Critiques/Reviews 
March 31, 2007
 
 Politique de critique : Nous présentons 
ici tous les bons disques qui nous sont envoyés. Comme nous ne recevons 
pas toutes les nouvelles parutions discographiques, l’absence de critique 
ne présume en rien de la qualité de celles-ci. Vous trouverez des 
critiques additionnelles sur notre site Web www.scena.org.  
 
Review Policy: While we review 
all the best CDs we get, we don’t always receive every new release 
available. Therefore, if a new recording is not covered in the print 
version of LSM, it does not necessarily imply that it is inferior. Many 
more CD reviews can be viewed on our Web site at www.scena.org.  
 
      HHHHHH indispensable / a must! 
      HHHHHI excellent / excellent 
      HHHHII très bon / very good 
      HHHIII bon / good 
      HHIIII passable 
/ so-so 
      HIIIII mauvais / mediocre 
  
      $ < 
10 $ 
      $$ 10–15 
$ 
      $$$ 15–20 
$ 
      $$$$ > 
20 $ 
  
Critiques / Reviewers 
      AL Alexandre 
Lazaridès 
      CPP Catherine 
Paiement-Paradis 
      GB Guy 
Bernard 
      IP Isabelle 
Picard 
      PG Philippe 
Gervais 
      PMB Pierre 
Marc Bellemare 
      RB Réjean 
Beaucage 
Disque du mois  
 
Les Grands Classiques d’Edgar 
XXI-21, OCT 3326 (6 CD) 
HHHHHI 
$$$$ 
Assurément, voilà un coffret qui fera 
la joie de beaucoup d’auditeurs. Avec grand soin, Edgar Fruitier a 
réuni sur six disques plus de 70 œuvres qu’il aime, des Barricades 
mystérieuses de Couperin à l’Adagio de Barber. Comme 
dans tout bon Best of, le plaisir est ici avant tout dans la 
reconnaissance de musiques devenues célèbres, certaines grâce au 
cinéma, ou même à la publicité… Toutefois, aux côtés de nombreux 
incontournables (Casta Diva, la Valse des fleurs, la 
Danse du feu, le Boléro), on découvrira aussi quelques 
choix plus personnels (deux pièces de Rameau, un extrait d’un poème 
symphonique de Smetana). Un regret, cependant : en raison des droits 
de reproduction, aucun des enregistrements retenus n’est postérieur 
à 1957, si bien qu’on ne trouvera rien, sur ces disques, de la création 
contemporaine ou du renouveau de la musique ancienne sur instruments 
d’époque. Mélomanie traditionnelle, donc, essentiellement centrée 
sur le dix-neuvième et le début du vingtième siècle, qui ne reflète, 
par la force des choses, qu’une partie des goûts éclectiques d’Edgar 
Fruitier. Mais tant d’artistes légendaires au sommet de leur art 
se donnent ici rendez-vous (Gould, Fischer-Dieskau, Kempf, Callas), 
qu’on aurait bien tort de se plaindre, d’autant que la qualité 
technique des enregistrements, dans la plupart des cas, ne trahit pas 
leur âge. Ajoutons que le coffret bénéficie d’une présentation 
soignée, et s’accompagne d’une galerie de photos de la plupart 
des interprètes. 
Philippe Gervais  
 
  
Musique vocale  
 
Bach 
Cantatas vol. 33 
Yukari Nonoshita, soprano ; Robin Blaze, 
contre-ténor ; Jan Kobow, ténor ; Dominik Wörner, basse ; Bach Collegium 
Japan / Masaaki Suzuki 
BIS, SACD-1541 (74 min 12 s) 
HHHHHI 
$$$$ 
Tout le bien possible a déjà été 
dit sur cette entreprise exceptionnelle. On est (encore !) ébahi par 
la justesse du ton, la perfection des architectures, la beauté des 
voix, la cohésion instrumentale de l’ensemble de M. Suzuki, et par 
la profonde humanité de sa vision artistique. La BWV 41 contient l’un 
des plus imposants chœurs d’introduction de la production de Bach. 
Il est ici réalisé avec un souffle et un soutien des arcs dialectiques 
qui imposent le respect. Suzuki réussit à être monumental sans jamais 
sombrer dans le « ompiérisme ». La BWV 92 est en contraste avec la 
première. Plus retenue, elle exprime un souci d’intimité et de dialogue 
personnel avec le Créateur. Dans la BWV 130, on renoue avec le grandiose, 
car l’œuvre fut composée pour la fête de la St-Michel en 1725. 
La basse Peter Kooij laisse ici la place à Dominik Wörner, plein de 
fraîcheur et d’énergie. Un autre joyau dans la couronne !  
Frédéric Cardin  
 
Beethoven 
Fidelio - Two Met Performances. 1941-1951 
Avec Kirsten Flagstad, sous la direction 
de Bruno Walter. 
Restoration sonore : Ed Wilkinson. Notes 
d’Arthur Bloomfield. 
West Hill Radio Archives, WHRA-6008 (4 
CD) 
HHHHHI 
$$$$ 
Un gouffre sépare ces deux radiodiffusions 
de Fidelio au Metropolitan, entre 1941 et 1951 : la Seconde Guerre 
mondiale. Ajoutons-y la tragédie de Flagstad, ainsi que la présence 
de Walter qui avait fui l’Allemagne nazie, pour compléter un tableau 
poignant auquel l’oeuvre de Beethoven ne peut que conférer un éclairage 
à la fois lumineux et dramatique. Le 22 février 1941, quelques mois 
avant que les États-Unis n’entrent en guerre, tout semble assez « 
normal » au Met, si on excepte la présence de Walter comme « objecteur 
de conscience » envers Hitler. Le grand air de Leonore, à l’acte 
premier, « Abscheulicher », est d’une splendeur inégalée, de même 
que le célèbre chœur des prisonniers. À noter, pour le personnage 
de Rocco, le chant vibrant de la basse russe Alexander Kipnis, un des 
grands Boris de sa génération. Moins connu aujourd’hui, le ténor 
belge René Maison joue (quoique avec une voix un peu blanche) un Florestan 
vigoureux et héroïque. Bruno Walter dirige avec un doigté subtil 
jusque dans les moindres pianissimi. Sous sa direction, comment ne pas 
comprendre le chant de la liberté de Fidelio comme un poing levé contre 
le IIIe Reich ? L’ouverture Leonore III au deuxième acte en témoigne. 
Peu après cette radiodiffusion, la tragédie 
de Flagstad. La cantatrice décide de rejoindre son mari en Norvège, 
où ce dernier est collaborateur des Nazis. Bien que la cantatrice n’ait 
jamais chanté devant l’occupant allemand, quand elle revient aux 
États-Unis après la guerre, une levée de boucliers survient à son 
endroit. Ni le directeur du Met, Edward Johnson, ni son célèbre collègue 
Lauritz Melchior ne se portent à la défense de Flagstad. Il faut attendre 
le nouveau patron, Rudolph Bing, celui-là même qui osera faire entrer 
au Met la cantatrice Afro-américaine Marian Anderson, pour aider Flagstad 
à réintégrer le plateau de New York où elle s’était illustrée 
depuis 1935. Bruno Walter épaule aussi Flagstad, en refusant de « 
s’allier aux forces de destruction » opposées à la réconciliation. 
Le 10 mars 1951, les deux apparaissent de nouveau dans Fidelio 
à la radio du Met. Bien qu’encore en monophonie, la qualité de cette 
captation sur le vif est supérieure à la précédente. Flagstad est 
chaleureusement applaudie à son entrée. Sa voix est encore superbe 
et lumineuse, plus chaude dans les graves. Solides prestations aussi 
de Nadine Connor (Marzelline), de Set Svanholm (Florestan) et de Dezsö 
Ernster (Rocco). La direction de Walter se hisse jusqu’à la transcendance 
et place ce Fidelio au niveau des archives sonores à valeur 
historique. Cette édition conserve les commentaires de l’animateur 
new-yorkais Milton Cross, les applaudissements et les cris de joie, 
les meilleurs réservés à Flagstad. Réal La Rochelle  
 
Read Thomas 
Prairie Sketches 
Tony Arnold, soprano ; Amy Briggs Dissanayake, 
piano ; Callisto Ensemble / Cliff Colnot 
ART, artcd 19912005 (73 min 18 s) 
HHHHHI 
$$$ 
Augusta Read Thomas est l’un des compositeurs 
états-uniens les plus respectés. Son langage est celui d’une certaine 
avant-garde américaine (Bubble Rainbow, pour soprano 
et orchestre de chambre, écrite pour le 95e anniversaire 
d’Elliot Carter, démontre bien ses allégeances). L’étendue des 
ressources dont elle fait preuve pour explorer les plus infimes motifs 
musicaux, ou rythmiques, la place bien au-dessus de (trop) nombreux 
tâcherons qui encombrent les couloirs de la musique contemporaine. 
Les Rumi Settings, inspirés de textes du poète persan du 13e 
siècle, sont lyriques et passionnés. Les 6 Piano Etudes sont 
groupées en trois paires de pièces reliées par une même préoccupation 
musicale. Chaque membre de la dyade est le revers de l’autre, comme 
dans un miroir. Deux pièces pour violon solo, Pulsar et Incantation, 
repoussent habilement les frontières du répertoire de cet instrument. 
Prairie Sketches, est un superbe hommage aux grands espaces de l’ouest, 
à travers le déroulement d’une journée entière dans la vie de 
cet austèr paysage. FC 
  
Verdi 
Nabucco 
Alan Opic, Susan Patterson, Leonardo 
Capalbo, Alastair Miles, Jane Irwin. 
Opera North Orchestra and Chorus / David 
Parry (2006) 
Chandos, CHAN 3136 (2 CD : 2 h 9 min) 
HHHHII 
$$$$ 
La Grande-Bretagne est l’un des rares 
pays où l’intérêt d’une partie du public pour l’opéra chanté 
dans le vernaculaire demeure suffisant pour maintenir sur pied toute 
une compagnie qui ne produit que des spectacles en anglais, soit l’English 
National Opera (ENO). La cause bénéficie également de la munificence 
de la Peter Moores Foundation, qui, depuis plusieurs années maintenant, 
subventionne généreusement non seulement plusieurs de ces productions, 
mais aussi toute une série d’enregistrements qui paraissent régulièrement 
sous l’étiquette Chandos. Le présent enregistrement de Nabucco 
est typique de cette série, au sens où les chanteurs qui forment la 
distribution comptent parmi les meilleurs interprètes britanniques 
actuels de l’oeuvre. Ils sont dirigés par le maestro David Parry, 
comme c’est généralement le cas de ces gravures. L’enregistrement 
en question procède d’une série d’opéras-concerts montée par 
Opera North, jadis une succursale provinciale de l’ENO, depuis émancipée, 
mais qui a su conserver un préjugé favorable, quoique non exclusif, 
pour le vernaculaire. La traduction utilisée, signée Tucker et Hammond, 
est une réussite dans la mesure où la langue anglaise parvient mieux 
que ce n’est habituellement le cas à se couler dans la ligne vocale 
du belcanto romantique italien.Pierre-Marc Bellemare  
 
Vivaldi 
Heroes 
Philippe Jaroussky, contre-ténor ; Ensemble 
Matheus / Jean-Christophe Spinosi 
Virgin, 00946 363414 2 2 (63 min 15 s) 
HHHHHI 
$$$ 
Pour son premier disque solo avec orchestre, 
Philippe Jaroussky nous propose son choix d’airs d’opéras de Vivaldi, 
tout comme l’avait fait il y a quelques années Cecilia Bartoli, sur 
un album devenu célèbre (60 000 exemplaires vendus à ce jour !). 
Les airs qu’avait retenus la diva, avouons-le, étaient peut-être 
plus accrocheurs, et surtout plus richement orchestrés que ceux qu’on 
nous présente ici. Néanmoins, au fil des écoutes se dévoile tout 
le charme de cette nouvelle anthologie, souvent teintée de mélancolie 
: Jaroussky se sait à l’aise dans ce registre, où il ose des pianissimi 
proprement miraculeux. Moins nombreux, les passages virtuoses impressionnent 
tout autant : énergiquement soutenu par un orchestre avec lequel il 
a souvent travaillé en concert, le chanteur fait preuve d’une agilité 
déconcertante et montre plus d’intensité dramatique qu’à ses 
débuts, même si son timbre manque encore parfois de rondeur. Quelques 
airs figuraient déjà, interprétés par d’autres voix, dans l’intégrale 
en cours des opéras de Vivaldi, mais la comparaison tourne presque 
invariablement en faveur de Jaroussky, décidément l’un des meilleurs 
défenseurs de ce répertoire. PG 
  
Wagner 
Die Walküre 
Robert Gambill, Attila Jun, Jan-Hendrik 
Rootering, Angela Denoke, Renate Beble, Tichina Vaughan. 
Staatsoper and Staatsorchester Stuttgart 
/ Lothar Zagrosek 
Naxos, 8.660172-74 (3 h 44 min) 
HHHHII 
$$$$ 
Cet enregistrement, qui fait partie d’une 
nouvelle intégrale de L’Anneau sur Naxos, tire son origine 
d’une production, très remarquée et très controversée, du cycle 
que l’Opéra Stuttgart a montée en 1999/2000. À ce titre, ces mêmes 
gravures sont également disponibles en sept DVD, sous étiquette TDK. 
Si les audaces des mises en scène d’avant-garde ne vous font pas 
peur, vous songerez peut-être à vous procurer la version vidéo. Autrement 
vous préférerez sans doute vous en tenir à l’audio. La conception 
symphonique saisissante de l’oeuvre que se fait Lothar Zagrosek, un 
chef très estimé dans le monde germanique, y est admirablement bien 
servie par une prise de son extrêmement soignée. La distribution est 
d’une qualité plus inégale. On y retrouve une étoile montante (Gambill) 
et deux vétérans chevronnés (Denoke, Rootering) dont les instruments 
accusent un certain déclin. Ils sont solidement épaulés, mais sans 
plus, par Jun et Behle. Curieusement, la prestation qui, pour les mordus 
de Wagner, fera tout le prix de ce nouvel enregistrement est celle de 
Tichina Vaughan, dans le rôle relativement mineur de Fricka. Elle est 
exceptionnelle. Pas de livret, mais un synopsis détaillé. PMB  
 
La tragédienne 
Mireille Delunsch, soprano 
Timpani (63 min 13 s) 
HHHHHI 
$$$$ 
Mireille Delunsch est une figure controversée 
du chant lyrique. Alors que certains la portent aux nues, d’autres 
la critiquent sévèrement pour ses interprétations controversées 
de certains grands rôles à l’opéra dans les dernières années. 
Si vous êtes de ceux qui appréciez une artiste qui s’implique totalement 
dans l’univers musical et poétique qu’elle a choisi d’interpréter, 
vous aimerez cette soprano au timbre chaleureux, au phrasé fluide et 
à la puissance vocale remarquable. Cette compilation d’enregistrements 
de la soprano, permet de faire non seulement la découverte d’une 
artiste stimulante et passionnée, mais aussi d’un répertoire qui 
sort des sentiers battus, tels les Psaumes pour soprano et orchestre 
d’Ernest Bloch, ou des extraits de l’opéra Le Pays de Ropartz. 
Les deux sommets du disque sont les trois mélodies de Duparc (L’invitation 
au voyage, Romance de Mignon, Chanson triste) et ces œuvres moins 
connues de Louis Vierne, trois morceaux de Spleens et détresse 
ainsi que quatre extraits des Poèmes de l’amour. Magnifiques 
exemples d’une complémentarité exceptionnelle entre une soprano 
et un pianiste qui en font resplendir les moindres détours, ces délices 
de la mélodie française vous laisseront littéralement pantois par 
leur puissance émotive. FC 
  
Musique instrumentale  
 
De Visée 
The complete works for guitar 
David Jacques, guitare 
Disques XXI, 2 1530 (3 CD : 216 min 12 
s) 
HHHHHI¶ 
$$$$  
En enregistrant l’intégral des œuvres 
pour guitare de Robert de Visée, David Jacques et les Disques XXI viennent 
de frapper un grand coup! Les deux livres de pièces pour la guitarre 
du Maître de guitarre de Louis XIV sont deux recueils important 
tant au niveau pédagogique que musical. La guitare ne connaissait pas 
de grands succès en France avant le règne du Roi Soleil, qui lui redonnât 
ses lettres de noblesse. Ce coffret est probablement le meilleur outil 
musicologique qui nous ait été donné pour imaginer l’ambiance à 
Versailles lorsqu’il était à la mode chez les courtisans de jouer 
les œuvres de Visée. À noter également que, par souci d’authenticité, 
David Jacques joue sur une guitare à cinq chœurs fabriquée par le 
luthier montréalais Claude Guibord et qui respecte la facture de l’époque. 
Tout y est pour qu’on applaudisse haut et fort l’excellent travail 
qui aura mené à la réalisation de cet enregistrement. Le prodigieux 
et prolifique musicien qu’est David Jacques poursuit actuellement 
ses études en interprétation dans un programme de doctorat en guitare 
baroque.   Mario Felton-Coletti 
  
Delalande 
Les folies de Cardenio 
Ensemble Baroque de Limoges / Christophe 
Coin 
Laborie, LC 01 (55 min) 
HHHHHI 
$$$$ 
Michel-Richard Delalande va, après Lully, 
prendre en charge toute la musique de la Cour de France. C’est dans 
ce contexte qu’il écrira la plupart des œuvres scéniques figurant 
à son catalogue. Bien que ce soit pour ses très beaux motets que l’on 
reconnaît la qualité de ce compositeur, ces œuvres de « divertissement 
», dansées par le Roi lui-même, nous présentent un orchestrateur 
habile, parfois ingénieux, et qui possède un sens inné du rythme 
et de la mélodie. Pour ceux qui ne l’auront pas encore deviné, le 
Cardenio de l’histoire est ce personnage secondaire du Don Quichotte 
de Cervantès, qui part à la recherche de sa promise, la belle Lucinde, 
enlevée par un rival. La musique de Delalande est entièrement dans 
la lignée de celle de Lully. Les numéros dansants s’enchaînent 
rondement, sans laisser l’ombre d’un moment d’ennui planer. Tout 
ceci grâce en majeure partie au travail passionné de Christophe Coin 
et ses musiciens qui dynamisent cette musique de façon très vivifiante. 
Un « divertissement » certes, mais dans le sens le plus noble du terme. 
Quoi de mieux au moment où la grisaille hivernale nous semble s’éterniser? FC  
 
Elfman 
Serenada Schizophrania 
Orchestre dirigé par John Mauceri 
Sony Classical, 82876897802 (45 min 12 
s) 
HHHHHI 
$$$ 
L’univers de Danny Elfman est à nul 
autre pareil. Spécialiste des fantaisies gothico-romantiques du cinéma 
de Tim Burton (Batman, Edward Scissorhands, Nightmare Before Christmas, 
etc.) et récemment auteur des vibrantes partitions pour les deux 
Spider-Man, Elfman est un créateur qui invente des décors uniques 
pour tous les projets auxquels il s’associe. Son langage est fait 
d’un mariage très personnel entre les ténèbres et la lumière, 
entre une constante urgence rythmique et un discours de dimension épique, 
entre un romantisme mélodique et un recours fréquent à une dissonance   
enracinée harmoniquement dans la pop et le jazz. Cette Serenada 
Schizophrania, première œuvre de grande dimension écrite pour 
le concert par le compositeur de 53 ans, est tout à fait dans la lignée 
de cette plume   
hallucinée. La pulsion est souvent frénétique, mais le développement 
orchestral ne se limite pas à « habiller » cette agitation, comme 
certains minimalistes le font. Non, chez Elfman, la surexcitation est 
la condition essentielle à l’apparition d’un état d’hallucination 
délirante. L’orchestre est la porte d’entrée vers un univers profondément 
extravagant qui ne sombre jamais dans le pessimisme morbide.     
 FC 
  
Ginastera 
Panambi ; Estancia (Complete Ballets) 
Luis Gaeta, narrateur / baryton-basse ; 
London Symphony Orchestra / Gisèle Ben-Dor  
Naxos, 8.557582   
(72 min 32 s) 
HHHHHI 
$ 
Heureuse initiative que cette réédition 
d’un disque Conifer paru il y a quelques années, car il s’agit 
d’un document fascinant et essentiel de deux œuvres monumentales. 
Ginastera (1916-1983) est le plus grand compositeur argentin du 20e 
siècle, l’équivalent, en moins prolifique, de Villa-Lobos au Brésil, 
ou Revueltas au Mexique. Panambi est la composition d’un jeune 
homme (21 ans !), et plaira à tous ceux qui admirent le Stravinski 
de l’Oiseau de Feu et du Sacre, le Bartok du Concerto 
pour Orchestre, ou le Falla des partitions scéniques. C’est une 
composition imprégnée du « primitivisme » cher aux artistes de la 
première moitié du 20e siècle et propulsée par une rythmique robuste. 
L’histoire, basée sur une légende Guarani, est amenée à la vie 
par une orchestration brillante et somptueuse. Estancia, œuvre 
plus tardive, ne déroge pas beaucoup de l’esthétique de Panambi, 
sauf pour des accents « impressionnistes » plus avoués, rendus nécessaires 
par le sujet, un panorama de la fabuleuse pampa argentine. Une magnifique 
production. FC 
  
Hovhaness 
Lars Ranch, trompette ; David Leisner, 
guitare ; Berlin Radio Symphony Orchestra / Gerard Schwarz 
Naxos, 8.559294 (73 min 30 s) 
HHHHHI 
$ 
De son vivant vilipendé, méprisé et 
moqué par l’establishment musical contemporain, le compositeur 
américain Alan Hovhaness (1911-2000) sera peut-être reconnu, avant 
longtemps, comme l’une des voix les plus originales du 20e 
siècle. Il est déjà l’un des plus joué dans les salles de concert 
américaines, et de plus en plus en Europe. Son langage, simple en apparence, 
comprend de surprenantes richesses pour ceux qui daigneront y porter 
attention. Le mélange unique d’Orient et d’Occident (dû sans doute 
à ses origines à la fois arméniennes et écossaises) ainsi que d’ancien 
et de moderne en font littéralement un précurseur d’une certaine 
fusion internationale, ainsi que d’un mouvement d’interpénétration 
des différentes cultures musicales (populaire/savante, traditionnelle/moderne). 
Khrimian Hairig, pour trompette et cordes, est une superbe méditation 
élégiaque et intemporelle. Le Concerto pour guitare est de 
nature romantique, tout en faisant appel à des éléments de musique 
indienne. La création de la Symphonie ayant été honteusement 
bâclée par un chef négligeant, c’est ici la première « véritable 
» performance de cette œuvre épique et grandiose. Gerard Schwarz 
est un chef éminent. Le respect qu’il voue à cette musique, et qu’il 
communique aux berlinois, transporte ces oeuvres à des sommets de beauté 
et d’intensité. Un must. FC 
  
Panufnik 
Igor Cechoco, trompette ; Hanna Turonek, 
flûte ; Polish Chamber Orchestra / Mariusz Smolij 
Naxos, 8.570032   
(57 min 58 s) 
HHHHII 
$ 
Sir Andrej Panufnik (1914-1991), compositeur 
polonais naturalisé britannique en 1961, a connu presque toutes les 
affres de la vie au 20e siècle. Seconde Guerre mondiale (où il se 
lia avec Lutoslawski, en plus d’écrire de nombreuses chansons de 
résistance), dictature communiste, pauvreté, etc. Heureusement, la 
sienne est une histoire qui se termine bien, avec la reconnaissance 
et les honneurs. Bien qu’il fut considéré comme le père de l’avant-garde 
polonaise, après l’avènement de la doctrine du Réalisme Socialiste 
dans les pays communistes (qui rejetait à peu près toute forme de 
modernité artistique) et son départ de la Pologne en 1954, son langage 
s’adoucit. C’est entre 1947 et 1966 que Panufnik composa ces petites 
digressions musicales inspirées d’un passé musical plutôt ténu, 
mais idéalisé. À part l’Hommage à Chopin, seule pièce 
à exprimer un tant soit peu de modernité harmonique, tout le répertoire 
présent sur ce disque est écrit dans le style qui a rendu célèbre 
les Airs et Danses Anciens de Respighi. C’est tout aussi agréable, 
et pour le prix Naxos, une découverte dont il ne faudrait pas se priver. FC  
 
Rorem 
Double Concerto for Violin and Cello; 
After Reading Shakespeare (for solo cello) 
Jaime Laredo, violon ; Sharon Robinson, 
violoncelle ; IRIS Orchestra / Michael Stern 
Naxos, 8.559316 (54 min 14 s) 
HHHHII 
$ 
Ned Rorem (né en 1923) est peut-être 
le plus grand compositeur contemporain de mélodies, un art qui s’est 
largement perdu. Il est cependant beaucoup moins reconnu pour ses partitions 
orchestrales. Nous avons droit ici au Double Concerto, créé 
en 1998. Cette œuvre qui s’écarte de la structure concertante habituelle 
avec ses huit mouvements (elle a quelque chose de la suite baroque), 
fait appel à des sonorités qui rappellent un peu le jazz, ou une sorte 
de néo-romantisme expressionniste. Bien que fort adroitement écrite, 
son lyrisme grinçant ne soutient pas autant l’intérêt que les partitions 
vocales du compositeur américain. After Reading Shakespeare, 
contrairement au Concerto, nage en plein dépouillement. La solitude 
imposée au violoncelle convient mieux à l’expression de la sensibilité 
du compositeur. Très près de la voix humaine, le violoncelle se fait 
tour à tour touchant et bouleversant. Voici donc un artiste pour qui 
la sobriété est la source d’un épanouissement plus achevé. FC   
 
New Works for Flute and Harp 
Lorna McGhee, flute ; Heidi Krutzen, 
harpe 
Skylark, SKY0603 (68 min 44 s) 
HHHHII 
$$$ 
Il y a plusieurs belles rencontres à 
faire sur ce joli disque. La Sonate pour flûte et harpe de Marjan 
Mozetich (né en 1948) est enracinée dans une forme de néo-impressionnisme 
teinté de romantisme. Jocelyn Morlock (né en 1969) a créé dans son 
Vespertine un nocturne contemplatif traitant de la beauté mystérieuse 
de la faune qui s’active après l’avènement du crépuscule. 
Song and Dance de Milton Barnes (1931-2001) est inspiré par la 
technique des chants inuits, alors que Wild Bird de R. Murray 
Schafer (né en 1933) est un hommage à un oiseau prisé par les légendes 
amérindiennes pour ses qualités magiques et mystérieuses : le corbeau. 
Schafer utilise tout l’éventail des techniques d’interprétation 
contemporaine de la flûte, mais dans un contexte non dogmatique, axé 
sur la création d’un univers chatoyant de magie et d’émerveillement. 
Dans Magical Song and Dance de Paul Armanini (né en 1952) la 
harpe solo imite des sonorités diverses comme le xylophone. Canzone 
di Petra de Owen Underhill (né en 1954) est inspiré de 
Dante, alors que Woofin’ the Cat est un arrangement 
de pièces traditionnelles des Maritimes. Superbe maîtrise des deux 
solistes. Un hommage à la diversité canadienne. FC  
 
  
Musique contemporaine  
 
  
Wolf 
Après moi le déluge 
Matt Haimovitz, violoncelle ; University 
of Wisconsin-Madison Concert Choir ; Ensemble contemporain de Montréal 
/ éronique Lacroix 
Oxingale Records, OX2009 (71 min 47 s) 
HHHHII 
$$$$ 
La pièce titre est un concerto pour 
violoncelle et chœur, combinaison pour le moins inusitée, mais qui, 
sous la plume de Luna Pearl Wolf, devient parfaitement naturelle. L’œuvre 
est composée sur un texte d’Eleonor Wilner inspiré de la désolation 
qui a submergé la Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina, 
ce qui permet d’évoquer une grande variété d’émotions. Le soliste 
a aussi l’occasion de déployer sa virtuosité et son éclectisme, 
allant jusqu’à taquiner le blues dans le dernier mouvement. 
C’est cependant Orpheus on Sappho’s Shore qui occupe la plus 
grande partie du disque. Il s’agit d’un « opératorio » à deux 
personnages, personnifiés par la soprano Julieanne Klein et le ténor 
Michiel Schrey, soutenus par l’ECM placé comme à son habitude sous 
la direction précise de Véronique Lacroix. On déplore une prise de 
son un peu lointaine, qui émousse les aspérités de la musique. On 
a néanmoins ici deux voix fortes et un ensemble qui rend la musique 
de Luna Pearl Wolf avec un bel engagement.  Réjean Beaucage  
 
Strange Imaginary Animals 
Eighth Blackbird 
Cedille, CDR 9000 094 (71 min 57 s) 
HHHHHI 
$$$$ 
Sixième enregistrement pour le sextuor 
de Chicago Eighth Blackbird, un nom qui, comme l’ensemble qu’il 
désigne, est original et ne manque pas d’humour. On trouve ici les 
œuvres de quatre compositeurs : Jennifer Higdon, dont la très percussive 
Zaka est extrêmement énergique ; le Canadien Gordon Fitzell dont 
la pièce violence est toute en retenue, et dont evanescence 
voit l’ensemble se fondre de façon très homogène dans un environnement 
électroacoustique ; Steven Mackey, qui désaccorde les instruments 
pour composer l’étrange musique d’une culture imaginaire ; David 
M. Gordon, dont les Friction Systems ressemblent à la rencontre entre 
Iannis Xenakis, Conlon Nancarrow et John Cage. Le percussionniste et 
électroacousticien Dennis DeSantis ferme le tout avec un remix inventif, 
sans doute réalisé à partir de la matière première du disque (mais 
ce n’est pas évident), et qui complète très bien le programme. 
Une musique contemporaine très vivante et qui ne se regarde pas le 
nombril.         RB  
 
Translations 
Evergreen Club Contemporary Gamelan 
Œuvres de Boudreau, Catlin Smith et 
Mack 
Artifact Music, ART-036 (49 min 46 s) 
HHHHII 
$$$$ 
Le Evergreen Club Contemporary Gamelan 
de Toronto participe depuis 1983 à un phénomène étrange qui consiste 
à construire un répertoire occidental en utilisant des instruments 
typiques de l’extrême-orient, en l’occurence ceux qui forment le 
gamelan indonésien. Walter Boudreau offre ici, avec Le matin des 
magiciens, une musique qui pourrait presque passer pour un pur produit 
du cru, du moins à l’oreille  d’un non-spécialiste, et ce, 
malgré l’ajout de divers instruments (harpes, cor, ondes Martenot). 
La construction très complexe de l’œuvre (succintement expliquée 
dans le livret) n’est guère apparente, le caractère particulier 
des instruments l’emportant sur la personnalité (pourtant forte!) 
du compositeur. Linda Catlin Smith offre pour sa part avec A Light 
Snow une musique très douce inspirée par des œuvres du peintre 
Jasper Johns. Le compositeur allemand Dieter Mark, un véritable spécialiste 
du genre et lui-même fondateur du gamelan Anggur Jaya, s’interroge 
précisément sur la dualité culturelle du principe et sa pièce 
Crosscurrents mêle allègrement les genres. Dépaysement garanti.      
RB 
  
DVD 
Deldevez/Minkus 
Paquita 
Agnès Letestu, José Martinez ; Corps 
de ballet et Orchestre de l’Opéra national de Paris / David Coleman 
TDK, DVUS-BLPAQM   
(1 h 49 min) 
HHHHHH 
$$$$ 
Cette magnifique production d’une oeuvre 
oubliée résulte d’un travail d’archéologie de la danse sur un 
ouvrage doublement hybride. À l’origine (Paris, 1846) un ballet-pantomime 
de Joseph Mazillier (1808-1868), sur une musique d’Édouard Deldevez 
(1817-1897), Paquita a par la suite (Saint Petersbourg, 1881) 
été refondu comme un grand divertissement romantique par Marius Petipa 
(1818-1910). Les nombreux et superbes morceaux d’appoint (Polonaise 
des enfants, Grand Pas) que Petita, pour l’occasion, commanda 
à Léon Ludwig Minkus (1826-1917) ont toujours, depuis, fait partie 
du grand répertoire de la danse classique. Le reste de la partition, 
cependant, et en particulier les morceaux mimés de la partie Deldevez, 
avait, à toutes fins pratiques, disparu, mais heureusement non sans 
laisser des traces dans quelques mystérieux fonds d’archives. C’est 
au chef d’orchestre David Coleman et surtout à Pierre Lacotte, danseur 
et maître de danse émérite et spécialiste incontesté du ballet 
romantique qu’il revient d’avoir, documents à l’appui, reconstitué 
l’ouvrage sous une forme qui permet de mesurer l’évolution spectaculaire 
de l’art du ballet pendant l’ère Petipa, de la pantomime parisienne 
aux grands sauts à la russe. La   
production de l’Opéra de Paris - danseurs-étoiles, corps de ballet, 
orchestra, décors,   
costumes, prise vidéo - est à tous égards exceptionnelle.  PMB  
 
Puccini 
La bohème 
Inva Mula, Aquiles Machado, Laura Giordano, 
Fabio Maria Capitanucci 
Chorus and Orchestra of Teatro Real, 
Madrid / Jesús López Cobos 
Opus Arte, DVD 0961 D (2 discs with documentary; 
149 min) 
HHHHHI 
$$$$ 
If there is a more frequently recorded 
opera than La bohème, I can’t imagine what it could be. This 
Teatro Real production is the most beautiful I have seen. The opulence 
and realism of the Madrid production directed by Giancarlo Del Monaco 
– incidentally the son of Mario – just takes your breath away. Captured 
in high definition and surround sound, it sets the highest possible 
standards visually if not musically. Del Monaco explains in the accompanying 
documentary that he wanted to achieve a filmic quality, which he succeeded. 
The attention to detail is remarkable, and the seamless transition from 
the end of Act 1 into the Café Momus scene in Act 2 is stunning. Each 
tableau resembles a Renoir painting. On the musical side of things, 
the orchestra with Lopez Cobos at the helm takes top honours. Soprano 
Inva Mula embodies the role of Mimi perfectly; tenor Aquiles Machado 
sings well except for a tendency to push at the top, and he looks too 
well fed to be believable as a starving poet. Laura Giordano looks gorgeous 
as Musetta, but the voice is ordinary. The rest of the cast is able. 
The set comes with a short documentary containing interviews with the 
conductor, director, and the two leads. Highly recommended.  
                    Joseph K. So   
 
Verdi 
Nabucco 
Leo Nucci, Maria Guleghina, Miroslav 
Dvorsky, Giacomo Prestia, Marina Domashenko 
Chor und Orchester der Wiener Staatsoper 
/ Fabio Luisi (2001) 
TDK, DWWW OPNAB (126 min) 
HHHHHI 
$$$$ 
À l’heure actuelle, on 
ne compte pas moins de sept enregistrements en format DVD de Nabucco... 
N’est-ce pas un peu beaucoup pour une oeuvre de jeunesse qui, en dépit 
de percées éblouissantes, trahit un certain manque de métier? J’avoue 
être de ceux qui jugent l’ouvrage trop uniformément sombre et qui 
trouvent que le matériel mélodique, quoique fort beau, manque d’invidualité 
(Va pensiero excepté bien sûr !). D’un autre côté, et comme 
le démontre cette grande production, il est indéniable que Verdi y 
atteint déjà des sommets dans sa conception dramatique des personnages 
d’Abigaile et de Nabucco. Ces rôles sont ici confiés à Maria Guleghina 
et à Leo Nucci dont on dira que, dramatiquement et vocalement, ils 
interprètent leurs rôles antagonistes et complémentaires exactement 
comme il se doit. Le reste de la distribution va de l’excellent (Prestia, 
Domashenko) à l’adéquat (Dvorsky). Les choristes semblent avoir 
bénéficié d’une véritable direction, mais la prise vidéo incohérente 
ne permet pas toujours d’apprécier le détail de la mise en scène 
de Günter Krämer, qui situe l’action dans le contexte de l’antisémitisme 
et du totalitarisme au 20e siècle. La présence au pupitre 
d’un spécialiste du jeune Verdi, constitue un atout. Sous-titres 
: italien, anglais, français.   PMB 
  
The Berlin Concert: Live from the 
“Waldbühne” 
Plácido Domingo, Anna Netrebko, Rolando 
Villazón 
Orchestra of the Deutschen Oper Berlin 
/ Marco Armiliato 
Deutsche Grammophon, DVD 00440 073 4302 
(110 min) 
HHHHHI$$$ 
This blockbuster captures the concert 
at the “Waldbuhne”, an outdoor venue outside Berlin, on the eve 
of the World Cup last July. It starred the hottest operatic couple today 
– Russian bombshell Anna Netrebko and Mexican sensation Rolando Villazón, 
as well as his mentor Plácido Domingo, acknowledged by many as the 
greatest living tenor, at least in terms of longevity and versatility! 
The result is a record company’s dream come true – twenty thousand 
screaming fans asking for more, the ambience assuming rock concert proportions. 
Events like this mostly run on star power, but I disagree with those 
who dismiss the Berlin Concert as kitsch. True, the repertoire is of 
the “classical top ten” variety, but everything was executed with 
style and taste. The many highlights include the Pearl Fishers duet 
– with Domingo taking the baritone part, the Otello Love Duet, a saucy 
Netrebko in “Meine Lippen, sie küssen so heiss,” and “O soave 
fanciulla” with Netrebko and Villazón. There were a couple of misfires 
– both Netrebko and Villazón sounded tentative singing in English 
in the West Side Story duet; and “Non ti scordar di me” as a duet 
with two men doesn’t really work. There were five encores – first 
with Villazón doing his trademark clowning in “La danza”, then 
Netrebko camping it up in Musetta’s Waltz, and the three with champagne 
glasses in hand, singing “Libiamo”.  But the funniest moment 
was “Dein ist mein ganzes Herz”, with the two divos competing for 
the prima donna’s affection. The camera work on the several cranes 
makes you feel like you’re on a rollercoaster.                 
JKS 
  
Livres 
  
Kevin Bazzana 
Lost Genius. The Forgotten Story of 
a Musical Maverick 
McClelland & Stewart Ltd., 368 p. 
HHHHHH 
$$$$ 
En 1972, les membres d’un club de collectionneurs 
de rouleaux de piano mécanique de San Francisco sont éberlués d’apprendre 
que l’un des artistes qui ont enregistré de tels rouleaux dans les 
années 1920 vit encore, dans la misère, à Los Angeles. Ils 
font venir le vieillard de 69 ans, un Hongrois au nom imprononçable 
et il les mesmérise en leur interprétant du Liszt dans un style pianistique 
absolument inouï, échevelé - le style même, se prennent-ils à imaginer, 
des grands pianistes romantiques du 19e siècle. C’est 
ainsi que s’amorçait «l’affaire Ervin Nyiregyhazi», la redécouverte 
sensationnelle, mais bientôt controversée, de cet ancien enfant prodige, 
de ce virtuose à la personalité pianistique tout à fait particulière 
qui, après avoir connu une carrière fulgurante au début du siècle, 
avait pris sa retraite à moins de vingt ans, pour aller s’engloutir 
dans l’existence obscure et sordide d’un gentleman alcoolique aux 
escapades sexuelles assez compliquées (dont dix mariages). C’est 
l’histoire intime, mais surtout artistique, de cet homme inusité, 
de cet interprète si passionné que souvent il ensanglantait les claviers 
de ses instruments, que le chercheur canadien Kevin Bazzana s’est 
attaché à nous conter, dans ce livre, un peu long, mais qui se lit 
d’un trait, le premier consacré au personage depuis... 1916! Ce n’est 
qu’une question de temps avant qu’Hollywood ne s’empare du sujet. 
                
PMB  |  
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