Critiques/Reviews
August 5, 2008
Disque du mois
Guitar recital: Jérôme Ducharme
Rodrigo, de Falla, Ginastera, Manén,
Hétu, Dunne
Naxos 8.570189 (68 min 33 s)
******* $
Une note parfaite pour un disque parfait!
L’expressivité de ce jeune guitariste québécois, lauréat du prestigieux
premier prix de la GFA 2005, est tout aussi désarmante que la qualité
de son jeu. Le choix des pièces est judicieusement balancé entre le
simple plaisir de l’écoute et leurs valeurs sur le plan guitaristique.
Je ne suis pas de ceux qui adulent facilement un interprète pour sa
technique sans reproches. Encore faut-il qu’il sache émouvoir. Si
on joue Ginastera en se disant qu’il faut passer par là pour devenir
un guitariste respectable, on n’arrivera à rien! Si par contre on
fait le choix d’aborder sa musique avec clairvoyance, on en fera alors
ressortir toute la sensibilité. C’est dans cette optique que Ducharme
aborde la musique et c’est aussi en cela qu’il mérite son premier
prix. Combien de fois a-t-on entendu dire que tel ou tel guitariste
allait présenter Le tombeau de Debussy de Manuel De Falla? Cette
fois, c’est la bonne. On aura la chance de pouvoir entendre Jérôme
Ducharme en concert, les 12 et 13 décembre prochain, dans le cadre
de la troisième saison des séries de concerts du Salon Francisco Tárrega.
Mario Felton-Coletti
Musique orchestrale / Orchestral Music
Kalkbrenner
Concertos pour piano nos 1 et 4
Howard Shelley, piano et direction; Tasmanian
Symphony Orchestra
Hyperion CDA67535 (59 min 11 s)
**** $$$$
Friedrich Kalkbrenner (1785-1849) était
l’un des plus grands virtuoses de son époque (de l’ordre des Herz
et Moscheles, que nous commençons à peine à redécouvrir aujourd’hui),
un homme d’affaires marié à une aristocrate de grande famille et
un impresario hors pair de sa propre musique. S’il fut récompensé
de son vivant par une renommée internationale digne des plus grandes
vedettes contemporaines, l’histoire l’a jugé beaucoup plus sévèrement.
On peut comprendre qu’en écoutant ces arpèges en cascades, ces crescendos
bien sentis, ces rondos vifs et pimpants aux contours prévus par une
habitude qui était déjà, à l’époque, solidement implantée, les
générations suivantes, abreuvées aux innovations de Liszt et à la
profondeur de Brahms, se soient détournées de cette esthétique flamboyante.
Reconnaissons cependant l’indéniable qualité de l’inspiration
mélodique du compositeur, le dynamisme énergique qu’il insuffle
au développement de son discours et la solide maîtrise du langage
propre à son instrument, en combinaison avec des qualités d’orchestrateur
plus qu’enviables. Redonnons une chance à ce petit maître qui, malgré
la condescendance dont il osa faire preuve un jour envers le jeune Chopin
(s’il avait pu lire l’avenir!), mérite mieux qu’un oubli total.
Frédéric Cardin
Piazzolla
Pascale Giguère, violon; Benoît Loiselle,
violoncelle; Les Violons du Roy / Jean-Marie Zeitouni
Atma SACD2 2399 (58 min 01 s)
***** $$
Dès les premières secondes de ce récent
disque des Violons du Roy, le ton est donné: l’intensité sera au
rendez-vous. C’est un premier enregistrement de l’ensemble sous
la direction de Jean-Marie Zeitouni, et le jeune chef sait très bien
insuffler aux musiciens la fougue, mais aussi la sensualité que requiert
le «nuevo tango» de Piazzolla. Leur jeu est bien accentué, tout en
mouvement. La pièce de résistance du programme, Las Cuatro Estaciones
portenas (Les quatre saisons de Buenos Aires, dans l’arrangement
pour violon solo et cordes de Leonid Desyatnikov), met en vedette la
violoniste Pascale Giguère. Cette dernière est tout à fait convaincante,
langoureuse à souhait et violente où il le faut. Le violoncelliste
Benoît Loiselle, soliste dans Graciela y Buenos Aires de José
Bragato, est tout aussi éloquent. Un disque qui procure beaucoup de
plaisir. Isabelle Picard
Shostakovich
The Golden Age
Royal Scottish National Orchestra / José
Serebrier
Naxos 8570217-18 (143 min 42 s - 2 CDs)
***** $
Writing in The New Shostakovich
(London 1990), the late Ian MacDonald related that in 1929, “...a
commission came through ...from the Directorate of Theatres: a ballet
to a scenario of outstanding idiocy entitled The Golden Age.
Gaining in wisdom by the week, Shostakovich accepted it without hesitation.”
Although the track listing of the discs follows the plot and Richard
Whitehouse provides a synopsis in the booklet note, these can safely
be disregarded. What’s important here is the music and much of it
is of high quality. This is Shostakovich at his mischievous best. José
Serebrier has been blazing a trail of glory for Naxos and he succeeds
in leading the RSNO to a new benchmark recording for the complete ballet.
The account is confidently and idiomatically performed which could not
be said for Gennady Rozhdestvensky with the Stockholm Philharmonic for
Chandos. The Shostakovich anniversary has generated a number of fine
new recordings. This set and The Execution of Stepan Razin (Naxos
8557812) by the Seattle Symphony under Gerard Schwarz remain the two
essential acquisitions for collectors with an interest in Soviet music
and culture. W.S. Habington
Stokowski
Bach Transcriptions
Bournemouth Symphony Orchestra / José
Serebrier
Naxos 8.557883 (67 min 51 s)
*** $
Le chef d’orchestre Leopold Stokowski
(1882-1977) est également célèbre pour ses transcriptions. On peut
trouver de nombreux enregistrements de ces arrangements, dont certains
dirigés par Stokowski lui-même. La maison de disques Chandos leur
a dédié une série de six CD, avec le BBC Philharmonic sous la direction
de Matthias Bamert. Naxos semble suivre la même voie: Après un premier
volume réservé à Moussorgski, en voici un consacré à Bach, qui
devrait être suivi par un autre présentant des œuvres de Wagner.
Les transcriptions d’œuvres de Bach peuvent en outre être entendues
sous la direction de Wolfgang Sawallisch, Jacques Grimbert, Robert Pikler...
Pourquoi en rajouter? C’est José Serebrier, chef assistant de Stokowski
à l’American Symphony Orchestra de New York durant 5 ans, qui tient
la baguette pour les enregistrements Naxos. Il présente des interprétations
en accord avec les transcriptions de Stokowski: grandioses, ne lésinant
pas sur la puissance, romantiques à l’extrême. Pour qui aime le
genre, c’est bien fait. Sans aucun doute, un CD s’adressant davantage
aux amoureux de Stokowski qu’aux amoureux de Bach. Isabelle Picard
Tchaikovsky
Violin Works
Julia Fischer, violin; Russian National
Orchestra / Kreizberg
PentaTone PTC 5186 095 (68 min 25 s -
Hybrid SACD)
**** $$$$
This generous and pleasing Tchaikovsky
programme is the logical follow-up to Julia Fischer’s distinguished
debut disc of Russian concertos (by Khachaturian, Prokofiev and Glazunov)
for PentaTone. She is again teamed with Yakov Kreisberg and the Russian
National Orchestra and the performances here are marvelous. In
the concerto the balance between soloist and orchestra is perfect. There
is brilliance aplenty in Fischer’s traversal and yet it all sounds
natural, unforced and unpretentious. This is an account to rank with
the best and the first version to become available in the Hybrid SACD
multi-format. The other pieces for violin and orchestra get equally
sympathetic treatment. Kreizberg demonstrates sensitivity as a pianist
to partner Fischer in a deeply moving interpretation of Souvenir d’un
lieu cher. Julia Fischer will be touring in the US in 2007. Included
in the performance schedule are the violin concertos of Beethoven, Mendelssohn
and Brahms. This provides an idea of what to look forward to from PentaTone.
WSH
Concertos pour violon; Barber, Korngold,
Walton
James Ehnes, violon; Vancouver Symphony
Orchestra / Bramwell Tovey
CBC Records / Les disques SRC SMCD 5241
(78 min 53 s)
**** $$$
Ce disque au minutage généreux réunit
trois des concertos parmi les plus joués en concert maintenant. On
est heureux de retrouver l’archet, toujours juste et noble, d’un
James Ehnes en grande forme, sans concession pour le romantisme mou
ou brumeux auquel ces compositions pourraient prêter, à l’instar
des Concertos pour violon de Bruch dont le violoniste canadien
nous a donné une interprétation de haute tenue sous la même étiquette.
À cet égard, le deuxième mouvement du Concerto de Barber,
marqué «Andante», est un beau moment. Malheureusement, il manque
au soliste un chef plus inspiré que Bramwell Tovey et un orchestre
plus virtuose que le VSO pour tirer le meilleur de ces œuvres qui exigent
lyrisme et virtuosité sans être d’une écriture toujours soutenue.
De plus, une prise de son à la fois globale et lointaine en ce qui
a trait à l’orchestre empêche l’auditeur de suivre le dialogue
des divers pupitres instrumentaux entre eux et avec le violoniste.
Alexandre Lazaridès
Musique de chambre / Chamber Music
Bach
Louise Pellerin, hautbois; Dom André
Laberge, orgue
Atma, ACD 22511 (60 min)
**** $$$
Atma présente avec ce CD un florilège
de pièces de J.S. Bach arrangées pour orgue et hautbois (ou hautbois
d’amour), et interprétées tant dans un esprit de «réconciliation»
que de liberté vis-à-vis de l’instrumentation, comme Bach lui-même
l’a fréquemment fait, porté qu’il était à transcrire ses pièces
ou à ne pas donner de consignes spécifiques d’instrumentation. Figurent
notamment dans cet enregistrement des extraits de Cantates, le Concerto
en la majeur pour hautbois d’amour BWV 1055 et la Sonate
en trio pour orgue no 4 BWV 528, arrangée pour hautbois et orgue.
La combinaison de ces deux instruments rend le choix judicieux, dans
la mesure où le hautbois peut prendre, selon l’oreille, la place
de son homologue, le jeu d’orgue du même nom. Une prise de son très
homogène, et une registration d’une grande sobriété, mettent en
valeur les talents de la hautboiste (primée au Conservatoire de musique
de Montréal ainsi qu’en Allemagne, elle a à son actif une carrière
internationale et enseigne présentement a Zurich), et de l’organiste
(premier prix d’orgue au Conservatoire de Montréal, il est prieur
a l’Abbaye bénédictine de St-Benoit du Lac, où a eu lieu l’enregistrement).
Olivier Giroud-Fliegner
Beethoven
Sonates pour piano op. 7, op. 10 no
3, op. 57 «Appassionata»
Angela Hewitt, piano
Hyperion SACDA67518 (77 min 23 s)
**** $$$
Après avoir établi les plus hauts standards
d’interprétation pour Bach, puis Couperin, après avoir offert une
vision très enrichissante des univers de Ravel et de Chopin, voici
que la Canadienne Angela Hewitt s’attaque à la constellation Beethoven.
Pari risqué, certes, mais ne l’est-il pas pour tout pianiste sérieux?
Heureusement, Mme Hewitt ne manque ni de sérieux ni de talent. Elle
affronte le monstre beethovénien avec passablement d’aplomb (sauf
pour de légères erreurs dans l’Appassionata), et surtout
beaucoup de cette confiance technique qui lui vient de son pèlerinage
chez le grand Jean-Sébastien. Cette vision ressemble plus ici à une
appropriation du chaos pré-romantique de Ludwig, plutôt qu’à une
communication avec sa transcendance intime. Mme Hewitt contrôle le
dogue, et ne le laisse pas lui échapper. Il s’ensuit une puissance
émotive (en particulier dans le très beau mesto de l’op. 10 no 3)
qui nous est suggérée par la pianiste, plutôt que par la musique.
Attendons voir s’il s’agit d’une démarche esthétique, ou d’une
période d’adaptation. Les prochaines sonates nous éclairerons un
peu plus. Il y a indéniablement beaucoup de force partout dans ce disque,
mais, malheureusement, les beethovéniens puristes trouveront probablement
à rechigner. Soyez avertis. Frédéric Cardin
Haydn
Six Quatuors
œuvre 32, connus comme opus 20
Quatuor Festetics
Arcana A 413 (2 CD: 157 min 45 s)
***** $$$$
L’intégrale des quatuors pour cordes
de Haydn par les Festetics chez Arcana tire à sa fin. Le présent volume
est consacré aux six quatuors dits «du Soleil» de l’opus initiateur
de l’année 1772 qui ne cesse d’étonner par la liberté de son
inspiration et la hardiesse de son écriture. Les fugues qui complètent
trois de ces quatuors, en plus de marquer l’émancipation décisive
du violoncelle, sont un délice pour l’esprit autant que pour l’oreille;
c’est avec le sourire que l’on suit la poursuite malicieuse des
voix jouant à cache-cache. L’interprétation de la formation hongroise
est impeccable sur le plan technique de l’intonation, du rythme et
de l’exactitude. Il y manque seulement un certain brillant, en particulier
dans les finales rapides, de même que ce brin de fantaisie qui signe
l’humour narquois de Haydn. De ce point de vue, la version du quatuor
Mosaïques sonne plus juste (Astrée Auvidis, 1990-1992). On peut aussi
ne pas trouver avenant le son austère que les Festetics tirent de leurs
instruments d’époque. Prise de son réaliste qui permet de suivre
chacun des instruments. Alexandre Lazaridès
Marais
Les Folies d’Espagne; Suite en mi;
Le Labyrinthe
Ensemble Spirale / Marianne Muller, viole
de gambe et direction
Zig Zag Territoires ZZT060801 (61 min
20 s)
****** $$$$
L’année qui s’achève commémorait
la naissance de Marin Marais dont c’était le 350e anniversaire. Cet
élève de Sainte-Colombe et de Lully, violiste à la cour de Louis
XIV pendant presque un demi-siècle, a laissé un nombre imposant de
pièces pour la famille des violes, répertoire que le triomphe de la
famille des violons fera un peu oublier à partir du 18e siècle. Il
est à noter que les deux violes de gambe jouées dans cet enregistrement
par Marianne Muller et Sylvia Abramowicz, celle-ci en tant que seconde
basse de viole, sont à sept cordes. Les variations sur le thème des
Folies d’Espagne (1701) sont une œuvre magnifique de presque
vingt minutes qui exploite audacieusement les possibilités de l’instrument.
La Suite en mi mineur de la même année regroupe une douzaine
de pièces et finit par la grande méditation intitulée «Tombeau pour
M. de Sainte-Colombe», alors que «Le Labyrinthe» tout en virtuosité
est extrait de la Suite d’un goût étranger (1717). L’interprétation
de l’Ensemble Spirale est partout exemplaire, tout comme la prise
de son. Alexandre Lazaridès
Vivaldi
Chiaroscuro
Claire Guimond, flûte; Mathieu Lussier,
basson; Arion
early-music.com EMCCD-7764 (66 min 50
s)
**** $$$
Vivaldi a composé 39 concertos pour
basson, on peut donc supposer qu’il connaissait bien l’instrument.
Et à l’écoute des concertos sélectionnés pour ce programme, on
peut supposer qu’il connaissait un très bon bassoniste! Car le compositeur
vénitien ne ménage pas son soliste. Comme dans les œuvres pour cordes,
les passages virtuoses se succèdent à une vitesse folle. Mathieu Lussier
s’en acquitte avec brio et on peut en dire autant de la flûte de
Claire Guimond, ce qui n’a rien d’étonnant: on savait déjà qu’il
s’agissait d’excellents musiciens, comme d’ailleurs les membres
d’Arion qui les accompagnent. On retrouve donc la fraîcheur et la
vivacité que l’on leur connaît, mais aussi leurs qualités expressives,
notamment dans le Concerto en la mineur pour flûte,
cordes et basse continue KV 440, moins éclatant de virtuosité
et davantage axé sur la ligne mélodique. Isabelle Picard
Foreign Insult
La Ricordanza
MDG 505 1381-2
*** $$$$
Recueil d’ouvrages écrits par des
compositeurs expatriés à Londres, cet enregistrement offre plus que
les Handel de service. Johann Christoph Bach, Gottfried Fingerm, Francesco
Barsanti, Carl Friedrich Able et Nicola Matteis exposent la riche palette
de styles qui se sont succédés dans l’insulaire capitale anglaise
entre 1685 et 1774. Que ce soit pour fuir les conséquences de la guerre,
chercher un succès commercial ou pour embrasser une carrière d’imprésario,
il semble que Londres était un environnement excitant et libéral pouvant
offrir d’infinies possibilités. Le septuor La Ricordanza nous présente
un quatrième opus dans la lignée de ses précédents enregistrements.
Clarté, précision, justesse et acoustique naturelle feutrant l’articulation
semblent être devenues leur marque de commerce. Sur ce dernier point,
l’oreille qui apprécie des attaques mordantes restera sur son appétit.
En effet, avec un intitulé d’album semblable, on eût pris davantage
d’irrévérence et de risque. Tout de même, cet album est visiblement
le résultat d’un intense travail d’archives et intéressera tout
chambriste à la recherche de répertoire moins fréquenté. Guy
Bernard
German Romantic Works for Viola and
Piano
Jutta Puchhammer, alto; Élise Desjardins,
piano
Fidelio FACD 018 (71 min 55 s)
**** $$$
Quel bonheur que d’avoir (chose encore
trop rare!) un disque complet consacré au mal aimé de la famille des
cordes, l’alto. Le répertoire choisi met bien en évidence le lyrisme
chaleureux inhérent à cet instrument. Mme Puchhammer est une interprète
sensible et dévouée au défrichage des sentiers moins fréquentés
du répertoire altiste. Ici, en plus des Pièces de Fantaisie
op. 73bis de Schumann (originellement pour clarinette), elle propose
des rencontres avec Friedrich Kiel (1821-1885) et sa Sonate
op. 67, Karl-Ernst Naumann (1832-1910) et sa Sonate op. 1 et
Robert Fuchs (1847-1927) et sa sonate en ré mineur op. 86. Le
jeu expressif de Mme Puchhammer et de sa partenaire communique tout
l’enthousiasme manifestement ressenti par les deux musiciennes envers
ces œuvres méconnues. L’ensemble bénéficierait cependant d’une
prise de son plus spacieuse, qui permettrait à la sensibilité naturelle
de cette musique de mieux se manifester. Frédéric Cardin
Impressions
Œuvres de Debussy, Schmitt, Griffes,
Szymanowski et Scriabin
Winston Choi, piano
Arktos 200689 CD (74 min 27 s)
***** $$$
Winston Choi est un jeune pianiste de
Toronto en pleine ascension. Il possède une solide technique qui lui
permet d’attaquer avec confiance les œuvres les plus virtuoses et
diaboliquement exigeantes. On le retrouve ici dans un répertoire essentiellement
impressionniste (voire symboliste), d’où le titre du CD. On remarquera
un Debussy (trois des Images du Livre 2) à tendance expansive
et à l’architecture globale magnifiée, parfois au détriment (léger)
de la concentration sur l’analyse de l’espace intérieur. La beauté
de son doigté, et son habileté à recréer l’univers prismatique
debussyste en touches de concentrés coloristiques variés, est indéniable.
M. Choi nous offre aussi en prime quelques cadeaux méconnus du même
acabit. L’hommage de Florent Schmitt à son prédécesseur (À
la mémoire de Claude Debussy), les extraits de Roman Sketches
de l’Américain Charles Griffes et les Métopes de Szymanowski
sont autant de kaléidoscopes lumineux et colorés en nuances
sophistiquées dans lesquelles M. Choi semble être parfaitement à
l’aise. Le programme se termine sur le Poème de l’Extase
de Scriabin, très plastique, presque pudique, malgré plusieurs beaux
moments. Frédéric Cardin
L’Orgue du diable; Anne Chasseur
Œuvres de Bach, Dupré, Haydn, Scarlatti,
Schumann, (Bach), Vivaldi
Suisa Disc (62 min 43 s)
****
La jeune organiste concertiste suisse
Anne Chasseur présente dans ce CD à la présentation originale et
très soignée un enregistrement exécuté sur le 32 pieds Kleuker de
l’église du Chant d’Oiseau à Bruxelles en Belgique, «orgue du
diable» construit en 1981 sur les plans de Jean Guillou, et dont la
sonorité trahit immédiatement l’influence du maître (cette palette
de registres «solistes» qu’on retrouve sur les instruments qu’il
a «faits», pour ne citer que N-D-des-Neiges à l’Alpe d’Huez,
la Tonhalle de Zurich, et par-dessus tout l’église St-Eustache à
Paris). Sur ce CD dont la qualité semble devoir moins au choix des
œuvres qu’à l’interprète et à l’instrument, Anne Chasseur,
rompue à une technicité adaptée à l’esprit de cette tribune, marie
de grands classiques (Toccata, adagio et fugue en Ut BWV 564
de Bach ou les Variations sur un Noël de Dupré) a des Sonates
de Scarlatti et des pièces pour orgue mécanique de Haydn. Les plus
belles pages à entendre ici sont sans doute les Quatre Esquisses
op. 58 de Schumann, où l’interprète fait montre de sensibilité.
Olivier Giroud-Fliegner
Romantic Sonatas for Cello and Piano
Ponce, Coulthard, Rachmaninoff
Sébastien Lépine, violoncelle; Arturo
Nieto-Dorantes, piano
Disques XXI-21 XXI-CD 2 1569 (82 min
30 s)
***** $$$
Trois sonates pour violoncelle et piano,
en apparence disparates par l’origine de leurs compositeurs, mais
qui se révèlent, après audition, sorties du même moule romantique.
Dans sa sonate, composée en 1922, Manuel Ponce réussit à marier la
rythmique accentuée d’une certaine musique populaire hispanique avec
l’amplitude sonore et le lyrisme débordant du romantisme tardif.
De plus, dans le dernier mouvement, il aborde la technique du contrepoint
fugué avec assez de bonheur. Une très belle œuvre, qui devrait être
programmée plus souvent. La sonate (1947) de la Canadienne Jean Coulthard
est bien ancrée dans la tradition germano-romantique, mais se refuse
à n’être qu’un simple pastiche. C’est une belle pièce, facile
d’approche, mais pas ignorante d’un certain modernisme. La sonate
de Rachmaninov est un monument, rien de moins. Les deux interprètes
sont tout à fait excellents. Fougueux, vifs, enflammés, mais aussi
tendres et passionnés. Toute la souplesse des rythmes, mais aussi l’élan
des phrasés sont bien maîtrisés et rendus par ces performances de
haut niveau. On regrettera seulement un léger manque d’équilibre
sonore dans le Rachmaninov, au détriment du violoncelle. Frédéric
Cardin
Musique vocale / Vocal
Agricola
Chansons
Michael Chance, contre-ténor; Fretwork
Harmonia Mundi HMU 907421 (75 min 12
s)
***** $$$
Agricola (qui, malgré la consonance
italienne de son nom, était Flamand) était un compositeur dont les
services étaient chaudement disputés par différents princes européens
de l’époque. On raconte qu’Agricola quitta en 1491 la Cour du Roi
de France sans permission. Ce dernier écrivit quelques lettres enflammées
à différents princes, dont Pierre de Médicis à Florence, pour réclamer
qu’on le lui retourne! Agricola mérite tout à fait sa réputation.
Sa musique est un heureux mariage du populaire et du savant, et est
annonciatrice de l’explosion des affects qui pointait à l’horizon
avec l’arrivée du xvie siècle et du baroque. Le consort de violes
Fretwork et le contre-ténor Michael Chance avec son timbre tout en
subtiles demi-teintes, nous offrent des interprétations impeccables
d’un magnifique répertoire encore trop méconnu. Frédéric Cardin
Bembo
Produzioni Armoniche
Convoce Coeln
Alpha 099 (71 min 09 s)
**** $$$$
Antonia Bembo, née Padoani (c. 1640
– c. 1710), après avoir quitté sa Vénétie natale, y laissant un
mari et trois enfants, a été pensionnée par Louis XIV et s’est
consacrée à la composition. Elle a laissé une œuvre assez abondante,
constituée d’airs, de motets et d’opéras. Les pièces extraites
du recueil manuscrit Produzioni Armoniche sont enregistrées
ici pour la première fois. On y reconnaît une certaine rhétorique
des sentiments héritée de Monteverdi et de l’opéra italien, mais,
utilisée sans imagination, elle laisse froid alors même qu’il est
question de souffrance et de mort. Maria Jonas livre une interprétation
étudiée des œuvres de Bembo, mais la voix manque de couleur et n’émeut
pas. Quelques œuvres instrumentales de trois autres compositeurs de
la même époque complètent le programme de façon plutôt hétéroclite:
«Prélude & Silvains» et «Tombeau», pour théorbe seul, de Robert
de Visée, Sonate pour violoncelle de Giuseppe Maria Jacchini
(1667-1727) et chaconne pour clavecin d’Élisabeth Claude Jacquet
de la Guerre (1665-1729). L’interprétation des membres du Convoce
Coeln semble quelque peu effacée. Alexandre Lazaridès
Puccini
La Bohème; Two performances from New
York
Chefs: Gennaro Papi (1940); Giuseppe
Antonicelli (1948)
West Hill Radio Archives, WHRA-6009,
2006
3 CD avec notes de Ralph V. Lucano
****
Pourrait-on l’ignorer encore? Les transmissions
des opéras du Metropolitan, en direct, durent depuis le 25 décembre
1931 (Hänsel und Gretel). Elles n’ont pas discontinué depuis
plus de 75 ans, le Québec toujours aux premières loges. Le disque
en garde plusieurs traces, les unes pirates ou privées, certaines éditées
par le Met pour les membres de sa guilde; d’autres, commerciales,
publiées par Naxos et Guild à partir des fonds de Immortal Performances
Archive (Colombie-Britannique). Voici une nouvelle série, ontarienne
cette fois. Un coffret propose deux Bohème (10 février 1940
et 31 janvier 1948), mettant en vedette Bidú Sayao, la célébrissime
Mimì de cette décennie où, curieusement, l’œuvre de Puccini n’est
pas encore un best-seller. «Les opéras les plus diffusés à
l’époque, expliquent les notes, étaient, dans l’ordre, Tristan,
Aïda, Carmen, La Traviata et Die Walküre».
Sayao chante son rôle avec une stylistique davantage française qu’italienne,
une voix mince plutôt que spinto, mais sûre et très portante,
des émissions médianes bien timbrées et appuyées, à l’accent
moderne. Ses collègues ténors, Armand Tokatyan et Ferruccio Tagliavini,
sont radieux de jeunesse, de clarté, de panache. Il est intéressant
aussi d’entendre d’anciennes stars comme Giuseppe De Luca, ou de
nouvelles qui se nomment Ezio Pinza et Nicola Moscona. Bien que les
enregistrements viennent d’une époque lointaine, la restauration
des bandes et les transferts numériques procurent des sons assez nets
et brillants, bien calibrés, dignes des matrices de Immortal Performances.
Pour amoureux d’archives lyriques et radiophoniques. Réal La Rochelle
Forbidden Love; Salvatore Licitra
Salvatore Licitra, ténor; Orchestra
Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi / Romano Gandolfi
Sony Classical 82876-78852-2 (60 min
39 s)
*** $$$
Le ténor qui, il y a moins de dix ans,
semblait beaucoup promettre ne tient pas très bien la route dans ce
récital qui regroupe quelques-uns des compositeurs de la fin du xixe
et du début du 20e: Mascagni, Cilea, Giordano, Boito, etc. Licitra
est apparemment rompu au style vériste, et son émotion est par moments
communicative, sauf que, d’un compositeur à l’autre, la caractérisation
des personnages paraît bien trop uniforme. Les deux airs de Verdi,
tirés de Ernani et de Othello, sont chantés de la même
manière, avec des sanglots plutôt incongrus dans une ligne vocale
où il n’y a guère de place pour l’artifice. Si la voix de Licitra
possède toujours une projection et un éclat naturels, elle bouge assez
pour inciter le chanteur à avoir recours à un vibrato qui devient
trille dès que le son est longtemps tenu; les notes poussées ou forcées
ne manquent pas non plus. L’accompagnement orchestral sonne de façon
routinière. Alexandre Lazaridès
Homage: The Art of the Diva
Arias from Adriana Lecouvreur, Dalibor,
Oprichnik, Tosca, Das Wünder der Heliane, Die Liebe der Danae, Servilia,
Il Trovatore, Cleopatre, Jenufa, and Die Kathrin
Renée Fleming, soprano
Orchestra of the Mariinsky Theatre, Valery
Gergiev, conductor
Decca 475 8069 (67m 27s)
***** $$$$
As the reigning American diva of our
time, it is fitting that soprano Renée Fleming pays homage to divas
of the past. The twelve arias chosen for the album were premiered by
such great singers as Mary Garden, Rosa Ponselle, Maria Jeritza, Lotte
Lehmann, Emmy Destinn, Magda Olivero, and Geraldine Farrar. The selections
range from the extremely familiar (Vissi d’arte from Tosca
and Tacea la notte from Il Trovatore) to the rarely heard arias
from Korngold’s Die Kathrin and Das Wunder der Heliane.
The most obscure piece is an aria from Rimsky-Korsakov’s Servilia,
from a newly discovered score gathering dust for many decades at the
Mariinsky Theatre. Fleming is in terrific voice on this disc, singing
with her customary rich, opulent tone. Her technical command is really
quite amazing – you won’t hear better trills than hers in “Di
tale amor”. More problematic for me is her tendency to be excessively
melodramatic in some of the arias, distorting the vocal line and coming
across as mannered. The handsomely produced booklet is chockfull of
lovely photos of the great singers, plus of course many of Fleming herself
in her best diva poses. She also contributes an interesting and well
written – though far-too-brief – essay on the genesis of this recording.
Her frequent collaborator, Valery Gergiev conducts this material lovingly.
For me this is one of the better recordings of Fleming in recent years.
Joseph K. So
Secrets of Dvorak’s Cello Concerto
Jan Vogler, violoncelle; Angelika Kirchschlager,
mezzo-soprano; Helmut Deutsch, piano; New York Philharmonic / David
Robertson
Sony Classical SK 82876737162 (67 min
42 s)
***** $$$
Voilà un programme bien pensé et bien
exécuté! Pour nous convaincre d’acheter une énième version du
Concerto pour violoncelle de Dvorak, Jan Vogler a eu l’idée d’y
joindre une série de lieder brillamment interprétés par la magnifique
Angelika Kirchschlager, l’un des très beaux mezzo de l’heure. Chaleur,
velours, tendresse, mais aussi puissance émotive, sont admirablement
évoqués par cette voix exceptionnelle. Vogler reprend le très beau
chant Lasst mich allein op. 82 no 1. La «voix» du violoncelle
fait ainsi un écho très réussit à celle de Mme Kirchschlager. Puis,
comme l’éclectisme est à la mode, on a décidé de l’utiliser
intelligemment, en insérant au programme deux chansons folkloriques
américaines de Stephen Foster, délicieusement rendues par les caresses
vocales d’Angelika Kirchschlager. Et le Concerto direz-vous?
Il démarre sur les chapeaux de roue, et n’arrête pratiquement pas.
Le son de Jan Vogler est puissant, mais aussi empreint d’étonnantes
subtilités, et l’orchestre est somptueux. Même si vous en possédez
déjà une ou plusieurs versions (ce qui est plus que probable), celle-ci,
par la programmation originale et intelligente qui l’accompagne, et
par l’interprétation marquante du soliste et de l’orchestre, devrait
vous convaincre de l’ajouter à votre collection! Frédéric Cardin
DVD
Marc-André Hamelin; It’s all about
the music
Hypérion DVDA68000 (120 min)
***** $$$$
Ce DVD offre le double plaisir d’un
documentaire sur le pianiste canadien et d’un récital filmé en 2005
au Domaine Forget. Le documentaire fait alterner commentaires biographiques
succincts, entrevues avec le pianiste qui évoque avec une affection
évidente les œuvres des compositeurs-pianistes ainsi qu’entretiens
complémentaires avec le compositeur Ronald Stevenson (tout un personnage),
Robert Rimm (presque pontifiant par moments) et Andrew Keener (qui ajoute
un éclairage fascinant sur le travail de réalisation d’un enregistrement).
Dans la partie concert, on retrouve Hamelin au sommet de sa forme, faisant
fi des embûches pianistiques sans mouvements excessifs, livrant avec
conviction et une maturité raffinée l’essence musicale de chaque
œuvre. On regrettera de n’avoir eu droit qu’à un extrait des «Jardins
de Buitenzorg» de la Java Suite de Godowsky, amoureusement ciselé
par le pianiste. En complément de programme, on retrouve le quatrième
mouvement du Concerto de Busoni (électrisant) et des entrevues
avec Rimm, Harvey Wedeen (professeur de Marc-André Hamelin à Temple
University) et du compositeur Jay Reise (particulièrement intéressant).
Lucie Renaud
Jewels
Ballet de l’Opéra National de Paris
/ George Balanchine - Paul Connelly, chef d’orchestre
Opus Arte OA 0951 D
*****
George Balanchine, figure emblématique
du ballet néoclassique, signe ici la chorégraphie de Pelléas et
Mélisande de Fauré, du Concerto pour piano et orchestre en
ré de Stravinsky et de la Troisième symphonie de Tchaïkovski.
Pour les amants de l’école russe, avec tout ce qu’on lui connaît
de rigueur et de romantisme, cet enregistrement vidéo vaut son pesant
d’or. Après tout, Balanchine s’est vu attribuer le modeste titre
de plus grand chorégraphe du 20e siècle! Sans argument, sur fond noir,
les danseurs, tenue impeccable, démontrent tout leur savoir-faire dans
la grande tradition du ballet alla Kirov. Si Le Fauré se marie
bien à ces pas classiques, on sent un petit malaise en voyant le décallage
d’esthétique entre le Concerto pour piano de Stravinsky, tout
tango qu’il est, et les pas de danse en pointes des danseuses. Tentant
de s’approprier le caractère de la danse argentine, la faïence dansante
fait un peu anachronique. Toutefois, dès les premières mesures de
la symphonie de Tchaïkovsky jusqu’à sa grandiose coda, cet écart
de styles disparaît complètement pour laisser place à toute l’habileté
et à la poésie de ces artistes du corps. L’orchestre de l’Opéra
national de Paris est dans sa plus grande forme. Guy Bertrand
Renée Fleming: Sacred Songs
In concert from Mainz Cathedral
Die Deutch Kammerphilharmonie Bremen,
Mainzer Domchor / Trevor Pinnock
Decca 074 3129
**** $$$$
Vous vouliez assister au concert de Renée
Fleming et l’OSM en décembre? Trop tard, les billets se sont tous
envolés. En «prix de consolation», ce DVD qui rassemble plusieurs
grandes oeuvres sacrées de Noël (et un court extrait d’opéra profane)
devrait grandement satisfaire quiconque a trop tardé à se prémunir
de son droit d’entrée. Alternant entre répertoire traditionnel,
classique léger (Ave maria de Schubert, Panis angelicus
de Franck) et registre plus sérieux (Laudamus te extrait de
la Messe en Do mineur, K427 de Mozart), Fleming chante d’une
voix généralement bien placée, avec justesse et égalité, tout en
réussissant à éviter les réflexes opératiques. À la direction,
Trevor Pinnock assure le déroulement instrumental avec tout ce qu’on
lui connaît de bon goût, de sobriété et de justesse. Son effectif
orchestral intime se fait entendre seul sur quelques plages, tout comme
le chœur de voix de garçons. Ces ajouts à la prestation sont loin
d’être du remplissage. En fait, ils rehaussent la prestation tout
en la diversifiant. En complément de programme, quelques œuvres chantées
par Fleming et un chœur mixte d’enfants, sans public, sont d’un
intérêt moindre. Guy Bertrand
Livres
Notes d’espoir d’un «joueur de
piano»
Pierre Jasmin se raconte à Jeanne
Gagnon
Triptyque, 2006, 170 p.
*** $$$$
C’est un ouvrage difficile à définir
que nous présentent le pianiste Pierre Jasmin et l’auteure Jeanne
Gagnon. Pas vraiment une biographie du musicien, quoiqu’on suive une
bonne partie de sa formation et de son cheminement; pas vraiment une
réflexion sur le milieu musical et culturel québécois, quoiqu’il
soit aussi question de ça, et en abondance. De ça, mais également
de l’idée de l’interprétation de la musique, de pédagogie et
même à l’occasion de politique internationale. Car il s’agit d’entretiens,
sous forme de questions / réponses, allant dans de multiples directions.
On ne pourra en tout cas pas reprocher à Pierre Jasmin de ne pas avoir
d’opinion! Il en a une sur de nombreux sujets et ne se gêne pas pour
distribuer les éloges et pour décocher quelques flèches. On peut
être d’accord avec lui ou non, selon les sujets, mais il a au moins
le mérite d’argumenter ses dires et d’alimenter la réflexion.
On sent bien qu’il s’agit des propos d’un passionné et on excuse
quelques contradictions. Jeanne Gagnon est visiblement une «groupie»
de Jasmin – on le comprend dès le premier paragraphe de l’avant
propos. Mais après tout, est-ce bien grave? Soyons honnête: peut-on
avoir envie de travailler à un tel ouvrage avec un artiste dont on
n’apprécie pas le travail? Isabelle Picard |
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