Mozart 250: La sélection du Mois
June 7, 2006
L’étiquette Brilliant Classics a démontré
par le passé qu’elle pouvait proposer des coffrets à fort petits
prix. Pour le 250e anniversaire de Mozart, on peut dire que la maison
d’édition s’est surpassée, car elle propose un coffret de pas
moins de 170 disques, contenant la totalité des œuvres de Mozart,
le tout pour environ 170$. Côté présentation, Brilliant Classics
a opté pour la simplicité et l’efficacité: l’ensemble tient dans
une boîte d’à peine plus de 30 cm de long. Chaque disque est inséré
dans une pochette de papier clairement identifiée, au verso de laquelle
se trouve la liste des plages. Les 170 disques sont répartis en 9 volumes
(volume 1: symphonies; volume 2: concertos; etc.) facilement repérables
grâce aux couleurs des pochettes de papier et à un menu global inscrit
dans le couvercle du boîtier. Bref, on s’y retrouve assez facilement.
Les coffrets économiques ont souvent
la lacune de proposer une trop mince documentation d’accompagnement.
Dans le cas présent, un CD-ROM contenant tous les textes d’accompagnement
est inclus dans le boîtier. On y retrouve un fichier au format pdf
pour chaque volume. À titre d’exemples, un document de 25 pages est
consacré aux symphonies, un autre de 50 pages aux concertos, et ainsi
de suite pour chaque volume. Les notes de présentation des œuvres
sont de qualité et on a dans la plupart des cas des notes sur les interprètes,
le tout seulement en anglais. Dans le cas des opéras (volume 9), le
document de 513 pages propose pour chaque œuvre un résumé de l’action
ainsi que le livret complet en langue originale (sans traduction…).
Sur le plan musical, il serait irréaliste
d’espérer trouver dans une telle intégrale la version de
référence pour chacune des œuvres. On peut cependant s’attendre
à trouver des versions honnêtes et fidèles, qui nous permettront
de développer notre connaissance des œuvres. C’est ce que Brilliant
Classics réussit, grâce en partie à des rééditions et en partie
à des enregistrements originaux (dans plus de la moitié des cas).
Dans plusieurs cas, on dépasse largement l’enregistrement «honnête»:
par exemple, les symphonies par Jaap ter Linden et la Mozart Akademie
Amsterdam, sur instruments d’époques, sont franchement intéressantes,
de même que l’intégrale des sonates pour piano par Clara Würtz.
Certains enregistrements sont plus faibles (le Requiem, la
Grande messe en do mineur K. 427), mais globalement, la qualité
est au rendez-vous. Isabelle Picard
Coffret complet
Le nouveau coffret Mozart de Brilliant
Classics comprend les oeuvres complètes sur pas moins de 170 disques.
Autres enregistrements Mozart...
Early Symphonies vol. 2
Nos 47 en ré majeur, K.97; 48 en ré
majeur, K.120; 15 en sol majeur, K.124; 50 en ré majeur, K.161/163;
22 en do majeur, K.162; 26 en mib majeur, K.184; 27 en sol majeur, K.199;
25 en sol mineur, K.183; 51 en ré majeur, K.121; menuet en do, K.409.
Concentus Musicus Wien / Nikolaus Harnoncourt
Deutsche Harmonia Mundi 75736 (118 min)
**** $$$$
Bel exercice de rhétorique du maestro
Nikolaus Harnoncourt. Il faut souligner la démarche toujours intègre
de ce chef d’orchestre singulier, musicien respecté et pionnier de
la recherche en musique ancienne. Le choix des œuvres (souci historique
oblige) rend l’audition d’un bout à l’autre un peu redondante.
La succession des tonalités, toutes voisines les une des autres, n’est
pas étrangère à ce phénomème. Il restera toujours quelques sceptiques
pour affirmer avec raison que ce chef a une fâcheuse tendance à livrer
des versions très détachées et froides de Mozart. Ils seront ici
confondus à l’écoute de ces «petits cors en fa» et de ces bois
d’époque qui ne sonnent jamais creux ou frustes. L’intonation y
est pratiquement irréprochable et la sonorité d’ensemble est à
la fois concise et fougueuse. Guy Bernard
Mitridate, re di Ponto
Soloists, Concentus Musicus Wien / Nikolaus
Harnoncourt
Staged and Directed by Jean-Pierre Ponnelle
DG 00440 073 4127 (124 min) Sound 2.0
& 5.1
*** $$$$
La clemenza di Tito
Solists, Vienna State Opera Chorus, Vienna
Philharmonic Orchestra / James Levine
Directed by Jean-Pierre Ponnelle
DG 00440 073 4128 (135 min) Sound 2.0
& 5.1
*** $$$$
The rigid conventions of opera seria
can be tiresome for even the most devoted lover of music drama. A succession
of arias linked by acres of recitative, opera seria tended toward stasis
and plots which promoted the wisdom and infinite mercy of benevolent
despots. With Jean-Pierre Ponnelle in charge, however, the alpha and
omega of Mozart’s contribution to the genre is rendered into exciting
film entertainment. To be clear, these are opera movies with the characters
miming to a pre-recorded soundtrack. Ponnelle judiciously prunes recitative
passages to keep the action flowing and uses ingenious visual effects
and dramatic movement to fully integrate it with the music and singing.
Both productions were filmed on location. Mitridate is set within
the baroque interiors of the Teatro Olimpico in Vicenza and Tito
was shot, mostly at night, among the extant ruins of ancient Rome. The
latter conveys a terse message about the contrivance of adapting history
and its verdict. Costumes are superb and follow the custom of Mozart’s
day is clothing the characters in theatrical elaborations of contemporary
dress.
Gösta Winbergh is sensational in the
title role of Mitridate, as his errant sons (Ann Murray and Annie
Gjevang in the ‘trousers’ roles of Sifare and Farnace) challenge
him for the affections of his betrothed, Aspasia (Yvonne Kenny).
Mitridate, was originally conceived by Racine and this opera version
was created for Milan in 1770, a remarkable achievement for a boy of
14. Ponnelle takes a few liberties, but the end justifies the means.
Harnoncourt and his period orchestra are first class.
It is said that Mozart invented no new
musical forms; he perfected them. La clemenza di Tito, a 1791
commission for Prague stipulating the subject (and libretto by Pietro
Metastasio), provides the ultimate substantiation
in support of this idea. Here, Mozart transforms the opera seria, cutting
back on da capo arias, setting ensemble and choral numbers and
bringing the story to life with the music of his maturity. Eric Tappy
takes the title role while Tatiana Troyanos and Anne Howells achieve
brazen masculinity in the castrato
parts of Sesto and Annio. Carol Neblett, Catherine Malfitano and Kurt
Rydl round out a solid cast. James Levine and the VPO give a distinguished
account of the music. W.S. Habington
Sérénade no 10 Gran Partita
– Eine Kleine Nachtmusik
Orchestre philharmonique de Berlin, Orchestre
philharmonique de Vienne / Wilhelm Furtwängler (1947, 1949)
Naxos Historical 8.11099-4 (72 min 8
s)
****** $
Cette nouvelle parution est la première
livraison d’une intégrale des gravures commerciales de Wilhelm Furtwängler
(1886-1954). Espérons que cet ambitieux projet sera mené à terme,
car il n’y a pas de chef d’orchestre qui mérite autant un tel honneur
que cet artiste unique dont chaque interprétation était une œuvre
en soi. Ici, la pièce de résistance du programme est la Sérénade
no 10, K.361, «Gran Partita», de Mozart. L’enregistrement (1947)
est le seul qu’il nous ait légué de cet ouvrage et un témoignage
inestimable de la musicalité des solistes virtuoses qui formaient alors
la section des vents de la Wiener Philharmoniker. Il est suivi d’une
gravure (1949) de la célébrissime Petite musique de nuit, K.525,
mais comme personne ne pourrait, ni n’oserait, l’interpréter de
nos jours. À des années-lumière de l’esthétique des manches de
dentelle et avec le concours, cette fois-ci, des solistes de la section
des cordes, la partition qui passe habituellement pour une œuvrette
aimable nous est révélée comme un poème d’une émotion retenue,
mais douloureuse, sur la fragilité tragique de l’existence humaine.
En complément de programme, une prestation (1942) fougueuse et tourmentée
de l’ouverture de l’Alceste de Gluck. Comme toujours chez
Naxos, les notes sont abondantes et érudites. Superbe restauration
sonore de Ward Marston. Pierre Marc Bellemare
Serenate Notturna; Eine Kleine Nachtmusik
Le Concert des Nations / Jordi Savall
Alia Vox AV9846 (72 min 28 s)
***** $$$$
Dans ce disque tout Mozart,
Savall semble imiter le style d’Harnoncourt : tempi serrés et parfois
raides, timbales fortement en relief dans la Serenata Notturna KV
239, accents inattendus et presque martelés... Le côté «nocturne»
est sacrifié à l’effet de surprise - effet largement atteint. Il
est vrai que, du temps de Mozart, le genre de la sérénade était destiné
plus au divertissement qu’à la rêverie. Même si l’on n’est
pas tout à fait d’accord avec une telle approche, force est de reconnaître
la qualité supérieure de l’un des ensembles les plus disciplinés
qui soient (on y trouve le nom des violonistes Manfredo Kraemer et Pablo
Valetti). Les gradations sont millimétrées de façon infaillible,
et la beauté sonore des instruments, tous d’époque, est particulièrement
grisante. Le Notturno pour quatre orchestres KV 286
sonne de façon fluide et séduit d’emblée. Quant à la Petite
musique de nuit, elle charme ici sans tout à fait convaincre. Enfin,
Une Plaisanterie musicale KV 522 est traitée avec le sérieux d’une
grande œuvre et, curieusement, on est presque tenté de la prendre
au sérieux. Alexandre Lazaridès
Le nozze di Figaro
Lucio Gallo, Eteri Gvazava, Patrizia
Ciofi, Giorgio Surian
Orchestra e Coro del Maggio Musicale
Fiorentino / Zubin Mehta
TDK DVDWW-OPNDFF (2 DVDs; 181 min)
**** $$$$
This live performance
from Florence dated October 2003 benefits from a strong cast, in a stylishly
traditional production, under the assured baton of Zubin Mehta. His
approach is rather staid and middle-of-the-road, which is not necessarily
a bad thing in this piece. Surprisingly however, director Jonathan Miller
is completely conventional here. The result is perhaps not a desert-island
Nozze, given the tough competition – there are a dozen or so versions
on DVD alone. But it is still a very enjoyable performance. There are
no genuinely great voices, but the ensemble cast is well chosen. Particularly
fine is the vocally and dramatically impeccable Susanna of Patrizia
Ciofi, even if she looks a little too mature in close-ups. Her warm,
flexible, slightly grainy soprano is wonderfully expressive, and the
Act 4 ‘Deh, vieni non tartar’ is a highlight. She is well partnered
by the good-natured Figaro of Giorgio Surian. As the upstairs couple,
Russian soprano Eteri Gvazava is a visually exquisite Countess. Her
voice has a lovely, silvery tone. There is unfortunately not much chemistry
between her and the swaggering Count of Lucio Gallo. The playing of
the Maggio Musicale Fiorentino under Mehta is honourable rather than
distinguished. The crystal clear picture and videography are up to the
highest standards. Joseph K. So
L’effet Mozart - Musique pour les
papas… dès la grossesse
Divers interprètes
The Children’s Group 84414-2 (51 min
52 s)
***
«Au travail, à la maison,
dans la voiture, en famille ou seul, Mozart est le parfait compagnon
pour aider les père [sic] à être importants, efficaces et présents
au sein de leur famille.» C’est du moins ce qu’affirme un des textes
d’accompagnement de cette compilation signée Don Campbell (auteur
du livre L’effet Mozart), dixième de la série L’effet
Mozart. On y prétend également que «quinze minutes de musique
peuvent suffire à remonter votre horloge interne, à vous ressourcer,
à refaire vos forces, vous inspirer à atteindre votre plein potentiel».
En voulant aider les pères d’aujourd’hui, Don Campbell a donc concocté
cette compilation, pour laquelle «la musique a été sélectionnée
avec soin afin d’assurer que le tempo, l’armature et la texture
changent à chaque morceau». Un enregistrement qu’on nous propose
de faire jouer comme musique d’ambiance, en sourdine. On peut y croire
ou non. Quoi qu’il en soit, il faut bien avouer que cette sélection
de morceaux de Mozart n’est pas désagréable et que comme musique
d’ambiance, ça convient très bien. Isabelle Picard
Dix exemplaires de
ce disque, gracieuseté de The Children’s Group, seront remis par
tirage au sort à des abonnés de
La Scena Musicale. www.childrensgroup.com |
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