Les compositeurs qui ont fait l’histoire / Composers who Made History Par/by Holly Higgins Jonas
/ March 31, 2007
Si l’on vous demandait de choisir,
parmi les grands compositeurs de toutes les époques, un seul qui aurait
fait l’histoire, lequel choisiriez-vous ? Nous avons posé la
question à douze spécialistes de la musique (des universitaires, des
musiciens, des compositeurs, des musicologues ainsi que des chefs de
chœur, d’orchestre et d’opéra) de divers endroits. Dix compositeurs
sur une période de cinq siècles ont été retenus, dont deux ont chacun
obtenu deux votes. Pourriez-vous, chers lecteurs, prédire les résultats
?
Auriez-vous prévu que le compositeur
italien de l’époque baroque Claudio Monteverdi (1567-1643)
obtiendrait deux votes? Il fut le choix de Jon Washburn, directeur
artistique et général du Vancouver Chamber Choir, une formation de
réputation internationale.
« La longue carrière de Claudio
Monteverdi s’est étendue de la fin de la Renaissance au début de
l’ère baroque et il a composé de la musique tant dans le style ancien
que le style nouveau. Il composa peu après 1600 le premier opéra important,
Orfeo, et quelques années plus tard, la première grande œuvre
chorale dans le genre de l’oratorio, les célèbres Vêpres
de 1610. Ces deux œuvres phares ont jeté les fondements de la musique
vocale, chorale et orchestrale des siècles suivants, amorçant
littéralement l’histoire de l’opéra et de l’oratorio et faisant
de Monteverdi le père de toute la musique vocale », affirme Jon Washburn.
Monteverdi fut aussi choisi par
Chantal Masson-Bourque, professeure de musique à l’Université
Laval, chef du Chœur des Aînés et chef permanent du programme musical
d’été au Domaine Forget. Mme Masson-Bourque s’explique ainsi :
« C’est le premier des musiciens
modernes. Il m’a donné deux chocs esthétiques si profonds que j’ai
dû longuement marcher en silence dans la nuit pour retomber sur terre.
La première fois, c’était après une représentation du Couronnement
de Poppée (1642), au théâtre du Petit Marigny, à Paris, et la
deuxième fois, après avoir entendu les Vêpres de la Vierge
(1610) dans une abbaye en Belgique. Quelle extraordinaire modernité,
quel
lyrisme, si humain, si proche de la sensibilité de notre siècle !
« En trente ans, dans le formidable
laboratoire de ses madrigaux, Monteverdi a complètement transformé
le langage musical. Cent ans avant Bach, il a stabilisé la tonalité,
modulé avec audace, osé des dissonances stupéfiantes ‘dont il ne
faut pas avoir peur’, disait-il, car elles expriment la complexité
de l’âme humaine. Créateur de l’opéra avec l’Orfeo (1607),
il a introduit le récitatif dramatique, donné aux instruments leur
indépendance, utilisé les couleurs des timbres pour suggérer la beauté
de l’heure ou le tragique de la mort. Il est l’inventeur du tremolo
pour refléter le trouble des passions. C’est vraiment le Shakespeare
de la musique!
« Quel révolutionnaire
! Les critiques du temps s’effarouchent. Le peuple en raffole
! Durant cent ans, son œuvre, éditée et jouée dans toute l’Europe,
provoque une complète révolution du goût et des habitudes musicales.
« Bach, Mozart, Beethoven, Wagner,
Debussy n’auraient pu être ce qu’ils ont été sans l’œuvre
de Monteverdi. »
Les compositeurs allemands dominent
les deux siècles qui suivent Monteverdi, le premier étant Johann
Sebastian Bach (1685-1750). Il a été le choix de John
Grew, organiste de l’Université McGill et
directeur de la musique d’orgue et religieuse à l’École de musique
Schulich de l’université.
« Je crois que c’est la capacité
de Bach de combiner l’art et la science qui fait en sorte que sa musique
s’adresse en même temps à la tête et au cœur. Le paysan est aussi
remué que le prince et sa musique transcende le profane de telle manière
qu’elle en devient sacrée. Grâce à la science parfaite de son langage
musical, l’auditeur moyen est aussi ému que le mathématicien qui
peut analyser chaque figure contrapuntique. Lorsqu’il inscrivait ‘Soli
Deo Gloria’ à la fin d’une œuvre, Bach savait parfaitement ce
qu’il voulait dire, car il ne voyait aucun conflit entre la science
et la foi, pas plus que Newton. Sa musique embrasse toute la gamme
des émotions, que ce soit la joie des larmes dans l’air ‘Ebarme
dich’ de la Passion selon saint Mathieu ou l’allégresse
exubérante d‘Osanna in excelsis’ de la Messe en si mineur.
« L’immense héritage de Bach
touche autant les organistes, susceptibles d’être évalués d’après
leur interprétation de ses œuvres, que les élèves qui apprennent
généralement le contrepoint en étudiant ses fugues, alors que la
perfection de son harmonisation chorale à quatre voix demeure encore
aujourd’hui le paradigme pour ceux qui étudient l’harmonie. Ses
contemporains le voyaient comme ‘le plus grand harmoniste de tous
les temps et de toutes les nations’; Beethoven pouvait dire qu’il
était ‘le père de l’harmonie’; Wagner voyait dans les Passions
de Bach l’incarnation ‘de toute l’essence, de l’esprit même
de la nation allemande’. C’est cependant la représentation que
donna Mendelssohn en 1829 de la Passion selon saint Mathieu qui
fut à l’origine de notre compréhension moderne de sa musique. Quel
autre compositeur conserve une telle emprise sur nos imaginations deux
siècles et demi après sa mort ?
« Je serais éternellement rempli
de toutes les joies de ce monde si je pouvais apporter une partition
du Clavier bien tempéré sur une île déserte. »
Vient ensuite Georg Friedrich
Haendel (1685 -1759), le choix de Kelly Rice, animateur-réalisateur
de l’émission Quebec in Concert sur la chaîne CBC Radio Two.
« En quoi Haendel est-il un innovateur
? Haendel fut un habile homme d’affaires et impresario autant qu’un
grand compositeur. Les Londoniens se ruaient au théâtre pour
voir ses somptueuses productions d’opéra italien et entendre les
splendides divas et castrats qu’il recrutait
lui-même. De nos jours, il est reconnu, même avant les Italiens,
comme le plus grand compositeur d’opera seria du xviiie siècle.
« Les goûts ont changé, toutefois,
et son public s’est lassé des artifices opératiques en langue étrangère.
Haendel s’est adapté à cette conjoncture financière en créant
quelque chose d’entièrement nouveau. L’opéra italien était
sur son déclin, mais l’oratorio anglais triompha, avec une série
de succès comme Le Messie, Israël en
Égypte, Solomon et des douzaines d’autres. Haendel
innovateur ? Mais si ! »
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
suit, grâce auvote de Boris Brott, directeur artistique du Orchestre
de Chambre de McGill et du National Academy Orchestra of Canada de Hamilton.
« Beethoven a fracassé le moule
de la symphonie clasique. Il fut le premier véritable romantique et
ouvrit une ère d’expression de l’émotion qui mène directement
jusqu’au xxe siècle, sinon au xxie.
« Son combat avec la surdité
et ses difficiles rapports avec les autres, à quoi s’ajoutaient des
convictions arrêtées en matière de liberté politique, furent sans
doute les catalyseurs qui l’amenèrent à cultiver un style si personnel
qu’il produisit les œuvres les plus sublimes et les plus profondes
de tous les temps.
« Son admirable synthèse de la
tradition, de la recherche et de l’expression personnelle en fit la
figure musicale dominante du xixe siècle. Depuis, bien peu de compositeurs
ont échappé à son influence ou ne l’ont pas reconnue.
« Les neuf symphonies de Beethoven
ont amené Richard Wagner à se consacrer à la musique. Ses œuvres
sont respectées tant par les musiciens que les auditeurs et il est
probablement le compositeur le plus admiré de toute l’histoire de
la musique occidentale. »
Un contemporain de Beethoven a
également été choisi, Franz Peter Schubert (1797-1828), par
Michael McMahon, pianiste, répétiteur et professeur agrégé à
l’École de musique Schulich.
« J’ai choisi Franz Schubert
pour sa contribution au monde de la mélodie. D’autres compositeurs
avaient avant lui écrit des airs pour voix et piano, mais leurs accompagnements
étaient généralement rudimentaires et accessoires. Il ne s’agissait
le plus souvent que d’un air accompagné d’une basse figurée. Schubert
a mené le genre à des sommets inédits en faisant de l’accompagnement
au piano un partenaire égal dans l’interprétation du poème. La
partie pour piano pouvait représenter un soupir, un battement de cœur,
un rouet, un chant d’oiseau, le vent, la course d’un cheval dans
les bois, le saut d’un poisson dans l’eau ou le murmure d’un ruisseau.
Son art inégalé d’utiliser la mélodie, l’harmonie et le rythme
pour illuminer les textes de plus de 600 Lieder a défini la mélodie
et inspiré des générations entières de compositeurs. »
Son compatriote Richard Wagner
(1813-1883) obtient deux voix. L’aurait-on pensé ? Il obtient les
votes de Richard Bradshaw, chef et directeur général de la
Canadian Opera Company de Toronto, et de Jean-Jacques Nattiez,
professeur titulaire de musicologie à l’Université de Montréal.
« En écoutant Wagner, beaucoup
ont eu le sentiment de s’ouvrir pour la première fois aux véritables
profondeurs de leur personnalité. Wagner, précurseur de la psychanalyse
de Freud et de Jung, s’est servi de la musique pour faire émerger
l’inconscient. Par sa philosophie, il transforma la politique en métaphysique,
et ce, en créant un univers de dieux et de géants, un dragon, des
pommes d’éternelle jeunesse et surtout, un anneau magique – fusion
éblouissante du mythe et du conte de fée. Il a fait construire son
propre théâtre, transformé le rôle de l’orchestre et du chef et
détruit à jamais l’idée que l’opéra n’était qu’un divertissement.
Comment un homme aussi affreux a-t-il pu inventer un univers aussi bouleversant
? Wagner a fait l’histoire parce que même ceux qui le
détestent (l’homme et sa musique) comprennent qu’ils le négligent
à leur propre péril – car il a laissé un monde captivant, riche
d’une révélation sans précédent. »
Jean-Jacques Nattiez, le
deuxième champion de Wagner, donne une explication quelque peu différente,
mais non moins éloquente.
« Je considère Richard Wagner
comme un des compositeurs qui a le plus contribué à façonner l’histoire
de la musique occidentale, pas seulement parce qu’il accompagne ma
vie depuis mon adolescence, mais parce que les ébranlements qu’il
a provoqués sont considérables. Wagner contribue d’abord à l’évolution
du langage
musical : avec Tristan, Wagner conduit la tonalité installée
depuis Monteverdi au bord des éclatements qui marqueront le xxe siècle.
Il contribue aussi à l’évolution de la conception de l’opéra
qui, avec et après lui jusqu’à
aujourd’hui, n’est plus fait d’une succession d’airs, mais épouse
de manière continue la dynamique du drame à raconter. Il façonne
enfin l’évolution de la culture musicale, puisque avec lui, et dans
le prolongement de l’entreprise beethovénienne, l’œuvre lyrique
et la représentation opératique ne sont plus un simple divertissement,
mais un sujet de réflexion et d’engagement au cœur de la Cité.
Mais il y a aussi une autre raison : personne n’a écrit une musique
aussi belle ! »
Un compositeur russe du xixe
siècle obtient à son tour une mention, Alexandre Borodine (1833-1887).
C’est le choix de l’architecte René Welter, animateur des
cours de musique offerts à l’Institut d’études à la retraite
de McGill (IERM) et collectionneur de musique passionné.
« Pourquoi Borodine ? Parce que
très peu de musiciens, s’il en est d’autres, ont pu assurer leur
immortalité grâce à un si petit nombre d’œuvres. À trente ans,
Borodine était renommé comme chercheur en médecine et professeur
de chimie à l’Académie de médecine de Saint-Pétersbourg. Il se
fit aussi compositeur, mais ne pouvait consacrer que ses dimanches et
ses rares jours de congé à sa passion, la création d’une musique
typiquement russe. Dans les vingt années suivantes de sa courte vie,
il arriva à composer deux symphonies et demie, deux quatuors, un poème
symphonique et un opéra inachevé. La musique de Borodine est la plus
lyrique du Groupe des Cinq et ses mélodies, une fois entendues, sont
difficiles à oublier. Dans sa vie comme dans sa musique, Borodine
fut un homme et un artiste attachant. Sa musique nous parle directement
et son œuvre constitue malgré tout un ‘vibrant exemple des forces
mystérieuses de la créativité’. »
Auriez-vous songé à inclure
Arnold Schoenberg (1872-1951) ? Ce fut le choix d’Iwan Edwards,
reconnu ici comme à l’étranger pour ses remarquables chœurs d’enfants
et d’adultes. Fondateur du réputé Chœur Saint-Laurent, il a aussi
pendant de nombreuses années été chef du Chœur de l’OSM et dirigé
le département d’études vocales de l’Université McGill.
« On a dit d’Arnold Schoenberg
qu’il a ‘détruit la tonalité’. De tempérament bouillonnant
et curieux, Schoenberg a passé une grande partie de sa vie à remettre
en question les idées reçues en matière de composition et présenta
finalement au monde son système atonal (sans tons majeurs ou
mineurs). La ‘série’ (ou tonreinen, comme il l’appela),
est basée sur l’idée que tous les demi-tons de la gamme devraient
être traités de la même manière. Son invention mélodique exigeait
que tous les douze demi-tons de la gamme soient utilisés dans la mélodie,
mais dans une totale liberté rythmique. Le contrepoint était important
: comme la série, dans sa diversité de figures rythmiques, pouvait
survenir dans plusieurs instruments au même moment, sans qu’il pût
exister un centre tonal, le résultat était une dissonance. Tout
comme les lignes contrapuntiques ‘fondues’ du motet de la Renaissance
avaient produit une consonance dans un mode ou un ton donné, le contrepoint
de la série atonale produit une dissonance. Les théories de Schoenberg
trouvent encore une résonance dans la musique ‘classique’ du xxie
siècle. »
Un tandem mari et femme a soumis
un vote conjoint en faveur de Dmitri Chostakovitch (1906-1975).
Il nous vient de Julie Cumming, professeure de musique à l’Université
McGill, et de l’historien russe Lars Lih.
« Peu d’autres compositeurs
ont vu leur réputation changer aussi diamétralement au gré des conjonctures
politiques. Chostakovitch a reçu toute sa formation musicale
en Russie soviétique et, tout au long de sa vie, fut tantôt idolâtré,
tantôt condamné. De nombreux auditeurs de l’Ouest demeuraient sceptiques,
estimant qu’il faisait le jeu de l’État soviétique. Mais quelques
années après sa mort, survenue en 1975, la publication d’un suspect
Témoignage, faussement présenté comme ses mémoires, le fit soudain
paraître aux yeux de plusieurs comme un dissident caché. Une vision
simpliste en remplaça une autre. La controverse eut néanmoins le mérite
d’amener de nombreuses personnes à enfin réellement écouter sa
musique.
« Ainsi, après sa mort, l’étoile
de Chostakovitch monta dans le panthéon (grâce entre autres à Charles
Dutoit et l’OSM) et il est maintenant l’un des compositeurs les
plus joués du xxe siècle. Son ascension marqua également un repli
des compositions atonales qui avaient dominé la nouvelle musique après
la Seconde Guerre mondiale et un retour à un style de composition plus
soucieux de rejoindre et toucher un plus large public. Chostakovitch
et d’autres compositeurs soviétiques ont ainsi pu garder vivante
une tradition symphonique en déclin à l’Ouest. La musique
de Chostakovitch invite et en fait requiert une interprétation ‘narrative’,
mais Dieu merci, son message demeurera toujours mystérieux. »
Donald Patriquin termine
notre sondage en choisissant un compositeur canadien, R. Murray Schafer,
né en Ontario en 1933. Il est tout à fait à-propos que le mot de
la fin revienne à un compositeur lui-même joué dans plusieurs pays.
Patriquin est également chef et arrangeur et il a enseigné une trentaine
d’années à la faculté de musique de McGill.
« Schafer renverse la musique
comme un gant, la tient à bout de bras, en réexamine chaque aspect,
abolit ses frontières, l’intègre avec les arts, la philosophie,
la nature et la vie même et la renvoie au récepteur pour que celui-ci
l’éprouve à la fois dans les rôles d’interprète et d’auditeur
– car Schafer croit fermement que toute personne peut non seulement
écouter de la musique, mais aussi en créer et l’exécuter.
« L’apport peut-être le plus
important de Schafer à la musique est sa réévaluation de chacun de
ses aspects : la notation, l’exécution, l’environnement musical,
l’éducation, la composition, la fabrication des instruments et, bien
entendu, l’écoute. Il a fait des contributions impressionnantes et
durables dans chacun de ces domaines, tant par ses compositions que
par ses nombreux écrits.
« Schafer a ramené la musique
à la nature, a élargi inlassablement le droit d’en faire aux amateurs
– c’est-à-dire aux mélomanes, peu importe leur formation – et
ouvert les oreilles et les esprits d’au moins deux générations d’enfants
qui ont été exposés dans les écoles à des compositions comme
Epitaph for Moonlight (1968), Miniwanka (un hommage à l’eau,
1974). Son influence a aussi marqué toutes sortes de chœurs et d’auditoires
avec des œuvres comme Apocalypsis (1980), à couches et pour
chœurs multiples, et l’encore plus récent cycle mythologique
Patria – toujours inachevé, après trente ans d’écriture –
qui met en scène des forêts et des lacs comme plateau et salle de
concert.
« Tant les compositeurs que le
public se trouvent enrichis par sa patiente et cohérente élaboration
d’une notation graphique qui a libéré la musique du carcan de la
notation mesurée. Tous les habitants de la terre doivent être reconnaissants
à notre aîné musical, ce ‘père de l’écologie acoustique’
qui nous a éveillés au ‘paysage sonore’ (l’expression est de
Schafer) qui nous enveloppe, que nous partageons avec l’ensemble de
la nature et que nous devons respecter.
« Récemment, John Weinzweig a
dit de notre guru musical honoré de nombreux doctorats qu’il était
‘notre compositeur le plus international’. Il fait certainement
classe à part. »
Pour finir, nous vous invitons,
chers lecteurs, à répondre à la même question: à votre avis, lequel,
parmi tous les compositeurs, a au fil des siècles le plus profondément
marqué l’histoire ? Relevez le défi et faites-nous parvenir votre
choix et un court paragraphe explicatif à info@scena.org. Poursuivons
le débat, toutes les propositions seront publiées !
n
Holly Higgins Jonas est l’auteure
de In Their Own Words: Canadian Choral Conductors, Dundurn Press,
2001
If you were invited to contemplate
the many talented composers throughout the centuries, and were required
to select only one as a History Maker, whom would you choose?
We challenged a group of twelve music specialists (consisting of academics,
musicians, composers, musicologists, and choral, orchestral and opera
conductors) in various locations to individually ponder this question.
Ten composers over five centuries were identified, and two of them earned
two votes each. Can you, our readers, guess the outcome?
Would you have predicted that Italian
Baroque composer Claudio Monteverdi (1567-1643) garnered two
votes? He was the choice of Jon Washburn, Artistic and Executive
Director of the internationally acclaimed Vancouver Chamber Choir:
“Claudio Monteverdi’s long
career spanned both the end of the Renaissance era and the beginning
of the Baroque, and he composed music in both the old and new styles.
Shortly after 1600, he composed the first important opera, Orfeo,
and a few years later he composed the first important oratorio-type
choral work, the famous Vespers of 1610. These two seminal compositions
set the stage for all of the major vocal-choral-orchestral works of
succeeding centuries, literally initiating the history of opera and
oratorio, and making Monteverdi the Daddy of all Vocal Music.”
Monteverdi was also chosen by
Chantal Masson-Bourque, Music Professor at Laval University, conductor
of the Quebec City Symphony Choir and Le Chœur des Ainés, and “chef
permanent” of the summer music program at Le Domaine Forget. Speaking
of her reaction to Monteverdi, Masson-Bourque said:
“He gave me two aesthetic shocks
so profound, I had to take a long silent walk in the night to return
to earth. The first instance followed a presentation of The Coronation
of Poppea (1642) in Paris, and the second was after listening to
the Vespers of the Virgin Mary (1610) in a Belgian abbey. What
lyricism, so human, so close to the sensibilities of our own era, and
so modern!
“In the remarkable laboratory
of his madrigals, Monteverdi completely transformed musical language
over a span of 30 years. A hundred years before Bach, he stabilized
tonality, modulated with audacity, and dared to introduce stupefying
dissonances, which we should ‘not fear to do,’ he said, as they
expresse the complexity of the human soul. He created opera with
Orfeo (1607), introduced the dramatic recitative, gave instruments
their independence, and used colors and timbres to suggest the beauty
of a moment or the tragedy of death. He invented tremolo to reflect
anguish and passion. He really was the Shakespeare of music!
“What a revolutionary! The critics
of the day were shocked – the public was enchanted! For a hundred
years, his work was published and played throughout Europe, leading
to a complete revolution of taste and change in musical custom.
“Bach, Mozart, Beethoven, Wagner
and Debussy could never have become who they were without the genius
of Monteverdi.”
In the two centuries following
Monteverdi, German composers dominated, starting with Johann Sebastian
Bach (1685-1750). He was selected by John Grew, McGill University
Organist and Chair, Organ and Church Music Area, Schulich School of
Music:
“I believe it was Bach’s ability
to combine art and science that allows him to speak to the head and
the heart simultaneously. The peasant is just as touched by his music
as is the prince, and his work transcends the secular in such a manner
that it becomes sacred. The average listener is just as moved by the
perfection of the science of his musical language as is the mathematician
who can analyse every contrapuntal move. And when he wrote ‘Soli Deo
Gloria’ at the end of a work, he knew full well what he meant, for
he saw no conflict between science and Christianity any more than Newton
did. His music spans the full spectrum of human emotion, be it the joy
of tears in the aria ‘Ebarme dich’ from the St. Matthew Passion,
or the exuberant playful joy of the ‘Osanna in excelsis’ from the
Mass in G minor.
“Bach’s lasting heritage is
embraced by organists, who are likely to be evaluated according to their
ability in playing his works. Also affected are students, who generally
learn the art of counterpoint by studying his fugues, while the perfection
of his four-part chorale harmonization remains the paradigm for students
of harmony today. His contemporaries called him ‘the greatest harmonist
of all times and nations’; Beethoven declared that he was the ‘progenitor
of harmony’; Wagner described Bach’s Passions as embodying ‘the
whole essence, the whole spirit of the German nation.’ But it was
Mendelssohn’s performance of the St. Matthew Passion in 1829
that set the stage for our modern-day understanding of his music. What
other composer continues to have such a hold on our imaginations two
and a half centuries after his death?
“I would be eternally filled
with every joy that this world has to offer if I had copy of the
Well-Tempered Clavier to take to a desert island.”
George Frideric Handel (1685
-1759) now weighs in. He gets the vote of Kelly Rice, Host/Producer
for “Quebec in Concert,” CBC Radio Two:
“What makes Handel an innovator?
Handel was a clever businessman and impresario as well as a great composer.
Londoners flocked to the theatre to see his lavish Italian opera productions
and to hear the wonderful divas and castratti he personally recruited
to star in them. Today, he is better acknowledged as the greatest composer
of 18th century opera seria than even the Italians themselves.
“However, tastes changed, and
Handel’s public grew tired of operatic artifice in a foreign tongue.
Handel adapted to his financial reality by creating something entirely
new. As Italian opera failed, English oratorio triumphed, with a series
of choral hits like Messiah, Israel in Egypt, Solomon
and dozens more. Handel an innovator? Bien oui!”
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
follows next, thanks to the vote of Boris Brott, Artistic Director
of the McGill Chamber Orchestra and Hamilton’s National Academy Orchestra
of Canada:
“Beethoven broke the mould of
classical symphonic form. He was the first true romantic and ushered
in an era of emotional expression that leads directly into the 20th
if not the 21st century.
“His struggle with deafness and
his difficulty with interpersonal relationships, combined with intense
feelings about political freedom, were probably the catalysts that prompted
him to develop a personal style resulting in the most sublime and profound
works of all time.
“From his success at combining
tradition with exploration and personal expression, he became the dominant
musical figure of the 19th century. Scarcely any composer since his
time has escaped his influence or failed to acknowledge it.
“Beethoven’s nine symphonies
inspired Richard Wagner to devote his life to music. His works have
commanded the respect of musicians and audiences alike and he is probably
the most admired composer in the history of western music.”
Franz Peter Schubert (1797-1828),
a contemporary of Beethoven’s, was also selected, thanks to Michael
McMahon, pianist, vocal coach, and Assistant Professor at the Schulich
School of Music:
“I have chosen Franz Schubert
because of his contribution to the world of the Art Song. Although other
composers had experimented with songs for voice and piano, their accompaniments
tended to be simple and played a subservient role. They were often no
more than a melody and figured bass. Schubert raised the art form to
new heights by including the piano accompaniment in the interpretation
of the poem as an equal partner. It could represent a sigh, a heartbeat,
a spinning wheel, a birdsong, the wind, the sound of a horse racing
through the woods, a fish splashing in water or the babbling of a brook.
His outstanding ability to use melody, harmony and rhythm to illuminate
the texts of over 600 Lieder defined the Art Song and has inspired generations
of composers.”
Fellow countryman Richard Wagner
(1813-1883) wins a double nod! Would you have predicted that? He wins
enthusiastic votes from both Toronto’s Richard Bradshaw, Conductor,
and General Director of the Canadian Opera Company, and Jean-Jacques
Nattiez, Professeur titulaire de musicologie, Université de Montréal.
Bradshaw says:
“After listening to Wagner, many
feel that, for the first time, they are being put in touch with the
real depths of their own personalities. Wagner (precursor to psychoanalysts
Freud and Jung) used music to make the unconscious conscious. Through
his philosophy, he transformed politics into metaphysics. All this was
realized in a universe of gods, giants, life-giving apples, a magic
ring, a dragon – a bewildering fusion of myth and fairytale. He built
his own theatre, transformed the role of the orchestra and conductor
and forever destroyed any notion that opera was mere entertainment.
How could a man of such awfulness create something so life altering?
He made history because even those who dislike Wagner (man and music)
realise that they ignore him at their own peril – he offers the thrilling
possibility of extraordinary and previously undreamed-of levels of awareness.”
Jean-Jacques Nattiez, Wagner’s
second supporter, makes a somewhat different but no less eloquent claim:
“I consider Richard Wagner to
be one of the composers who dramatically altered the history of Western
music, not only because he has been part of my life since my teenage
years, but also because the upheaval he provoked was tremendous. Wagner
contributed to the evolution of musical language: with Tristan,
Wagner brought the tonality first established by Monteverdi to the edge
of bursting, a style which became typical of the 20th century. He also
contributed to the evolution of the concept of opera, which, because
of him, ceased to be a succession of arias, and which now fits in with
the dynamics of the drama being told. Finally, he shaped the evolution
of the musical culture because, with him, the lyrical work and opera
cease to be simple forms entertainment, but involve thought and commitment.
There is one more reason: no one has written more beautiful music.”
A 19th century Russian composer
now merits selection. This is Alexander Borodin (1833-1887),
voted in by architect René Welter, who is a moderator for music
courses given at the McGill Institute for Learning in Retirement (MILR)
and a passionate music collector:
“Why Borodin? Because very few
musicians, if any, have ever laid claim to immortality with so few works.
By age 30, he was renowned as an important medical research scientist
and professor at the St. Petersburg Academy of Medicine and Science.
Though he would add composing to his life, he could only devote Sundays
and relatively few holidays to his passion of creating music of a truly
Russian character. In the next twenty years of his short life, he managed
to compose two and a half symphonies, two quartets, a tone poem and
an unfinished opera. Borodin’s music is the most lyrical in spirit
of ‘The Russian Five’ and his melodies, once heard, are difficult
to forget. In life, as in his music, Borodin was an endearing man and
artist. His music speaks directly to us, and his achievement, despite
the odds, is ‘a vibrant example of the mysterious force of creativity.’
”
Would you have thought to include
Arnold Schoenberg (1872-1951)? He was the choice of Iwan Edwards,
recognized at home and abroad for his outstanding choirs, which comprise
all age groups. Founder of the acclaimed St. Lawrence Choir, Edwards
has also been Chorus Master of the Montreal Symphony Orchestra and has
headed the Vocal Performance Department at McGill University for many
years:
“Arnold Schoenberg has been referred
to as ‘the composer who destroyed tonality.’ Thanks to his restless
and enquiring mind, he spent much of his life questioning the accepted
norms of composition and finally presented the world with his system
of atonality (no major/minor tonalities). The ‘tonreinen’ (or tone-row)
is based on the premise that all twelve semitones in the scale should
be treated equally. His melodic invention demanded that all twelve
semitones in the scale had to be used within the melody but with total
rhythmic freedom. Counterpoint was important; since the tone row in
its variety of rhythmic guises could appear in several instruments at
the same time, and since there couldn’t be a tonal centre, the result
was dissonance. Just as the ‘blended’ contrapuntal lines of the
Renaissance motet had resulted in consonance within a given mode or
key, the counterpoint of the keyless tone row produces dissonance. Schoenberg’s
theories still resound in the ‘classical’ music of the 21st century.”
The Husband/Wife team comprised
of Julie Cumming, associate Professor of Music at McGill University,
and Russian Historian Lars Lih submitted a joint proposal supporting
Dmitri Shostakovich (1906-1975):
“Few other composers have seen
their reputation change so dramatically as a result of political forces.
Shostakovich received his musical training entirely in the Soviet era
and was alternately lionized and condemned throughout his life. Many
listeners in the West were suspicious of him because he seemed to be
a loyal servant of the Soviet state. That was until a few years after
his death, in 1975, when the deeply dubious Testimony, falsely marketed
as Shostakovich’s memoirs, suddenly turned him into a closet dissident
in the eyes of many. One over-simplified view thus replaced another.
Nevertheless, the controversy encouraged many people to really listen
to his music.
“And so, after his death, Shostakovich
steadily rose in the pantheon (a process given steam by Charles Dutoit
and the MSO), becoming one of the most performed composers of the 20th
century. His rise also signalled a move away from the atonal compositions
that dominated new music after World War II and a return to a style
of composing that makes more of an effort to engage and move a wider
audience. Shostakovich and other Soviet composers thus kept alive the
symphonic tradition that had begun to wither in the West. Shostakovich’s
own music invites, indeed demands, programmatic interpretation, and
yet his message will always remain mysterious. Thank goodness.”
Donald Patriquin ends our
survey with his selection of a Canadian composer: R. Murray Schafer,
born in Ontario in 1933. How appropriate it is that the last word is
given by someone who is, himself, an internationally performed composer.
Patriquin is also a conductor, arranger, and educator, having taught
at McGill’s Faculty of Music for three decades:
“Schafer turns music on its end,
holds it out at arm’s length, re-examines every aspect of it, abolishes
its borders, integrates it with the arts, philosophy, nature and life
itself, and returns it to the common person to be experienced from the
viewpoint of both performer and audience. That's because Schafer actively
believes everyone is capable not only of listening to music, but of
creating and performing it as well.
“Perhaps Schafer’s greatest
contribution to music is his re-assessment of its every aspect: notation,
performance, performance environment, education, composition, instrument
construction, and of course, listening; he has made impressive and lasting
contributions in each of these areas through his compositions as well
as through his many writings.
“Schafer returned music to nature,
enthusiastically extended the right of performance to amateurs (i.e.
music lovers, regardless of their training). He opened up the ears and
minds of at least two generations of school children, as he exposed
them to compositions such as Epitaph for Moonlight (1968),
Miniwanka (a homage to water, 1974.) His effect was the same with
all manner of choirs and audiences with works such as the more recent
multi-layered, multi-choired Apocalypsis (1980) and the even
more recent, not yet completed, mythological Patria Mr. Guiness,
which is thirty years in the making and uses forests and lakes as stage
and concert hall.
“Composers and audiences are
richer for Schafer’s life-long organic development of graphic notation,
which has liberated music from the stranglehold of measured notation.
And all that inhabit the earth must be grateful to our musical elder,
this ‘father of acoustic ecology,’ who has made us more aware of
the ‘soundscape’ (his coined term) in which we are enveloped, which
we share with all of nature, and which we must respect.
“Recently, John Weinzweig referred
to our well-doctorated musical guru as ‘our most international composer.’
He is most certainly in a class by himself.”
FInally, we now invite you, our
readers, to respond to the same question: In your opinion, who amongst
the composers throughout the ages deserves to be chosen as a History
Maker? We encourage you to meet the challenge and to send your reasons
for having selected your candidate in a short paragraph to info@scena.org.
All propositions will be printed. Let’s keep the debate going! n
Holly Higgins Jonas is the author
of “In Their Own Words: Canadian Choral Conductors”, Dundurn Press,
2001 |
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