La musique et l’amour: un entretien avec Joseph Rouleau Par Caroline Louis
/ 2 février 2007
Joseph Rouleau, basse légendaire, a
su interpréter les grands rôles du répertoire lyrique de par le monde.
Sans prétention aucune, mais démontrant plutôt une grande sagesse
et une sincère générosité de sa personne, il nous entretient de
cet art auquel il a consacré sa vie, des rôles qu’il a incarnés
sur scène et de l’illustration de l’amour en musique.
Pouvez-vous nous parler du métier
de chanteur d’opéra et de ses subtilités?
Ça prend de la voix, de la musicalité,
un physique, une personnalité… et il faut être comédien. Tout cela,
ça s’apprend. Naturellement, on peut avoir ces choses-là en soi,
mais il faut les développer par l’étude et l’observation. Cela
prend des années. […] La chose la plus difficile sur une scène,
c’est de ne rien faire. Parfois on est dans un grand rôle, et on
a trois ou quatre minutes où l’on ne bouge pas, mais il faut démontrer
une présence, il faut que le public ne nous lâche pas des yeux. C’est
une force, du dynamisme, de la communication. Cela passe par le visage
et le regard.
Prenez-vous plaisir au côté théâtral
de votre métier?
Oui! Nous, les basses, on n’est pas
les spécialistes des rôles romantiques. Les rôles que nous défendons,
ce sont les grands prêtres, les tzars, les tueurs, les philosophes,
les amants déchus… ce sont des rôles de caractère. Les compositeurs
réservent les rôles romantiques pour les sopranos et les ténors,
tandis que nous, nous sommes toujours des rois et des époux malheureux!
Alors du point de vue théâtral, c’est toujours très intéressant,
très coloré.
Y a-t-il des rôles qui vous touchent
par leur romantisme, leur sensibilité?
Colline, dans La Bohème de Puccini,
est un magnifique rôle. J’y défends un jeune étudiant philosophe,
qui a au quatrième acte un air à chanter, pas très long, mais qui
affecte beaucoup ses collègues sur scène… il vend son manteau pour
pouvoir acheter un peu de médecine pour Mimi qui est mourante. Il faut
être touché personnellement pour pouvoir toucher le public. Il faut
exprimer ce que l’on ressent avec notre voix, et c’est là le mystère
du chanteur. C’est là où l’artiste démontre sa sensibilité,
et qu’il dépasse le fait d’être seulement chanteur. Tout cela,
c’est de l’interprétation. Le personnage de Don Juan, par exemple,
est supposément un personnage romantique, mais c’est en fait un faux
romantique. C’est un coureur de jupons qui ne réussit jamais, dans
l’opéra. Mais c’est un personnage extraordinaire! Il est à la
fois élégant, viril et méchant.
Avez-vous un compositeur lyrique ou
romantique préféré?
Il y en a tellement. Côté lyrique,
on peut parler de Verdi, Moussorgsky, Massenet. Pour les lieder, Brahms,
Schubert, Beethoven. Et j’adore la musique de Mahler et Elgar.
Y a-t-il des chants d’amour que
vous affectionnez particulièrement?
Il y a une chanson que j’ai beaucoup
chantée dans mes concerts, elle s’appelle Je t’aime, de Grieg [Mélodies
du cœur: quatre Lieder sur des poème d’Andersen, opus 5].J’ai
aussi chanté beaucoup de chansons de Félix Leclerc, qui sont très
belles. Pour moi, Leclerc, Vigneault, Ferland, c’est notre folklore.
Ils ont écrit de magnifiques textes qui ont été mis en musique. Ces
chansons ne conviennent pas toutes à ma voix, mais celles de Félix
Leclerc oui, parce que lui-même était une basse.
Ce texte n'est qu'un avant-goût de ce
que Joseph Rouleau nous dira lors du souper de la Saint-Valentin donné
au bénéfice de La Scena Musicale le 22 février prochain au restaurant
La Buona Forchetta. Les billets pour y participer sont au prix de 150$
(reçu d'impôt de 75$). Contactez Kali au 514.948.2520 |
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