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La Scena Musicale - Vol. 11, No. 9 juin 2006

Wonny Song

7 juin 2006


On pourra voir et entendre le pianiste montréalais d’origine coréenne Wonny Song dans quatre des programmes présentés durant le Festival de musique de chambre de Montréal. On peut déjà le découvrir en écoutant son premier disque, paru tout récemment chez Disques XXI, qui compte des œuvres de Moussorgski et Rachmaninov. LSM a pu s’entretenir avec lui entre une série de concerts au Japon et ses débuts, le 20 mai dernier, au Kennedy Center de Washington.

LSM: C’est à Montréal que vous avez débuté l’étude du piano?

Wonny Song: Oui, mes parents ont quitté la Corée pour s’établir au Québec alors que j’avais un an. À l’exception de mon père et de ma mère, ma famille habite la Corée, et j’y retourne presque chaque année pour donner des concerts.

La liste des prix et récompenses que vous avez remportés est impressionnante et compte, entre autres, la médaille d’or au Concours international de piano de Cincinnati en 1994, le premier prix au Concours de piano de l’OSM en 1995 ou le Prix d’Europe 2003 de l’Académie de musique du Québec. Participez-vous toujours à des concours?

Non, je n’ai plus le temps! Et je suis assez content de ne plus en faire, parce que c’est tellement stressant... Je prends maintenant davantage le temps de m’amuser à faire de la musique. Je dois vraiment à ma mère d’avoir fait carrière, parce qu’elle m’a appuyé énormément dans mon apprentissage. Elle m’amenait régulièrement voir les grands pianistes qui donnaient des concerts au Québec. Mes parents n’étaient pas eux-mêmes des musiciens, et ils ont dû faire de nombreux sacrifices pour que je le devienne.

Ça vous a mené à la salle Zankel du Carnegie Hall en octobre dernier...

Ça, c’était vraiment impressionnant! J’étais tellement nerveux! C’était incroyable comme expérience. Il y a là tellement d’histoire. La salle était comble et la foule newyorkaise transmet une énergie très particulière. C’est sans aucun doute l’une de mes expériences musicales les plus fortes.

Vous y interprétiez Beethoven, Ravel et Moussorgski on suppose que l’apprentissage auprès d’Anton Kuerti a dû vous servir pour Beethoven?

J’ai étudié avec Anton Kuerti à l’Université de Toronto après mon baccalauréat à l’Université de Montréal, et il m’a beaucoup aidé pour la musique allemande, et particulièrement pour celle de Beethoven, bien sûr. Il a lui-même une expression très personnelle, mais il ne cherche pas à imposer son style à l’élève, il m’a laissé trouver le mien, ce que j’ai apprécié. J’ai travaillé les musiques russe et française avec Marc Durand à la Glenn Gould Professional School et lorsque j’ai étudié avec Lydia Artymiw, à l’Université du Minnesota, elle m’a fait travailler la musique russe, la musique contemporaine, et... tout! Elle était extraordinaire, une musicienne inspirante qui m’a poussé à embrasser un plus grand répertoire, à ouvrir mes horizons.

Votre choix de programme pour votre premier disque pourrait laisser croire à une préférence pour la musique russe...

Non, c’est juste là où j’en étais au moment de l’enregistrement du disque. Je considérais avoir trouvé une manière très personnelle d’aborder Moussorgski et je voulais vraiment l’enregistrer, je voulais en garder une trace.

Le tempo que vous avez choisi pour le début des Tableaux d’une exposition, plus rapide que ce que l’on entend habituellement, est quelque peu surprenant.

On me dit ça beaucoup, c’est vrai. Le début de «Promenade» porte l’indication allegro giusto, et il m’a semblé que le tempo qui est souvent utilisé par d’autres pianistes était trop lourd. Je voulais quelque chose de plus énergique, de plus enthousiaste. Le visiteur est heureux de pénétrer dans ces salles d’exposition... Enfin, c’est ainsi que je le vois. C’est une pièce que j’aime beaucoup. Je la joue beaucoup en récital ces derniers temps; ça fait une très bonne deuxième partie de récital. Je demeure très respectueux du travail du compositeur, mais il m’est nécessaire d’imprimer à l’œuvre que je joue une teinte personnelle; si je n’ai rien à dire à travers une œuvre, je ne la joue pas.

Le problème du jeu personnel, c’est qu’on l’est toujours trop ou pas assez...

Les musiciens doivent accepter de prendre le risque d’être personnel. Il y a trop de musiciens qui jouent de la même façon, qui ne prennent aucun risque. Je trouve ça dommage, parce que ça tue l’expression.

La compagnie Steinway vous a approché afin de vous ajouter à la liste des «Artistes Steinway», sur laquelle vous serez, à 28 ans, l’un des plus jeunes inscrits.

Oui, j’ai rencontré Peter Goodrich, vice-président chez Steinway, avant mon départ pour le Japon, pour discuter de ça; c’est une grande chance! Ça tombe bien que j’aie enregistré mon disque au Domaine Forget sur un piano Steinway! Et c’est un piano formidable qu’ils ont là, certainement l’un des meilleurs Steinway que j’aie essayés. Je serais bien reparti avec!

Wonny Song au FMCM (du 9 au 30 juin, Église Unie St-James)

Soirée Beethoven

Le 12 juin, à 19 h 30

Grande Fugue, opus 133; version pour piano à quatre mains (première montréalaise) avec Orion Weiss

Célébrations du 250e anniversaire de Mozart

Le 22 juin, de midi à minuit

Quatuor en sol mineur, K. 478

avec Jonathan Crow (violon), Douglas McNabney (alto) et Katerina Juraskova (violoncelle)

Adagio et Rondo, K. 617 avec Jonathan Crow et Katerina Juraskova

Sonate en do majeur, K. 330

Sonate pour quatre mains en ré majeur, K. 381 avec Kyoko Hashimoto

Clara et Robert Schumann: deux compositeurs, une même adresse!

Le 27 juin, à 19 h 30

Trio en sol mineur, opus 17, de Clara Schumann

avec Andy Simionescu (violon) et Katerina Juraskova

C’est à ton tour, cher violoncelle!

Le 29 juin, à 19 h 30

Requiem, de David Popper avec Denis Brott, Katerina Juraskova et Zuill Bailey (violoncelle)

Musique sur un plateau

Le 10 juin, à 20 h, Maison des Jeunesses Musicales du Canada

Quatuor en sol mineur, pour piano et cordes, K.478 et Adagio, en do mineur, et Rondo, en do majeur, K.617, de Mozart avec Jean-Philippe Tremblay (alto) et ses invités

Wonny Song: Mussorgsky (Pictures at an Exhibition), Rachmaninov (Variations on a Theme of Corelli, Vocalise)

Disques XXI-21 Records,

XXI-CD 2 1553 (60 min 13 s)


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