz history. And who needs yet another of those dime-a-dozen grand historical overviews?... Marc Chénard

Onstage in April : Trombone Summit Meeting

Lovers of mainstream jazz trombone playing will have the opportunity to hear a number of strong local voices on the instrument, as Richard Gagnon’s Trombones Actions, a team of six trombonists, invite fellow brassman Steve Davis from the United States to join them at Montreal’s Espace Dell’Arte on April 3. Hartford-based Davis, the 7th trombone, is a talent honed by extensive experience, having worked with the likes of Chick Corea, Jackie McLean and Art Blakey. A prolific studio denizen, Davis has several CDs as leader and quite a few more as part of the unit One for All, and as a sideman with a number of well-heeled jazz artists. Davis also has the distinction of having been part of Slide Hampton’s World of Trombones, a concept not unlike the one Richard Gagnon has in store for audiences this month. Gagnon, a Montreal-based trombonist, bandleader, composer and arranger, is a veteran of Vig Vogel’s big band (see following page for review) while also being leader of his own quintet with two CD releases under its belt. In Trombones Actions, he is flanked by Dave Grott, David Martin, Jean-Nicolas Trottier, Serge Arsenault and Robert (Bob) Ellis, with a rhythm section of Gaétan Daigneault on piano, Frédéric Grenier, bass and Michel Berthiaume on drums. This unit and their special guest will be performing material from its debut CD release, Intro on XXI Records. PS

See Jazz+ in calendar section, p. cal15 for listing details

au rayon du disque

Marc Chénard, Charles Collard, Félix-Antoine Hamel, Paul Serralheiro

Michel Portal : Birdwatcher

EmArcy/Universal, 984 556-3

HHHHII

L’angoisse que suscite chez Michel Portal le processus de l’enregistrement est désormais légendaire. C’est peut-être ce qui explique son absence des studios depuis l’album « Minneapolis », en 2000. « Birdwatcher » s’inscrit dans la démarche initiée avec ce dernier album, le clarinettiste-saxophoniste retrouvant ici les Tony Hymas, Jef Lee Johnson, Sonny Thompson et Michael Bland, en plus du contrebassiste François Moutin, du batteur JT Bates, du légendaire percussionniste Airto Moreira, et de quelques représentants de la jeune garde américaine, dont l’excellent saxophoniste Tony Malaby et Erik Fratzke, bassiste du trio Happy Apple. Cet ensemble à première vue disparate crée une atmosphère légèrement fusion (échos du Miles de « In A Silent Way » ou de « Bitches Brew »), de laquelle jaillissent les envolées de Portal, qui, à l’occasion, se fait davantage birdcaller que birdwatcher (échos de Dolphy à la clarinette basse). Malaby lui donne souvent la réplique, mais on aurait peut-être aimé les entendre dialoguer plus longuement, dans un contexte plus dépouillé, moins produit – car le producteur Jean Rochard joue ici un rôle similaire à celui de Teo Macero chez Miles Davis, imposant une sonorité d’ensemble qui limite peut-être quelque peu l’improvisation. Des dix thèmes, on retiendra Impatience, un joyeux amalgame du Blues Connotation d’Ornette Coleman avec une sinueuse phrase à la Monk. Ceux qui s’ennuient du Portal débridé et libertaire des années 70 peuvent passer leur tour. Pour les autres, disons que c’est assurément son meilleur disque depuis « Dockings », édité chez Label Bleu. FAH

Michel Donato et ses amis européens :
Volume 2

Effendi, FND 072

HHHIII

Il y a de ces musiciens à qui Dame Chance sourit. Le mois passé, à la veille du lancement de ce second volet de son projet transatlantique (avec un concert en sus dans la série Jazz en Rafale), le contrebassiste Michel Donato a été désigné récipiendaire de l’Ordre du Canada, une distinction qui vient couronner une carrière de plus de 40 ans. Bien qu’au seuil du troisième âge (il marquera ses 65 printemps en août prochain), il est entouré des mêmes compères dans ce second volet, inscrit dans la continuité du premier enregistrement, paru deux ans auparavant. On retrouve dans cet séance studio tout bien peaufinée, 12 pièces concises, une seule dépassant le cap des sept minutes. Toutes les assises d’un jazz acoustique traditionnel y sont : formes circulaires, variations mélodiques reposant sur les harmonies, défilé de solos, minimum de risques et de périls. Le saxo ténor de François Théberge, Québécois faisant carrière à Paris, rappelle Joe Henderson et moult autres dans le genre, le trompettiste polonais Piotr Wojtasik ne se détache pas de la moyenne des stylistes neo-bop, ibid pour le guitariste hollandais Michael Felderbaum et le batteur Karl Jannuska, ex-Montréalais émigré lui aussi à Paris. Des moments de surprises ? Outre la petite vignette humoristique de deux minutes et demie Soro, du leader – morceau qui pourrait convenir à un film de Chaplin –, la musique défile le plus souvent à tempo moyen, sans heurts aucuns, mais manquant tout de même de moments prenants. On se rendra bien compte à l’écoute de ce disque que ce genre de jazz avait certes connu son apogée… au XXe siècle. MC

Gebhard Ullmann: Die Blaue Nixe

Between The Lines, BTLCHR 71216

HHHHHI

Musicien inclassable par sa volonté d'échapper aux catégories, le polyinstrumentiste Gebhard Ullmann est une figure de l'avant-garde berlinoise depuis les années 80. Il a testé ses qualités de saxophoniste ténor et soprano en compagnie d'improvisateurs notables de New York, dont Ellery Eskelin. On le connaît également comme technicien accompli des anches, en particulier de la clarinette basse, dont il sait tirer toutes les couleurs dans le registre grave. Le parcours atypique de ce musicien est semé d'une vingtaine d'albums de qualité constante, tissés en un fil tendu à la croisée du free et d'un jazz actuel plus européanisé, pratiqué le plus souvent comme laboratoire de formes et d'expressions. Il n'est sans doute pas surprenant de retrouver cette dualité dans ce disque en trio exemplaire, un projet de ballades qui s'inscrit dans une recherche de temps suspendu, une allégorie de la nuit dans laquelle on parcourt les zones nébuleuses de l'inconscient. Gebhard Ullmann transforme ce disque d’ambiances en un univers poétique où convergent les forces d'une véritable œuvre d'art. Il s'est associé ici à Art Lande, pianiste discret mais assurément plus audacieux qu'on ne l'a imaginé auparavant, et au contrebassiste Chris Dahlgren, dont le jeu tout en profondeur et lyrique à souhait apporte à cette formation sans batterie une assise rythmique essentielle. Les sept variations sur Die Blaue Nixe (La fée bleue) alternent avec des interludes en solos pour conserver la dimension intimiste et créer une architecture de tensions discrètes. Diversité des traitements musicaux, refus d'emphase, méditation proche du silence, tout cela aboutit à un album à découvrir, enregistré dans un studio de fine pointe de la radio berlinoise, d’où la prise sonore limpide de chaque instrument. CC

À voir : En concert le 5 avril à la Casa del Popolo
Gebhard Ullman avec Steve Swell (trombone), Hill Greene (contrebasse)
et Barry Altschull (batterie).

Vic Vogel: Je Joue mon piano

VVCD-3-7797

HHHHII

One of the quotes found in the liner notes of this mega-release (an audio disc of over 70 minutes and two DVDs with over 4 hours of material!) is: “I always leave them wanting more.” In this case Vogel deviates from his usual practice. But with his career now stretching into its sixth strong decade, he has earned the right to indulge. In the audio CD, the most important component of this multi-media release, one hears the soul of Vogel’s art. The music is romantic and earthy, in a rather old-fashioned way (Vogel calls himself a “modern traditionalist”), with glimpses of Earls Hines, Duke Ellington and Lenny Tristano. Better known for his writing and his Big Band, Vogel is not always the most fluent pianist and his playing is essentially made up of a lots of recycled ideas, with many melodic and harmonic phrases that recall many a standard. But it is always expressive and never stagnates. A larger-than life character if there ever was one, Vogel’s spirit comes through in the accompanying DVD documentaries, flaws and all. In a way this stays true to Vogel’s philosophy of music, as articulated in the documentaries, which emphasizes honesty and authenticity. In the CD these qualities are in full display, as every nuance from Vogel’s 1951 piano comes through crystal-clear. One DVD reprises the audio CD with visuals, and an added set of duets with some of Vogel’s big band members. This side, along with the documentaries that show the artist in action, are all apt testimonials to a career well-led. PS


(c) La Scena Musicale