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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 10 juillet 2007

Festival Nuits d’Afrique

Par Bruno Deschênes / 31 juillet 2007


Le festival Nuits d’Afrique est aujourd’hui un incontournable de l’été festivalier de Montréal, d'ailleurs classé par Tourisme Montréal parmi les cinq événements estivaux les plus importants de la ville. En 2005 et en 2007, il s’est mérité le Grand prix du tourisme québécois.

Ayant débuté en 1987, le festival en est cette année à sa 21e édition. Il est maintenant
« majeur », comme se plaît à le dire Suzanne Rousseau, sa directrice générale. Quoique remarquable dès ses débuts, il a atteint une maturité certaine et fait déjà « des petits ». Le festival offre des spectacles en salle, mais aussi à l'extérieur à la Place Émilie-Gamelin. En 1987, tous les spectacles se donnaient au Club Balattou, sur le boulevard Saint-Laurent, point de ralliement de la musique africaine à Montréal. C'est en 1990, au bout de trois ans, qu'on a commencé à organiser des concerts à l'extérieur, en face du Club Balattou. En 1995, ce volet du festival déménagera à la Place Émilie-Gamelin et prendra graduellement de l’ampleur.

« Ce qui distingue Nuits d’Afrique », explique Suzanne Rousseau, « c'est qu’il attire, de toute la programmation montréalaise, la plus grande diversité et le plus grand mélange de cultures au sein du public ». Ce métissage donne une ambiance chaleureuse et festive unique à la manifestation, un trait qu'ont observé sur place de nombreux journalistes européens.

Le festival présente trois volets : les spectacles de préouverture, qui préparent le public à la grande fête à venir, les grands spectacles en salle (Club Balattou, Spectrum, Kola Note et théâtre La Tulipe), et les spectacles extérieurs, qui se déroulent cette année sur trois jours au lieu de quatre, à la fin du festival. Par ailleurs, le label « Nuits d’Afrique » lancera et distribuera dans tout le Canada, avant l'ouverture du festival, une compilation CD des artistes invités; pour certains, ce CD constituera leur première percée au Canada.

Cette année, les organisateurs de Nuits d’Afrique innovent avec la création d’un concours de nouveaux talents en musique du monde, une première à Montréal et possiblement au Canada. Cette initiative sert à promouvoir, à favoriser et à stimuler l’émergence, l’expression et la pérennité des musiques du monde à Montréal. Le concours a lieu au printemps au Kola Note, sur l’avenue du Parc. Le public même fait office de jury, et désigne les trois gagnants des « Syli d’or de la musique du monde ». Syli est un mot en langue soussou qui désigne le sage, le savant, le chef de ses animaux du cheptel. En outre, les trois lauréats figureront sur un CD
« live » en plus de participer aux spectacles extérieurs.

Cette année, parmi près de 50 concerts, Nuits d’Afrique offre de belles surprises et, bien sûr, des découvertes. Mentionnons, en particulier, Gabriella Mendez, du Cap Vert, dont le style se rapproche de celui de la célèbre Césaria Évora. Nous pourrons aussi entendre Vieux Farka Touré, le fils du célèbre Ali Farka Touré, ainsi que Kandara Diabaté, le fils de Boubacar Diabaté, décédé récemment. Un des artistes les plus attendus est le grand Hugh Masakela d’Afrique du Sud, un des célèbres routiers de la musique sud-africaine, pour la première fois en visite à Montréal. Il y aura une soirée Motown en salle avec des musiciens canadiens et américains. Enfin, l'un des spectacles extérieurs, mettant à l’honneur Sylvie Desgroseillers, fusionnera le gospel et le blues à la musique mandingue. Des sensations fortes en perspective !

Tout passe, Chants d’Acadie

Suzie LeBlanc

ATMA Classique, 2007, ACD2 2522, 60 m 19 s

Dans ce CD, Suzie LeBlanc se livre en aparté, hors des sentiers de la musique ancienne qu'elle fréquente depuis toujours. Elle offre à l'auditeur des chants de son Acadie natale, mais avec une touche et une saveur celtiques; ce n'est d'ailleurs pas son premier CD de ce type. À noter qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque les artistes lyriques enregistraient des chants traditionnels, ils étaient soutenus par des orchestrations de type classique. Ici, Suzie LeBlanc propose des arrangements à consonance celtique, exécutés par des musiciens issus des deux parcours de formation, le classique et le traditionnel – une agréable surprise. La musique y est éloquente, introspective, si ce n’est intime. Suzie LeBlanc fait résonner en nous l'écho de ses origines acadiennes, exprimé d'une voix affable, comme chanté dans le creux de l'oreille. Ces chants sont superbes; les arrangements sont excellents !

Analytical Studies in World Music

Michael Tenzer (dir.)

Oxford University Press, 2006, 434 p. ISBN 0-19-517789-4

Les études en musique comprennent ordinairement une formation de base en analyse musicale qui permet d'interroger les œuvres pour mieux en comprendre les rouages essentiels. En Occident, cette science repose traditionnellement sur l'examen des œuvres pour elles-mêmes, sans égard au contexte de leur création; ce n’est que récemment que les musicologues ont commencé à tenir compte du cadre social, politique et historique dont elles sont issues. Dans le cas des musiques non-occidentales, l’ethnomusicologue applique généralement une forme d’analyse plus sommaire, où la musique occidentale sert de critère de comparaison. Michael Tenzer propose, lui, une analyse de musiques non-occidentales replacées dans le contexte culturel, social et historique qui les a vues naître. Dans son excellent livre, il applique à ses sujets les techniques d’analyse habituelles, mais sans les mesurer à l'aune de la musique occidentale. Cela permet de mieux comprendre et apprécier les musiques d'ailleurs pour ce qu’elles sont. Un CD des oeuvres accompagne le livre.


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