La percussion japonaise Par Bruno Deschênes
/ 31 mars 2007
La visite, le 25 mars 2007 à
la Place des Arts, de Kod¯o, le célèbre ensemble de percussion japonaise,
m’incite à vous présenter sommairement l’historique de cette musique
et à vous présenter l’ensemble montréalais Arashi Daïko. Jouer
du taïko ne consiste pas simplement à frapper un tambour, mais surtout
à y intégrer une discipline spirituelle caractéristique des arts
martiaux japonais.
Les grands ensembles de taïkos sont
apparus après la Seconde Guerre mondiale. En 1951, un musicien jazz
découvre une vieille partition de taïko. Il propose aux moines du
temple d’O-Suwa, en bordure du lac Suwa à l’ouest de T¯oky¯o,
d’y jouer cette pièce. Il décide de faire appel à un nombre plus
grand de tambours que le nombre original, lui permettant ainsi de «
jazzer » le jeu en utilisant des parties rythmiques partagées entre
les différents tambours. Le succès fut immédiat. En 1959, l’ensemble
Yushima Tenjin Sukeroku Daïko vit le jour à T¯oky¯o et développa
un style rythmique plus rapide, plus fluide et surtout plus énergétique,
qui est à la source du style chorégraphique et flamboyant que nous
connaissons aujourd’hui. En 1969, le musicien Tagayasu Den fonda,
sur l’île de Sado située sur la côte est du Japon, le groupe Za
Ondekoza pour qui jouer des percussions devint un mode de vie. En 1981,
le groupe se scinde et le célèbre groupe Kod¯o est créé.
Dans les années soixante-dix,
le gouvernement japonais, réalisant que plusieurs grandes traditions
japonaises disparaissaient à un rythme alarmant, décida de donner
des subventions pour inciter les gens à la préservation du patrimoine
culturel japonais. Ces subventions ont presque toutes été utilisées
pour la création d’ensembles de taïkos locaux. Outre le succès
des concerts, la percussion japonaise intéresse aussi de plus en plus
un public qui désire en jouer. Il existerait plus de 8000 ensembles
de taïkos au Japon. Depuis la fin des années soixante, ces ensembles
ont fait leur apparition partout à travers le monde. Le premier de
ces ensembles à voir le jour a été le San Francisco Taiko Dojo en
1968. Il existerait aujourd’hui près de 200 ensembles de percussion
japonaise aux États-Unis et au Canada, et d’autres en Europe, en
Australie, en Amérique du Sud et ailleurs.
Montréal possède son ensemble
de taïko : l’Ensemble Arashi Daïko, dirigé par Mikio Owaki. L’ensemble
débuta en 1983 en tant qu’activité du Centre culturel canadien japonais
de Montréal (CCCJM). À l’époque existait déjà un ensemble de
taïkos à Vancouver. Un des membres fut invité à venir donner des
ateliers à Montréal. Au début, le groupe pratiquait sur des pneus.
Les premiers tambours ont été apportés de Winnipeg. En fait, la plupart
des ensembles de taïko en Amériqe fabriquent leurs propres tambours,
ceux fabriqués au Japon coûtant très chers. L’ensemble a donné
son premier concert en juillet 1984 à Montréal. Ils étaient trois
à jouer avec les deux tambours de Winnipeg, et un troisième tambour
qu’ils avaient fabriqué eux-mêmes.
Les membres participent au groupe
bénévolement. Au début, ils devaient payer pour participer et ainsi
permettre l’achat de nouveaux instruments et autres matériaux. L’ensemble
en vint à donner plus de concerts lui permettant de percevoir des cachets
; les membres réguliers n’avaient donc plus besoin de payer des frais
de participation. Mais aussi, étant une activité du CCCJM, une partie
des revenus est remise au centre. Arashi Daïko, qui signifie « tonnerre,
orage », est un des principaux ensembles de percussion japonaise
au Canada. Ils ont joué à Toronto, Ottawa, Halifax et dans plusieurs
villes du Québec. Le groupe a visité la France à deux reprises.
Mikio Owaki m’informe qu’Arashi
Daïko fonctionne comme un doj¯o japonais. Le plus important n’est
pas d’être bon, mais de savoir partager avec les autres membres la
philosophie du groupe : respect, appréciation et considération. La
percussion japonaise est une discipline spirituelle par laquelle chacun
se découvre intérieurement par la musique ! n
Music & Youth Culture
Dan Laughey
Edinburgh University Press, 2006, 248
p.,
ISBN 0-7486-2381-7
Les recherches en culture des jeunes
font partie des travaux et des débats des sociologues depuis la première
moitié du XXe siècle, du fait qu’entre les deux grandes guerres
mondiales, les jeunes ont commencé à se démarquer plus distinctement
des cultures adultes. Des recherches dans les années 1970 considéraient
les cultures de jeunes comme homogènes, mais surtout, en opposition
directe à la culture dominante. Les jeunes étaient rarement interviewés.
Les développements de ces recherches depuis le début des années 1990
démontrent que les prémisses des études précédentes étaient erronées
: les groupements de jeunes ne sont aucunement homogènes en matière
de musique et, surtout, ceux-ci ne sont pas forcément en opposition
à une culture politique dominante. Ces nouvelles recherches démontrent
une vision plus écologique de l’étude des jeunes.
Opa !
Les Gitans de Sarajevo
www.lesgitans.info, CDLCD 2006 (49 min
30 s)
« Opa ! » est le troisième CD des Gitans
de Sarajevo. Ces 7 musiciens de l’ancienne Yougoslavie ont élu domicile
à Montréal. Ils ont choisi de nous faire connaître une musique de
gitans très particulière des Balkans. On retrouve bien sûr des gitans
partout dans les Balkans. Ceux-ci deviennent les ambassadeurs de la
musique de la région où ils résident. La musique à la source des
Gitans de Sarajevo en est une qui fait appel aux instruments à vent,
et surtout aux cuivres. Dans le cas du groupe montréalais, la trompette
est omniprésente tout au long du CD. Cette utilisation de cuivres serait
d’origine turque, de l’époque de l’empire Ottoman. C’est une
fête aux sonorités très brillantes. |
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