Critiques/Reviews
March 31, 2007
Politique de critique : Nous présentons
ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons
pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique
ne présume en rien de la qualité de celles-ci. Vous trouverez des
critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.
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more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.
HHHHHH indispensable / a must!
HHHHHI excellent / excellent
HHHHII très bon / very good
HHHIII bon / good
HHIIII passable
/ so-so
HIIIII mauvais / mediocre
$ <
10 $
$$ 10–15
$
$$$ 15–20
$
$$$$ >
20 $
Critiques / Reviewers
AL Alexandre
Lazaridès
CPP Catherine
Paiement-Paradis
GB Guy
Bernard
IP Isabelle
Picard
PG Philippe
Gervais
PMB Pierre
Marc Bellemare
RB Réjean
Beaucage
Disque du mois
Les Grands Classiques d’Edgar
XXI-21, OCT 3326 (6 CD)
HHHHHI
$$$$
Assurément, voilà un coffret qui fera
la joie de beaucoup d’auditeurs. Avec grand soin, Edgar Fruitier a
réuni sur six disques plus de 70 œuvres qu’il aime, des Barricades
mystérieuses de Couperin à l’Adagio de Barber. Comme
dans tout bon Best of, le plaisir est ici avant tout dans la
reconnaissance de musiques devenues célèbres, certaines grâce au
cinéma, ou même à la publicité… Toutefois, aux côtés de nombreux
incontournables (Casta Diva, la Valse des fleurs, la
Danse du feu, le Boléro), on découvrira aussi quelques
choix plus personnels (deux pièces de Rameau, un extrait d’un poème
symphonique de Smetana). Un regret, cependant : en raison des droits
de reproduction, aucun des enregistrements retenus n’est postérieur
à 1957, si bien qu’on ne trouvera rien, sur ces disques, de la création
contemporaine ou du renouveau de la musique ancienne sur instruments
d’époque. Mélomanie traditionnelle, donc, essentiellement centrée
sur le dix-neuvième et le début du vingtième siècle, qui ne reflète,
par la force des choses, qu’une partie des goûts éclectiques d’Edgar
Fruitier. Mais tant d’artistes légendaires au sommet de leur art
se donnent ici rendez-vous (Gould, Fischer-Dieskau, Kempf, Callas),
qu’on aurait bien tort de se plaindre, d’autant que la qualité
technique des enregistrements, dans la plupart des cas, ne trahit pas
leur âge. Ajoutons que le coffret bénéficie d’une présentation
soignée, et s’accompagne d’une galerie de photos de la plupart
des interprètes.
Philippe Gervais
Musique vocale
Bach
Cantatas vol. 33
Yukari Nonoshita, soprano ; Robin Blaze,
contre-ténor ; Jan Kobow, ténor ; Dominik Wörner, basse ; Bach Collegium
Japan / Masaaki Suzuki
BIS, SACD-1541 (74 min 12 s)
HHHHHI
$$$$
Tout le bien possible a déjà été
dit sur cette entreprise exceptionnelle. On est (encore !) ébahi par
la justesse du ton, la perfection des architectures, la beauté des
voix, la cohésion instrumentale de l’ensemble de M. Suzuki, et par
la profonde humanité de sa vision artistique. La BWV 41 contient l’un
des plus imposants chœurs d’introduction de la production de Bach.
Il est ici réalisé avec un souffle et un soutien des arcs dialectiques
qui imposent le respect. Suzuki réussit à être monumental sans jamais
sombrer dans le « ompiérisme ». La BWV 92 est en contraste avec la
première. Plus retenue, elle exprime un souci d’intimité et de dialogue
personnel avec le Créateur. Dans la BWV 130, on renoue avec le grandiose,
car l’œuvre fut composée pour la fête de la St-Michel en 1725.
La basse Peter Kooij laisse ici la place à Dominik Wörner, plein de
fraîcheur et d’énergie. Un autre joyau dans la couronne !
Frédéric Cardin
Beethoven
Fidelio - Two Met Performances. 1941-1951
Avec Kirsten Flagstad, sous la direction
de Bruno Walter.
Restoration sonore : Ed Wilkinson. Notes
d’Arthur Bloomfield.
West Hill Radio Archives, WHRA-6008 (4
CD)
HHHHHI
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Un gouffre sépare ces deux radiodiffusions
de Fidelio au Metropolitan, entre 1941 et 1951 : la Seconde Guerre
mondiale. Ajoutons-y la tragédie de Flagstad, ainsi que la présence
de Walter qui avait fui l’Allemagne nazie, pour compléter un tableau
poignant auquel l’oeuvre de Beethoven ne peut que conférer un éclairage
à la fois lumineux et dramatique. Le 22 février 1941, quelques mois
avant que les États-Unis n’entrent en guerre, tout semble assez «
normal » au Met, si on excepte la présence de Walter comme « objecteur
de conscience » envers Hitler. Le grand air de Leonore, à l’acte
premier, « Abscheulicher », est d’une splendeur inégalée, de même
que le célèbre chœur des prisonniers. À noter, pour le personnage
de Rocco, le chant vibrant de la basse russe Alexander Kipnis, un des
grands Boris de sa génération. Moins connu aujourd’hui, le ténor
belge René Maison joue (quoique avec une voix un peu blanche) un Florestan
vigoureux et héroïque. Bruno Walter dirige avec un doigté subtil
jusque dans les moindres pianissimi. Sous sa direction, comment ne pas
comprendre le chant de la liberté de Fidelio comme un poing levé contre
le IIIe Reich ? L’ouverture Leonore III au deuxième acte en témoigne.
Peu après cette radiodiffusion, la tragédie
de Flagstad. La cantatrice décide de rejoindre son mari en Norvège,
où ce dernier est collaborateur des Nazis. Bien que la cantatrice n’ait
jamais chanté devant l’occupant allemand, quand elle revient aux
États-Unis après la guerre, une levée de boucliers survient à son
endroit. Ni le directeur du Met, Edward Johnson, ni son célèbre collègue
Lauritz Melchior ne se portent à la défense de Flagstad. Il faut attendre
le nouveau patron, Rudolph Bing, celui-là même qui osera faire entrer
au Met la cantatrice Afro-américaine Marian Anderson, pour aider Flagstad
à réintégrer le plateau de New York où elle s’était illustrée
depuis 1935. Bruno Walter épaule aussi Flagstad, en refusant de «
s’allier aux forces de destruction » opposées à la réconciliation.
Le 10 mars 1951, les deux apparaissent de nouveau dans Fidelio
à la radio du Met. Bien qu’encore en monophonie, la qualité de cette
captation sur le vif est supérieure à la précédente. Flagstad est
chaleureusement applaudie à son entrée. Sa voix est encore superbe
et lumineuse, plus chaude dans les graves. Solides prestations aussi
de Nadine Connor (Marzelline), de Set Svanholm (Florestan) et de Dezsö
Ernster (Rocco). La direction de Walter se hisse jusqu’à la transcendance
et place ce Fidelio au niveau des archives sonores à valeur
historique. Cette édition conserve les commentaires de l’animateur
new-yorkais Milton Cross, les applaudissements et les cris de joie,
les meilleurs réservés à Flagstad. Réal La Rochelle
Read Thomas
Prairie Sketches
Tony Arnold, soprano ; Amy Briggs Dissanayake,
piano ; Callisto Ensemble / Cliff Colnot
ART, artcd 19912005 (73 min 18 s)
HHHHHI
$$$
Augusta Read Thomas est l’un des compositeurs
états-uniens les plus respectés. Son langage est celui d’une certaine
avant-garde américaine (Bubble Rainbow, pour soprano
et orchestre de chambre, écrite pour le 95e anniversaire
d’Elliot Carter, démontre bien ses allégeances). L’étendue des
ressources dont elle fait preuve pour explorer les plus infimes motifs
musicaux, ou rythmiques, la place bien au-dessus de (trop) nombreux
tâcherons qui encombrent les couloirs de la musique contemporaine.
Les Rumi Settings, inspirés de textes du poète persan du 13e
siècle, sont lyriques et passionnés. Les 6 Piano Etudes sont
groupées en trois paires de pièces reliées par une même préoccupation
musicale. Chaque membre de la dyade est le revers de l’autre, comme
dans un miroir. Deux pièces pour violon solo, Pulsar et Incantation,
repoussent habilement les frontières du répertoire de cet instrument.
Prairie Sketches, est un superbe hommage aux grands espaces de l’ouest,
à travers le déroulement d’une journée entière dans la vie de
cet austèr paysage. FC
Verdi
Nabucco
Alan Opic, Susan Patterson, Leonardo
Capalbo, Alastair Miles, Jane Irwin.
Opera North Orchestra and Chorus / David
Parry (2006)
Chandos, CHAN 3136 (2 CD : 2 h 9 min)
HHHHII
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La Grande-Bretagne est l’un des rares
pays où l’intérêt d’une partie du public pour l’opéra chanté
dans le vernaculaire demeure suffisant pour maintenir sur pied toute
une compagnie qui ne produit que des spectacles en anglais, soit l’English
National Opera (ENO). La cause bénéficie également de la munificence
de la Peter Moores Foundation, qui, depuis plusieurs années maintenant,
subventionne généreusement non seulement plusieurs de ces productions,
mais aussi toute une série d’enregistrements qui paraissent régulièrement
sous l’étiquette Chandos. Le présent enregistrement de Nabucco
est typique de cette série, au sens où les chanteurs qui forment la
distribution comptent parmi les meilleurs interprètes britanniques
actuels de l’oeuvre. Ils sont dirigés par le maestro David Parry,
comme c’est généralement le cas de ces gravures. L’enregistrement
en question procède d’une série d’opéras-concerts montée par
Opera North, jadis une succursale provinciale de l’ENO, depuis émancipée,
mais qui a su conserver un préjugé favorable, quoique non exclusif,
pour le vernaculaire. La traduction utilisée, signée Tucker et Hammond,
est une réussite dans la mesure où la langue anglaise parvient mieux
que ce n’est habituellement le cas à se couler dans la ligne vocale
du belcanto romantique italien.Pierre-Marc Bellemare
Vivaldi
Heroes
Philippe Jaroussky, contre-ténor ; Ensemble
Matheus / Jean-Christophe Spinosi
Virgin, 00946 363414 2 2 (63 min 15 s)
HHHHHI
$$$
Pour son premier disque solo avec orchestre,
Philippe Jaroussky nous propose son choix d’airs d’opéras de Vivaldi,
tout comme l’avait fait il y a quelques années Cecilia Bartoli, sur
un album devenu célèbre (60 000 exemplaires vendus à ce jour !).
Les airs qu’avait retenus la diva, avouons-le, étaient peut-être
plus accrocheurs, et surtout plus richement orchestrés que ceux qu’on
nous présente ici. Néanmoins, au fil des écoutes se dévoile tout
le charme de cette nouvelle anthologie, souvent teintée de mélancolie
: Jaroussky se sait à l’aise dans ce registre, où il ose des pianissimi
proprement miraculeux. Moins nombreux, les passages virtuoses impressionnent
tout autant : énergiquement soutenu par un orchestre avec lequel il
a souvent travaillé en concert, le chanteur fait preuve d’une agilité
déconcertante et montre plus d’intensité dramatique qu’à ses
débuts, même si son timbre manque encore parfois de rondeur. Quelques
airs figuraient déjà, interprétés par d’autres voix, dans l’intégrale
en cours des opéras de Vivaldi, mais la comparaison tourne presque
invariablement en faveur de Jaroussky, décidément l’un des meilleurs
défenseurs de ce répertoire. PG
Wagner
Die Walküre
Robert Gambill, Attila Jun, Jan-Hendrik
Rootering, Angela Denoke, Renate Beble, Tichina Vaughan.
Staatsoper and Staatsorchester Stuttgart
/ Lothar Zagrosek
Naxos, 8.660172-74 (3 h 44 min)
HHHHII
$$$$
Cet enregistrement, qui fait partie d’une
nouvelle intégrale de L’Anneau sur Naxos, tire son origine
d’une production, très remarquée et très controversée, du cycle
que l’Opéra Stuttgart a montée en 1999/2000. À ce titre, ces mêmes
gravures sont également disponibles en sept DVD, sous étiquette TDK.
Si les audaces des mises en scène d’avant-garde ne vous font pas
peur, vous songerez peut-être à vous procurer la version vidéo. Autrement
vous préférerez sans doute vous en tenir à l’audio. La conception
symphonique saisissante de l’oeuvre que se fait Lothar Zagrosek, un
chef très estimé dans le monde germanique, y est admirablement bien
servie par une prise de son extrêmement soignée. La distribution est
d’une qualité plus inégale. On y retrouve une étoile montante (Gambill)
et deux vétérans chevronnés (Denoke, Rootering) dont les instruments
accusent un certain déclin. Ils sont solidement épaulés, mais sans
plus, par Jun et Behle. Curieusement, la prestation qui, pour les mordus
de Wagner, fera tout le prix de ce nouvel enregistrement est celle de
Tichina Vaughan, dans le rôle relativement mineur de Fricka. Elle est
exceptionnelle. Pas de livret, mais un synopsis détaillé. PMB
La tragédienne
Mireille Delunsch, soprano
Timpani (63 min 13 s)
HHHHHI
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Mireille Delunsch est une figure controversée
du chant lyrique. Alors que certains la portent aux nues, d’autres
la critiquent sévèrement pour ses interprétations controversées
de certains grands rôles à l’opéra dans les dernières années.
Si vous êtes de ceux qui appréciez une artiste qui s’implique totalement
dans l’univers musical et poétique qu’elle a choisi d’interpréter,
vous aimerez cette soprano au timbre chaleureux, au phrasé fluide et
à la puissance vocale remarquable. Cette compilation d’enregistrements
de la soprano, permet de faire non seulement la découverte d’une
artiste stimulante et passionnée, mais aussi d’un répertoire qui
sort des sentiers battus, tels les Psaumes pour soprano et orchestre
d’Ernest Bloch, ou des extraits de l’opéra Le Pays de Ropartz.
Les deux sommets du disque sont les trois mélodies de Duparc (L’invitation
au voyage, Romance de Mignon, Chanson triste) et ces œuvres moins
connues de Louis Vierne, trois morceaux de Spleens et détresse
ainsi que quatre extraits des Poèmes de l’amour. Magnifiques
exemples d’une complémentarité exceptionnelle entre une soprano
et un pianiste qui en font resplendir les moindres détours, ces délices
de la mélodie française vous laisseront littéralement pantois par
leur puissance émotive. FC
Musique instrumentale
De Visée
The complete works for guitar
David Jacques, guitare
Disques XXI, 2 1530 (3 CD : 216 min 12
s)
HHHHHI¶
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En enregistrant l’intégral des œuvres
pour guitare de Robert de Visée, David Jacques et les Disques XXI viennent
de frapper un grand coup! Les deux livres de pièces pour la guitarre
du Maître de guitarre de Louis XIV sont deux recueils important
tant au niveau pédagogique que musical. La guitare ne connaissait pas
de grands succès en France avant le règne du Roi Soleil, qui lui redonnât
ses lettres de noblesse. Ce coffret est probablement le meilleur outil
musicologique qui nous ait été donné pour imaginer l’ambiance à
Versailles lorsqu’il était à la mode chez les courtisans de jouer
les œuvres de Visée. À noter également que, par souci d’authenticité,
David Jacques joue sur une guitare à cinq chœurs fabriquée par le
luthier montréalais Claude Guibord et qui respecte la facture de l’époque.
Tout y est pour qu’on applaudisse haut et fort l’excellent travail
qui aura mené à la réalisation de cet enregistrement. Le prodigieux
et prolifique musicien qu’est David Jacques poursuit actuellement
ses études en interprétation dans un programme de doctorat en guitare
baroque. Mario Felton-Coletti
Delalande
Les folies de Cardenio
Ensemble Baroque de Limoges / Christophe
Coin
Laborie, LC 01 (55 min)
HHHHHI
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Michel-Richard Delalande va, après Lully,
prendre en charge toute la musique de la Cour de France. C’est dans
ce contexte qu’il écrira la plupart des œuvres scéniques figurant
à son catalogue. Bien que ce soit pour ses très beaux motets que l’on
reconnaît la qualité de ce compositeur, ces œuvres de « divertissement
», dansées par le Roi lui-même, nous présentent un orchestrateur
habile, parfois ingénieux, et qui possède un sens inné du rythme
et de la mélodie. Pour ceux qui ne l’auront pas encore deviné, le
Cardenio de l’histoire est ce personnage secondaire du Don Quichotte
de Cervantès, qui part à la recherche de sa promise, la belle Lucinde,
enlevée par un rival. La musique de Delalande est entièrement dans
la lignée de celle de Lully. Les numéros dansants s’enchaînent
rondement, sans laisser l’ombre d’un moment d’ennui planer. Tout
ceci grâce en majeure partie au travail passionné de Christophe Coin
et ses musiciens qui dynamisent cette musique de façon très vivifiante.
Un « divertissement » certes, mais dans le sens le plus noble du terme.
Quoi de mieux au moment où la grisaille hivernale nous semble s’éterniser? FC
Elfman
Serenada Schizophrania
Orchestre dirigé par John Mauceri
Sony Classical, 82876897802 (45 min 12
s)
HHHHHI
$$$
L’univers de Danny Elfman est à nul
autre pareil. Spécialiste des fantaisies gothico-romantiques du cinéma
de Tim Burton (Batman, Edward Scissorhands, Nightmare Before Christmas,
etc.) et récemment auteur des vibrantes partitions pour les deux
Spider-Man, Elfman est un créateur qui invente des décors uniques
pour tous les projets auxquels il s’associe. Son langage est fait
d’un mariage très personnel entre les ténèbres et la lumière,
entre une constante urgence rythmique et un discours de dimension épique,
entre un romantisme mélodique et un recours fréquent à une dissonance
enracinée harmoniquement dans la pop et le jazz. Cette Serenada
Schizophrania, première œuvre de grande dimension écrite pour
le concert par le compositeur de 53 ans, est tout à fait dans la lignée
de cette plume
hallucinée. La pulsion est souvent frénétique, mais le développement
orchestral ne se limite pas à « habiller » cette agitation, comme
certains minimalistes le font. Non, chez Elfman, la surexcitation est
la condition essentielle à l’apparition d’un état d’hallucination
délirante. L’orchestre est la porte d’entrée vers un univers profondément
extravagant qui ne sombre jamais dans le pessimisme morbide.
FC
Ginastera
Panambi ; Estancia (Complete Ballets)
Luis Gaeta, narrateur / baryton-basse ;
London Symphony Orchestra / Gisèle Ben-Dor
Naxos, 8.557582
(72 min 32 s)
HHHHHI
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Heureuse initiative que cette réédition
d’un disque Conifer paru il y a quelques années, car il s’agit
d’un document fascinant et essentiel de deux œuvres monumentales.
Ginastera (1916-1983) est le plus grand compositeur argentin du 20e
siècle, l’équivalent, en moins prolifique, de Villa-Lobos au Brésil,
ou Revueltas au Mexique. Panambi est la composition d’un jeune
homme (21 ans !), et plaira à tous ceux qui admirent le Stravinski
de l’Oiseau de Feu et du Sacre, le Bartok du Concerto
pour Orchestre, ou le Falla des partitions scéniques. C’est une
composition imprégnée du « primitivisme » cher aux artistes de la
première moitié du 20e siècle et propulsée par une rythmique robuste.
L’histoire, basée sur une légende Guarani, est amenée à la vie
par une orchestration brillante et somptueuse. Estancia, œuvre
plus tardive, ne déroge pas beaucoup de l’esthétique de Panambi,
sauf pour des accents « impressionnistes » plus avoués, rendus nécessaires
par le sujet, un panorama de la fabuleuse pampa argentine. Une magnifique
production. FC
Hovhaness
Lars Ranch, trompette ; David Leisner,
guitare ; Berlin Radio Symphony Orchestra / Gerard Schwarz
Naxos, 8.559294 (73 min 30 s)
HHHHHI
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De son vivant vilipendé, méprisé et
moqué par l’establishment musical contemporain, le compositeur
américain Alan Hovhaness (1911-2000) sera peut-être reconnu, avant
longtemps, comme l’une des voix les plus originales du 20e
siècle. Il est déjà l’un des plus joué dans les salles de concert
américaines, et de plus en plus en Europe. Son langage, simple en apparence,
comprend de surprenantes richesses pour ceux qui daigneront y porter
attention. Le mélange unique d’Orient et d’Occident (dû sans doute
à ses origines à la fois arméniennes et écossaises) ainsi que d’ancien
et de moderne en font littéralement un précurseur d’une certaine
fusion internationale, ainsi que d’un mouvement d’interpénétration
des différentes cultures musicales (populaire/savante, traditionnelle/moderne).
Khrimian Hairig, pour trompette et cordes, est une superbe méditation
élégiaque et intemporelle. Le Concerto pour guitare est de
nature romantique, tout en faisant appel à des éléments de musique
indienne. La création de la Symphonie ayant été honteusement
bâclée par un chef négligeant, c’est ici la première « véritable
» performance de cette œuvre épique et grandiose. Gerard Schwarz
est un chef éminent. Le respect qu’il voue à cette musique, et qu’il
communique aux berlinois, transporte ces oeuvres à des sommets de beauté
et d’intensité. Un must. FC
Panufnik
Igor Cechoco, trompette ; Hanna Turonek,
flûte ; Polish Chamber Orchestra / Mariusz Smolij
Naxos, 8.570032
(57 min 58 s)
HHHHII
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Sir Andrej Panufnik (1914-1991), compositeur
polonais naturalisé britannique en 1961, a connu presque toutes les
affres de la vie au 20e siècle. Seconde Guerre mondiale (où il se
lia avec Lutoslawski, en plus d’écrire de nombreuses chansons de
résistance), dictature communiste, pauvreté, etc. Heureusement, la
sienne est une histoire qui se termine bien, avec la reconnaissance
et les honneurs. Bien qu’il fut considéré comme le père de l’avant-garde
polonaise, après l’avènement de la doctrine du Réalisme Socialiste
dans les pays communistes (qui rejetait à peu près toute forme de
modernité artistique) et son départ de la Pologne en 1954, son langage
s’adoucit. C’est entre 1947 et 1966 que Panufnik composa ces petites
digressions musicales inspirées d’un passé musical plutôt ténu,
mais idéalisé. À part l’Hommage à Chopin, seule pièce
à exprimer un tant soit peu de modernité harmonique, tout le répertoire
présent sur ce disque est écrit dans le style qui a rendu célèbre
les Airs et Danses Anciens de Respighi. C’est tout aussi agréable,
et pour le prix Naxos, une découverte dont il ne faudrait pas se priver. FC
Rorem
Double Concerto for Violin and Cello;
After Reading Shakespeare (for solo cello)
Jaime Laredo, violon ; Sharon Robinson,
violoncelle ; IRIS Orchestra / Michael Stern
Naxos, 8.559316 (54 min 14 s)
HHHHII
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Ned Rorem (né en 1923) est peut-être
le plus grand compositeur contemporain de mélodies, un art qui s’est
largement perdu. Il est cependant beaucoup moins reconnu pour ses partitions
orchestrales. Nous avons droit ici au Double Concerto, créé
en 1998. Cette œuvre qui s’écarte de la structure concertante habituelle
avec ses huit mouvements (elle a quelque chose de la suite baroque),
fait appel à des sonorités qui rappellent un peu le jazz, ou une sorte
de néo-romantisme expressionniste. Bien que fort adroitement écrite,
son lyrisme grinçant ne soutient pas autant l’intérêt que les partitions
vocales du compositeur américain. After Reading Shakespeare,
contrairement au Concerto, nage en plein dépouillement. La solitude
imposée au violoncelle convient mieux à l’expression de la sensibilité
du compositeur. Très près de la voix humaine, le violoncelle se fait
tour à tour touchant et bouleversant. Voici donc un artiste pour qui
la sobriété est la source d’un épanouissement plus achevé. FC
New Works for Flute and Harp
Lorna McGhee, flute ; Heidi Krutzen,
harpe
Skylark, SKY0603 (68 min 44 s)
HHHHII
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Il y a plusieurs belles rencontres à
faire sur ce joli disque. La Sonate pour flûte et harpe de Marjan
Mozetich (né en 1948) est enracinée dans une forme de néo-impressionnisme
teinté de romantisme. Jocelyn Morlock (né en 1969) a créé dans son
Vespertine un nocturne contemplatif traitant de la beauté mystérieuse
de la faune qui s’active après l’avènement du crépuscule.
Song and Dance de Milton Barnes (1931-2001) est inspiré par la
technique des chants inuits, alors que Wild Bird de R. Murray
Schafer (né en 1933) est un hommage à un oiseau prisé par les légendes
amérindiennes pour ses qualités magiques et mystérieuses : le corbeau.
Schafer utilise tout l’éventail des techniques d’interprétation
contemporaine de la flûte, mais dans un contexte non dogmatique, axé
sur la création d’un univers chatoyant de magie et d’émerveillement.
Dans Magical Song and Dance de Paul Armanini (né en 1952) la
harpe solo imite des sonorités diverses comme le xylophone. Canzone
di Petra de Owen Underhill (né en 1954) est inspiré de
Dante, alors que Woofin’ the Cat est un arrangement
de pièces traditionnelles des Maritimes. Superbe maîtrise des deux
solistes. Un hommage à la diversité canadienne. FC
Musique contemporaine
Wolf
Après moi le déluge
Matt Haimovitz, violoncelle ; University
of Wisconsin-Madison Concert Choir ; Ensemble contemporain de Montréal
/ éronique Lacroix
Oxingale Records, OX2009 (71 min 47 s)
HHHHII
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La pièce titre est un concerto pour
violoncelle et chœur, combinaison pour le moins inusitée, mais qui,
sous la plume de Luna Pearl Wolf, devient parfaitement naturelle. L’œuvre
est composée sur un texte d’Eleonor Wilner inspiré de la désolation
qui a submergé la Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina,
ce qui permet d’évoquer une grande variété d’émotions. Le soliste
a aussi l’occasion de déployer sa virtuosité et son éclectisme,
allant jusqu’à taquiner le blues dans le dernier mouvement.
C’est cependant Orpheus on Sappho’s Shore qui occupe la plus
grande partie du disque. Il s’agit d’un « opératorio » à deux
personnages, personnifiés par la soprano Julieanne Klein et le ténor
Michiel Schrey, soutenus par l’ECM placé comme à son habitude sous
la direction précise de Véronique Lacroix. On déplore une prise de
son un peu lointaine, qui émousse les aspérités de la musique. On
a néanmoins ici deux voix fortes et un ensemble qui rend la musique
de Luna Pearl Wolf avec un bel engagement. Réjean Beaucage
Strange Imaginary Animals
Eighth Blackbird
Cedille, CDR 9000 094 (71 min 57 s)
HHHHHI
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Sixième enregistrement pour le sextuor
de Chicago Eighth Blackbird, un nom qui, comme l’ensemble qu’il
désigne, est original et ne manque pas d’humour. On trouve ici les
œuvres de quatre compositeurs : Jennifer Higdon, dont la très percussive
Zaka est extrêmement énergique ; le Canadien Gordon Fitzell dont
la pièce violence est toute en retenue, et dont evanescence
voit l’ensemble se fondre de façon très homogène dans un environnement
électroacoustique ; Steven Mackey, qui désaccorde les instruments
pour composer l’étrange musique d’une culture imaginaire ; David
M. Gordon, dont les Friction Systems ressemblent à la rencontre entre
Iannis Xenakis, Conlon Nancarrow et John Cage. Le percussionniste et
électroacousticien Dennis DeSantis ferme le tout avec un remix inventif,
sans doute réalisé à partir de la matière première du disque (mais
ce n’est pas évident), et qui complète très bien le programme.
Une musique contemporaine très vivante et qui ne se regarde pas le
nombril. RB
Translations
Evergreen Club Contemporary Gamelan
Œuvres de Boudreau, Catlin Smith et
Mack
Artifact Music, ART-036 (49 min 46 s)
HHHHII
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Le Evergreen Club Contemporary Gamelan
de Toronto participe depuis 1983 à un phénomène étrange qui consiste
à construire un répertoire occidental en utilisant des instruments
typiques de l’extrême-orient, en l’occurence ceux qui forment le
gamelan indonésien. Walter Boudreau offre ici, avec Le matin des
magiciens, une musique qui pourrait presque passer pour un pur produit
du cru, du moins à l’oreille d’un non-spécialiste, et ce,
malgré l’ajout de divers instruments (harpes, cor, ondes Martenot).
La construction très complexe de l’œuvre (succintement expliquée
dans le livret) n’est guère apparente, le caractère particulier
des instruments l’emportant sur la personnalité (pourtant forte!)
du compositeur. Linda Catlin Smith offre pour sa part avec A Light
Snow une musique très douce inspirée par des œuvres du peintre
Jasper Johns. Le compositeur allemand Dieter Mark, un véritable spécialiste
du genre et lui-même fondateur du gamelan Anggur Jaya, s’interroge
précisément sur la dualité culturelle du principe et sa pièce
Crosscurrents mêle allègrement les genres. Dépaysement garanti.
RB
DVD
Deldevez/Minkus
Paquita
Agnès Letestu, José Martinez ; Corps
de ballet et Orchestre de l’Opéra national de Paris / David Coleman
TDK, DVUS-BLPAQM
(1 h 49 min)
HHHHHH
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Cette magnifique production d’une oeuvre
oubliée résulte d’un travail d’archéologie de la danse sur un
ouvrage doublement hybride. À l’origine (Paris, 1846) un ballet-pantomime
de Joseph Mazillier (1808-1868), sur une musique d’Édouard Deldevez
(1817-1897), Paquita a par la suite (Saint Petersbourg, 1881)
été refondu comme un grand divertissement romantique par Marius Petipa
(1818-1910). Les nombreux et superbes morceaux d’appoint (Polonaise
des enfants, Grand Pas) que Petita, pour l’occasion, commanda
à Léon Ludwig Minkus (1826-1917) ont toujours, depuis, fait partie
du grand répertoire de la danse classique. Le reste de la partition,
cependant, et en particulier les morceaux mimés de la partie Deldevez,
avait, à toutes fins pratiques, disparu, mais heureusement non sans
laisser des traces dans quelques mystérieux fonds d’archives. C’est
au chef d’orchestre David Coleman et surtout à Pierre Lacotte, danseur
et maître de danse émérite et spécialiste incontesté du ballet
romantique qu’il revient d’avoir, documents à l’appui, reconstitué
l’ouvrage sous une forme qui permet de mesurer l’évolution spectaculaire
de l’art du ballet pendant l’ère Petipa, de la pantomime parisienne
aux grands sauts à la russe. La
production de l’Opéra de Paris - danseurs-étoiles, corps de ballet,
orchestra, décors,
costumes, prise vidéo - est à tous égards exceptionnelle. PMB
Puccini
La bohème
Inva Mula, Aquiles Machado, Laura Giordano,
Fabio Maria Capitanucci
Chorus and Orchestra of Teatro Real,
Madrid / Jesús López Cobos
Opus Arte, DVD 0961 D (2 discs with documentary;
149 min)
HHHHHI
$$$$
If there is a more frequently recorded
opera than La bohème, I can’t imagine what it could be. This
Teatro Real production is the most beautiful I have seen. The opulence
and realism of the Madrid production directed by Giancarlo Del Monaco
– incidentally the son of Mario – just takes your breath away. Captured
in high definition and surround sound, it sets the highest possible
standards visually if not musically. Del Monaco explains in the accompanying
documentary that he wanted to achieve a filmic quality, which he succeeded.
The attention to detail is remarkable, and the seamless transition from
the end of Act 1 into the Café Momus scene in Act 2 is stunning. Each
tableau resembles a Renoir painting. On the musical side of things,
the orchestra with Lopez Cobos at the helm takes top honours. Soprano
Inva Mula embodies the role of Mimi perfectly; tenor Aquiles Machado
sings well except for a tendency to push at the top, and he looks too
well fed to be believable as a starving poet. Laura Giordano looks gorgeous
as Musetta, but the voice is ordinary. The rest of the cast is able.
The set comes with a short documentary containing interviews with the
conductor, director, and the two leads. Highly recommended.
Joseph K. So
Verdi
Nabucco
Leo Nucci, Maria Guleghina, Miroslav
Dvorsky, Giacomo Prestia, Marina Domashenko
Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
/ Fabio Luisi (2001)
TDK, DWWW OPNAB (126 min)
HHHHHI
$$$$
À l’heure actuelle, on
ne compte pas moins de sept enregistrements en format DVD de Nabucco...
N’est-ce pas un peu beaucoup pour une oeuvre de jeunesse qui, en dépit
de percées éblouissantes, trahit un certain manque de métier? J’avoue
être de ceux qui jugent l’ouvrage trop uniformément sombre et qui
trouvent que le matériel mélodique, quoique fort beau, manque d’invidualité
(Va pensiero excepté bien sûr !). D’un autre côté, et comme
le démontre cette grande production, il est indéniable que Verdi y
atteint déjà des sommets dans sa conception dramatique des personnages
d’Abigaile et de Nabucco. Ces rôles sont ici confiés à Maria Guleghina
et à Leo Nucci dont on dira que, dramatiquement et vocalement, ils
interprètent leurs rôles antagonistes et complémentaires exactement
comme il se doit. Le reste de la distribution va de l’excellent (Prestia,
Domashenko) à l’adéquat (Dvorsky). Les choristes semblent avoir
bénéficié d’une véritable direction, mais la prise vidéo incohérente
ne permet pas toujours d’apprécier le détail de la mise en scène
de Günter Krämer, qui situe l’action dans le contexte de l’antisémitisme
et du totalitarisme au 20e siècle. La présence au pupitre
d’un spécialiste du jeune Verdi, constitue un atout. Sous-titres
: italien, anglais, français. PMB
The Berlin Concert: Live from the
“Waldbühne”
Plácido Domingo, Anna Netrebko, Rolando
Villazón
Orchestra of the Deutschen Oper Berlin
/ Marco Armiliato
Deutsche Grammophon, DVD 00440 073 4302
(110 min)
HHHHHI$$$
This blockbuster captures the concert
at the “Waldbuhne”, an outdoor venue outside Berlin, on the eve
of the World Cup last July. It starred the hottest operatic couple today
– Russian bombshell Anna Netrebko and Mexican sensation Rolando Villazón,
as well as his mentor Plácido Domingo, acknowledged by many as the
greatest living tenor, at least in terms of longevity and versatility!
The result is a record company’s dream come true – twenty thousand
screaming fans asking for more, the ambience assuming rock concert proportions.
Events like this mostly run on star power, but I disagree with those
who dismiss the Berlin Concert as kitsch. True, the repertoire is of
the “classical top ten” variety, but everything was executed with
style and taste. The many highlights include the Pearl Fishers duet
– with Domingo taking the baritone part, the Otello Love Duet, a saucy
Netrebko in “Meine Lippen, sie küssen so heiss,” and “O soave
fanciulla” with Netrebko and Villazón. There were a couple of misfires
– both Netrebko and Villazón sounded tentative singing in English
in the West Side Story duet; and “Non ti scordar di me” as a duet
with two men doesn’t really work. There were five encores – first
with Villazón doing his trademark clowning in “La danza”, then
Netrebko camping it up in Musetta’s Waltz, and the three with champagne
glasses in hand, singing “Libiamo”. But the funniest moment
was “Dein ist mein ganzes Herz”, with the two divos competing for
the prima donna’s affection. The camera work on the several cranes
makes you feel like you’re on a rollercoaster.
JKS
Livres
Kevin Bazzana
Lost Genius. The Forgotten Story of
a Musical Maverick
McClelland & Stewart Ltd., 368 p.
HHHHHH
$$$$
En 1972, les membres d’un club de collectionneurs
de rouleaux de piano mécanique de San Francisco sont éberlués d’apprendre
que l’un des artistes qui ont enregistré de tels rouleaux dans les
années 1920 vit encore, dans la misère, à Los Angeles. Ils
font venir le vieillard de 69 ans, un Hongrois au nom imprononçable
et il les mesmérise en leur interprétant du Liszt dans un style pianistique
absolument inouï, échevelé - le style même, se prennent-ils à imaginer,
des grands pianistes romantiques du 19e siècle. C’est
ainsi que s’amorçait «l’affaire Ervin Nyiregyhazi», la redécouverte
sensationnelle, mais bientôt controversée, de cet ancien enfant prodige,
de ce virtuose à la personalité pianistique tout à fait particulière
qui, après avoir connu une carrière fulgurante au début du siècle,
avait pris sa retraite à moins de vingt ans, pour aller s’engloutir
dans l’existence obscure et sordide d’un gentleman alcoolique aux
escapades sexuelles assez compliquées (dont dix mariages). C’est
l’histoire intime, mais surtout artistique, de cet homme inusité,
de cet interprète si passionné que souvent il ensanglantait les claviers
de ses instruments, que le chercheur canadien Kevin Bazzana s’est
attaché à nous conter, dans ce livre, un peu long, mais qui se lit
d’un trait, le premier consacré au personage depuis... 1916! Ce n’est
qu’une question de temps avant qu’Hollywood ne s’empare du sujet.
PMB |
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