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La Scena Musicale - Vol. 12, No. 1 septembre 2006

Gryphon Trio en harmonie

Par Claire Marie Blaustein / 5 septembre 2006

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Les membres du Trio Gryphon jouent ensemble depuis 13 ans. Leurs liens d’amitié sont évidents lorsqu’on leur parle ; les anecdotes s’entrelacent comme des phrases musicales et ils font constamment référence les uns aux autres, tel le motif d’une sonate passant d’un instrument à l’autre. Annalee Patipatanakoon, violoniste, Roman Borys, violoncelliste, et Jamie Parker, pianiste, s’expriment, en entrevue, avec une harmonie qui fait écho à celle qu’ils démontrent en concert.

Le trio était, à l’origine, un duo. Annalee et Roman ont fait connaissance à Banff et se sont retrouvés ensemble à la faculté de musique de l’université de l’Indiana. À cette dernière, ils ont étudié avec Menahem Pressler (membre fondateur du Beaux Arts Trio), et c’est seulement après quelques années qu’ils ont fait appel à Jamie Parker pour combler le poste de pianiste. Puis, nous dit Annalee, «le trio a pris son envol».

Avec tout ce qu’on dit des ensembles de musique de chambre – querelles, division... poursuites en justice ! – il est naturel de se demander si la bonne entente règne au sein du Trio Gryphon. La question est particulièrement pertinente ici, puisque Roman et Annalee se sont mariés il y a un an. Mais Jamie nous rassure : «Ils gèrent ce qu’ils ont à gérer – et c’est très bien. Rien n’entre en conflit avec nos activités musicales.»

Jouer avec un ensemble de musique de chambre n’est pas comme jouer avec un orchestre, étant donné le niveau de complicité que requiert le jeu en petit ensemble. «Dans un orchestre, s’il y a un musicien avec lequel on s’entend mal, c’est malheureux – mais on n’a pas à travailler directement avec lui, nous dit Jamie Parker. Nous sommes chanceux, en trio, de toujours apprécier la compagnie les uns des autres.»

Malgré toutes les difficultés qui peuvent survenir, la bonne communication, prévenant les malentendus personnels ou musicaux, semble régner.

«La communication est la clé, dit Annalee. Nous nous assurons de ne pas laisser les petits problèmes s’envenimer.» Ça n’a pas toujours été de tout repos. «Bien entendu, il y a eu quelques obstacles, dit Roman. Mais l’amour de la musique de chambre nous stimule à trouver des solutions.» Les déplacements causés par les tournées et concerts à l’étranger sont la plus grande source de stress, avec la vie familiale. Jamie vient de devenir père et souhaite concilier vie familiale et vie professionelle le mieux possible, mais il constate qu’il y a des compromis à faire. Ainsi, sa famille ne pourra l’accompagner que lors de certaines tournées.

Roman souligne cependant que les tournées ne sont pas que des sources de difficultés. «Les voyages professionnels sont plus agréables lorsqu’on est accompagné de gens qui ont partagé nos succès autant que nos moments difficiles», dit-il en riant.

Depuis ses débuts, le Trio Gryphon s’est taillé une place dans le monde de la musique en mariant qualité technique et innovation. L’expérimentation avec les nouveaux espaces et contextes de jeu s’est également avérée importante.

Annalee et Jamie nous disent que l’instigateur des projets nouveaux est presque toujours Roman Borys. «J’essaie de garder du temps libre pour concevoir et mettre en marche de nouvelles initiatives : projets avec de nouveaux compositeurs, concerts pour enfants, commandes ou projets d’envergure comme Constantinople», explique ce dernier.

Constantinople, une œuvre multimédias de Christos Hatzis, est le plus grand projet du trio jusqu’à maintenant. Après un concert qui a connu beaucoup de succès à Banff, le groupe ira le jouer à Londres en mars 2007, au Royal Opera House, Covent Garden. «C’est un gros travail de présenter la musique de chambre dans un contexte différent, à un nouveau public, nous dit Roman Borys ; les gens s’y intéressent pour toutes sortes de raisons. Nous avons découvert la facilité avec laquelle les jeunes écoliers approchent les oeuvres contemporaines, ajoute-t-il. Pour eux tout est nouveau – Beethoven, ou une œuvre que Gary Kulesha nous a composée hier.» Se faire connaître d’un nouveau public est le moteur de plusieurs de leurs projets – la série «Chamber at the Lula» en tandem avec les artistes Hilario Duran et Roberto Occhipinti en est un exemple, comme les nombreuses œuvres commandées. Mais Roman tient à souligner qu’ils ne sont pas les seuls à vouloir élargir le public et le répertoire. «Nous serions incapables de réaliser ces projets sans le support du groupe promotionnel “Music Toronto”.»

Hormis leurs carrières d’interprètes, tous les membres du Trio Gryphon sont professeurs à la faculté de musique de l’Université de Toronto.n

[ Traduction : Marie-France Boisvert ]


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(c) La Scena Musicale 2002