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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 6 March 2007

Jazz

March 31, 2007


Écrans sonores : Le documentaire musical à l’heure du numérique

Marc Chénard

Dans le numéro de fin 2006 de ce périodique, cette section était consacrée, en bonne partie, à la série Jazz Icons, une documentation visuelle inédite de valeur historique appréciable. Par ailleurs, nous nous sommes penchés dans les derniers mois sur l’objet-disque, en évoquant d’abord son glorieux passé, puis son présent marqué d’incertitudes de toutes sortes.

Mais de tous les changements survenus dans le domaine de l’enregistrement durant les trente à vingt dernières années, ce sont les supports visuels qui ont pris le plus d’ampleur sur la place publique. Désormais, le digital versatile disc (DVD) est roi et maître, faisant mordre la poussière à la cassette VHS qui, comme certains s’en rappelleront, avait elle-même consigné sa concurrente Beta aux oubliettes. Pourtant, il aura fallu attendre près de 20 ans après l’introduction du numérique pour que cette technologie s’applique à l’image. Chose intéressante, ce passage a été accepté très rapidement, ce qui ne fut pas le cas avec le CD, qui, à ses débuts, était bien loin de faire l’unanimité et continue toujours d’avoir ses détracteurs.

Trois portraits

Support visuel et auditif de fine pointe, le DVD a donc ce double avantage de rapprocher le mélomane du son ainsi que de la performance. Bien sûr, il y a les captations de concerts qui nous font revivre l’événement, mais il y a aussi le documentaire qui permet d’en apprendre davantage sur les créateurs.

Depuis plusieurs années déjà, le Festival international des films sur l’art (FIFA) inscrit à son programme un volet musique, qui regroupe plusieurs genres, dont le jazz. Par le passé, les amateurs se retrouvaient, par exemple, pour découvrir Cecil Taylor au grand écran de la Cinémathèque, ou être témoin du premier concert électrique de Miles Davis. Pour cette nouvelle édition du festival, sa vingt-cinquième, la cuvée s’avère des plus intéressantes.

En effet, trois documentaires ont été sélectionnés : deux sur des pianistes (et pas n’importe lesquels), le dernier sur une percussionniste. Le premier de ceux-ci, intitulé The Art of the Improviser, est un portrait du renommé Keith Jarrett. Mis sur le marché en 2004 (et recensé d’ailleurs dans ces pages par le collègue Collard), cette réalisation du cinéaste britannique Mike Dibb est, du point de vue cinématographique, une production solide. En 84 minutes, on découvre le monde de ce jazzman qui, dès les premières minutes, affirme : « Je suis devenu musicien de jazz à cause de la musique classique. » Sa carrière est méticuleusement retracée : ses débuts de jeune prodige, qui donna son premier concert à huit ans ; son arrivée au jazz (avec des films d’archives intéressants des années 60 et 70) ; son ascension au zénith après avoir scellé son pacte avec l’étiquette ECM et le producteur Manfred Eicher ; enfin, la maladie qui l’a écarté de la scène au milieu des années 90. Ses fanas connaissent sans doute cette production, mais pour les autres, il faut souligner le fait qu’elle nous offre de multiples points de vues. Jarrett a plus que son mot à dire, évidemment, et on entend les questions de l’intervieweur (toujours pertinentes), mais d’autres intervenants témoignent aussi, ses accompagnateurs actuels Gary Peacock et Jack de Johnette en tête de liste, son premier gérant (George Avakian), l’actuel (Steve Cloud), son promoteur japonais (Toshinori Koinuma), son frère Scott, sa femme, bref, tous ses proches. Pourtant, on n’entend ni journalistes, ni critiques (mais peut-on s’en étonner, le musicien ayant posé ses conditions avant de donner son aval au projet ?). Notons enfin que le DVD contient un segment de plus de vingt minutes d’un concert au Japon et des supppléments d’entrevues, qui ne seront pas montrés en salle.

De l’Amérique, passons maintenant au Vieux Continent, cette Europe qui, elle, a accordé les lettres de noblesse au jazz bien avant sa terre natale. Parmi ces pays, la petite Confédération hélvétique est l’une des terres d’élection de la modernité jazzistique, particulièrement dans sa partie germanique. Musicienne nationale pour ainsi dire, la pianiste Irène Schweizer fait aussi l’objet d’un très bon documentaire éponyme, film réalisé par une compatriote, Gita Gsell. De ses débuts dans des ensembles de jazz d’allégeance hard bop des années soixante, Schweizer a plongé dans la musique free européenne des années 60, sous l’impulsion de Cecil Taylor (qui, fait étrange, n’est nullement mentionné dans ses propos). Tourné en 2003 et 2004, ce film d’une durée de 75 minutes, remonte dans le temps jusqu’à son premier contact avec la musique, ses parents étant tenanciers d’un hôtel jumelé d’une salle de spectacle à Schaffhausen, jusqu’à un périple en Afrique du Sud avec un compagnon musical de longue date, le batteur Louis Moholo. Le tout est agrémenté de conversations avec la musicienne (en Schwyzerdütsch, mais ne craignez rien, il y aura des sous-titres français à la projection), les producteurs de la maison de disque Intakt (Patrik Landolt and Rosemarie Meier), ses acolytes musiciens, tels Joëlle Léandre, Han Bennink, le susdit M. Moholo, et le producteur du festival de jazz de Willisau, Nikolaus Troxler, etc. Pour les mordus aussi, le DVD contient plus de trente minutes d’un splendide concert en duo avec M. Bennink et un autre segment de vingt minutes avec Hamid Drake et Fred Anderson (voir chronique de l’enregistrement sonore sur la page suivante).

Dernier document de ce triumvirat, Queen of Percussion est un portrait de la percussionniste danoise Marilyn Mazur, réalisé par Christian Braad Thomasen. Peut-être moins connu du grand public, elle fait pourtant partie de l’ensemble régulier de Jan Garbarek depuis 15 ans et s’est fait remarquer aux côtés de Miles Davis dans les années 80, par exemple en dansant sur scène en frappant un de ses tambours (vu dans un extrait d’archives). On la voit en concert avec son ensemble tout feu tout femmes (Percussion Paradise), et aussi avec son autre formation (Future Song). La dame a le verbe bien facile, comme on le constatera dans le segment où elle fait le tour de son arsenal d’instruments entassés dans sa demeure, mais on a aussi droit à de brèves interventions de son mari, le bassiste Klas Hovman, et de Garbarek. Si vous connaissez le danois, tant mieux, mais les autres pourront quand même suivre les sous-titres offerts en langue anglaise. Avis à ceux et celles qui s’intéressent au tam-tam, 72 minutes, tambours battants. n

Voir calendrier Jazz + en page 24 pour la date, l’heure et le lieu
de projection de ces films.

A Springtime Breath of Fresh Musical Air

Paul Serralheiro

The 7th annual Jazz en Rafale series, a mini-festival celebrating established and emerging talent in Quebec and beyond, will run from the 15th to the 24th of this month at the Espace Dell’ Arte. Co-presented by Jazz Services and the Effendi Label under the artistic direction of the label’s co-president Alain Bédard, this event juxtaposes veterans like Michel Donato, Jean-Pierre Zanella and Yves Léveillé with up-and-comers in the field, eleven of whom are given the spotlight in a competition testing their creative efforts. The winner earns free studio time and a first professional CD release.

Last year’s winners, the NDE Quartet from Sherbrooke, will perform and launch their debut release the first night. Of their winning the contest last year, Sébastien Beaulieu has said that “the jazz milieu is not easy. Contests like this one help a lot, creating the chance for groups to make themselves known.” Bédard, for his part, avers that “everyone liked the demo the band first sent in, with a good reading of the standard, Invitation, and interesting original compositions to boot” While the originals are probably the most creative aspect of the contest, the standards, as Bédard opines, give “a common point of reference for the groups, so we can readily evaluate the characteristics of each contestant.”

Although the winner’s disc is produced by the label, Bédard stresses the difference between it and Jazz Services is that the latter is a non-profit organization that promotes the talent presented at this event, regardless of label affiliations. “We never got grants in the past because everyone always thought there was a conflict of interests between the label and the event, so we’ve continued without them, but each year we have had groups who had no connection to the company.” The only sponsorship comes in the form of a small grant from the Conseil des arts de Montréal for the shows of Toronto bassist Roberto Occhipinti and local pianist Julie Lamontagne. While “some groups get grants from their end,” Bédard still hopes that “for next year, Jazz Services can get more funding and integrate a wider range of artists into the concert series.”

Other highlights of the event will include the launch of a new disc by Michel Donato and his European friends and a collaboration by the Effendi Jazz Lab and saxophonist-composer François Théberge. “There’s a focus on Québécois musicians,” Bedard avows, “but we’re always looking for a way to establish links with musicians from outside.” Aside form Donato’s European cohorts, this year’s series includes musicians from Brazil, Japan, Cuba and Toronto. But he is quick to reiterate the main emphasis: the showcasing of younger musicians: “There’s lots of talent out there, and our goal is to bring that new generation along.” n

For schedule of events: See calendar Jazz + on page 24

(Pour l’horaire complet des spectacles de la série Jazz en Rafale,
voir le calendrier Jazz + en p. 24
)

au rayon du disque

Marc Chénard, Charles Collard, Félix-Antoine Hamel, Paul Serralheiro

Irene Schweizer Fred Anderson Hamid Drake: Willisau & Taktlos (Live)

Intakt CD104

MMMMPP

Les notes de cet enregistrement récent sur l’excellente maison de disques hélvétique Intakt établissent une analogie entre l’improvisation et la consommation alimentaire. Ainsi, les bons improvisateurs ne doivent pas juste arriver à table affamés, mais aussi avec de quoi se sustenter. Ici, nous sommes en présence d’une pianiste, née en 1941, d’un saxophoniste né en 1929 et d’un jeunot, un percussioniste né en 1955. Figure emblématique du jazz suisse depuis plus de 40 ans, Dame Irène est douée d’un incomparable savoir pianistique qui fait écho à ses racines (du hard bop jusqu’au free jazz, dans le sillage de Cecil Taylor, bien sûr), mais aussi à une passion pour la musique kwela de l’Afrique du Sud. Quand elle n’est pas au clavier, elle s’adonne à la batterie, ce qui explique son jeu très percussif, faisant d’elle une partenaire idéale pour les batteurs. Et lorsqu’il s’agit de l’un des grands batteurs de notre temps, comme Hamid Drake, les étincelles ne peuvent que gicler. C’est ce qui se passe dans la première des quatre plages de ce recueil, un duo de 21 minutes qui pétille d’une complicité exemplaire. Après cette excursion en direct au festival Taktlos, le duo revient à la charge pour 50 minutes de plus, cette fois-ci avec le vétéran ténor Fred Anderson. Musicien free, sans être un hurleur, le saxo est somme toute assez conservateur dans son jeu, gravitant autour d’un centre tonal, et n’excédant jamais les limites normales de son instrument. De ce fait, il impose à ses partenaires un certain ambitus, ce qui rend cette musique libertaire éminemment accessible à ceux pour qui cette musique pose problème. Rien de tel ici, car la générosité de ces artistes vous fera, sans aucun doute, danser dans votre tête. MC

Myra Melford: The Image of Your Body

Cryptogramophone CG 131

MMMMPP

Inscrite à ses débuts dans la mouvance du jazz post-free new-yorkais des années 80, la pianiste Myra Melford a enrichi sa palette sonore de certaines musiques du monde. D’une part, on perçoit celle de l’Inde (apprise durant un séjour à Calcutta dans les années 90, où elle a étudié, entre autres, l’harmonium), d’autre part, celles des Balkans et du Maghreb. Avec cet ensemble de dix compositions pour quintette gravées en 2003, Melford se place dans un univers éloigné du jazz libertaire américain, et c’est peut-être grâce à la perspicacité de Jeff Gauthier, patron du label Cryptogramophone, que ce disque est disponible. En début de programme, Equal Grace vient opportunément rappeler les talents de cette compositrice et enseignante qui réside à Berkely en Californie depuis 2003. La trompette envoûtante de Cuong Vu (un nom à retenir) mêle ses accents à l’harmonium dans une dérive « electro-organique » placée sous le signe de l’Europe de l’Est. L’album offre plusieurs solos de longue haleine avec des boucles de guitare planante, voire d’ombrageuses rêveries de jazz fusion qui ne laissent pourtant pas de vive impression. La plage-titre, en revanche, respire un air exotique convaincant, alors que le banjo de Brandon Ross réussit vraiment à sonner comme un oud. Soulignons la pièce Be Bread, qui donne son nom à ce quintette, et dont le thème en forme de raga est soutenu par une rythmique qui danse, assurée par le bassiste électrique Stomu Takeishi et le batteur Elliot Humberto Kavee. On appréciera pour les ambiances souvent mystérieuses, mais cette offrande pèche aussi par certaines longueurs. CC

Mainstreams and Tributaries:
Honouring past Masters

Bennie Wallace: Disorder at the Border
(The Music of Coleman Hawkins)

Enja Jenj 3327-2P

MMMMPP

William Parker and the Little Huey Creative Music Orchestra:
For Percy Heath

Victo CD102

MMMMPP

Bennie Wallace, a saxophonist from the American south who entered the scene in the 1970s, brings to his sound much that’s axiomatic about jazz. At once free-playing and traditional with commercial appeal, a dedicated tenorman and composer, this horn player gives the reins of inspiration over to the spirit of Coleman Hawkins. What’s more, he comes to this project with a good 30 years of pro playing under his belt. The angularity and flow that Wallace is known for are perfectly suited to a tribute to the father of tenor sax, with a representative sampling of two Hawkins originals, (one of these being the title of this recording), two standards and one spiritual associated with “Hawk,” or “Bean”, his Swing Era nickname. Swing-era sampling though it may be, this stuff gets lifted off the pages of history in fresh arrangements by Anthony Wilson and Wallace in a “little big band” setting. Between the carousing brassy bookends that open and close the disk (the title track and Joshua Fought the Battle of Jericho respectively), we get nuanced offerings, including “Body and Soul,” (of course), which Wallace renders with sensitivity and spirit, respecting the terms of the tune’s title in its reconstitution of this tribute album’s dedicatee.

An unlikely connection is suggested here by this latest offering from bassist William Parker and his fourteen-man Little Huey Orchestra. True, the free jazz bassist may well seem remotely connected to the bebop master and ground-keeper of the Modern Jazz Quartet, but the band leader’s laconic notes to a 2005 Victoriaville performance, barely a month after Heath’s death at 81, inform us that the connection is a personal one. In it, Parker mentions having met the late bassist on two occasions and received important words of encouragement. Parker — a creative wellspring to some and a relative unknown to most — was told by an elder to “keep playing your music.” As can be expected, Parker’s drive and inventiveness are impressive and he brings everyone on board along with him in this four-part tribute simply called For Percy Heath, Parts 1,2,3,4. The swing, the melodic flow and form are organic, coherent, and firmly anchored in the blues-drenched tone of the leader’s throbbing lines. The Little Huey Orchestra (an improvising big band named after a Bronx poet who died at 17) brings lots of talent to the table with results that are as uplifting as they are elegiac. PS

Damian Nisenson + Jean Félix Mailloux + Pierre Tanguay : Muzika

Malasartes Musique mam 001 (distribution DAME)

MMMMPP

Curieux parcours que celui du saxophoniste Damian Nisenson: argentin, il a également habité en Suisse et est Montréalais depuis quelques années; musicien féru de jazz et de musiques actuelles, il bénéficia aussi d’une formation de comédien, de clown et d’acrobate, en plus de ses études en histoire, en journalisme et en psychologie ! Accompagné du contrebassiste Jean Félix Mailloux et de l’omniprésent Pierre Tanguay à la batterie, il interprète ici huit thèmes originaux plus une pièce traditionnelle, révélant une forte influence de la musique klezmer, est-européenne (Druse Dubke), ainsi que de lointains échos du tango (Paspire). La parenté de pièces comme Hanne et Ojos rojos avec les compositons de John Zorn pour Masada est inévitable, et pourtant le trio leur insuffle une vie propre. La sonorité de Nisenson est chaude et généreuse, aussi bien à l’alto et au ténor qu’au sopranino; son solo sur Carne de mia perna est l’un des meilleurs moments de cet excellent disque. FAH

Classiques du free?

Cecil Taylor Unit :
The Eighth

hatOLOGY 622

MMMMMP

John Carter & Bobby Bradford’s New Art Jazz Ensemble : Seeking

hatOLOGY 620

MMMMMP

Cecil Taylor n’a plus besoin de présentation. En 1981, lorsque The Eighth fut enregistré, le pianiste bénéficiait d’un Unit au zénith : en plus du fidèle saxophoniste Jimmy Lyons, on y retrouvait deux représentants de la nouvelle génération : le batteur Rashid Bakr et le contrebassiste William Parker, qui devait passer la décennie suivante auprès de Taylor. Après une courte introduction en forme de chant incantatoire, le quartette construit peu à peu une pièce de près de soixante minutes (Calling It The 8th) selon les principes chers à Taylor : déconstruction du matériel thématique; solos aériens de Lyons, véritable Charlie Parker post-moderne; épisodes pianistiques frénétiques; dialogue continu avec contrebasse et batterie; et... très peu de temps morts ! La performance se termine sur un rappel de dix minutes (Calling It The 9th), d’une intensité égale, sinon supérieure, à la pièce de résistance. Classique ? Indubitablement.

John Carter a toujours fait figure de grand oublié: devant sa discographie peu fournie, on ne peut que se réjouir de cette (seconde) réédition de l’un de ses premiers albums, enregistré en 1969 pour l’étiquette californienne Revelation. Beaucoup seront tentés d’écarter ce quartette du revers de la main pour de « l’ornette-colemanite » aigüe, mais ce serait se priver d’un enregistrement majeur et splendide. La clarinette, instrument auquel Carter allait se dévouer exclusivement par après, ne se fait entendre que sur le sautillant Sticks and Stones, l’un de ses meilleurs solos sur disque; ailleurs, on l’entend à la flûte, au ténor et à l’alto (notamment sur le très beau Karen On Monday). Le trompettiste Bradford se montre un partenaire idéal et la section rythmique (le bassiste Tom Williamson et le batteur Bruz Freeman) est alerte et ouverte. Au risque d’utiliser un cliché, disons qu’il s’agit d’un disque à (re)découvrir de toute urgence. FAH

Florian Weber Jeff Denson Ziv Ravitz : Minsarah

Enja/Justin Time Jenj 3305-2

MMMMPP

D’après les photos dans le livret de ce disque, nous avons le plaisir de découvrir trois musiciens assez jeunes, mais pas pour autant inexpérimentés. Le pianiste Florian Weber, qui signe quatre des onze titres de cette surface de 55 minutes, a du Jarrett dans les doigts (et même son tic de chantonner en même temps), mais échappe aussi à cette influence (surtout dans une version fringante de ESP de Wayne Shorter ou son Lunatic en fin de programme); par ailleurs, il emploie aussi du kalimba des boucles pré-enregistrées et souffle même dans une bouteille de rhum. Ses acolytes, Jeff Denson (basse) et Ziv Ravitz (batterie), lui vont comme un gant. Ensemble, ces messieurs font du piano trio jazz bien de notre temps, lyrique à plus d’un endroit, mais aussi un brin audacieux, (par exemple le morceau Shift, le plus exploratoire du disque). Félicitons-les aussi pour leur concision (seule une plage dépasse les sept minutes), d’où un meilleur impact dans leur présentation musicale. Avis aux amateurs de piano : vous n’en sortirez pas déçus. MC


(c) La Scena Musicale