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La Scena Musicale - Vol. 11, No. 5

La sélection du mois

21 février 2006

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Mozart
Concertos pour violon 1-5, Symphonie concertante K. 364
London Philharmonic Orchestra/Anne-Sophie Mutter, violon et direction; Yuri Bashmet, alto
DGG 4742152 (2 CD : 148 min 53 s)
***** $$$$

On ne voyait pas Anne-Sophie Mutter tenir à la fois la baguette et l'archet. C'est fait, et avec succès, dans cet enregistrement scintillant des concertos pour violon de Mozart. « Dynamisme » est peut-être le maître mot de son interprétation ; un vent de jeunesse souffle partout. La grande dame du violon réussit à maintenir l'Orchestre philharmonique de Londres en état de vigilance, autant dans les pages effervescentes, animées toujours avec savoir et goût, que dans certains mouvements lents traités comme des moments de rêverie nonchalante. De plus, c'est une sorte de référence moderne qui nous est donnée, en prime, dirait-on, avec la grande Symphonie concertante. Le dialogue entre la violoniste et l'altiste (magnifique Yuri Bashmet!), au second mouvement, est saisissant d'éloquence, de complicité et d'imagination. La seule réserve est que l'auditeur n'emporte pas, en fin de compte, l'impression d'avoir découvert quelque chose de différent à propos de ces œuvres si connues. Mais, tout de même, quel beau voyage et quelle joie de vivre! Alexandre Lazaridès



Mozart
Concertos pour piano n. 6, 15 et 27
Chamber Orchestra of Europe/ Pierre-Laurent Aimard, direction et piano
Warner Classics 2564 62259-2 (76 min 48 s)
***** $$$

Longtemps confiné à la musique du XXe siècle dont il est un spécialiste apprécié, Pierre-Laurent Aimard est en train de diversifier son répertoire. Après l'intégrale des concertos pour piano de Beethoven, il nous donne une belle lecture, éclairée surtout par l'intelligence, de trois concertos de Mozart dont la particularité commune est d'être écrits dans la tonalité de si bémol majeur que le siècle classique appréciait pour sa luminosité enjouée. Comme il fallait s'y attendre, l'interprétation d'Aimard est étudiée dans ses moindres détails. L'émotion naît alors de la justesse des détails qui se concertent pour créer un tout, plutôt que de l'abandon à l'imagination ou à l'inspiration du moment. Le Quinzième concerto est particulièrement réussi de ce point de vue. Il n'en reste pas moins que pour l'ultime Vingt-septième, sorte de couronne posée par Mozart sur l'ensemble de ses concertos pour piano, il aurait fallu un dépassement de cette approche vouée à la beauté formelle, juste de quoi nous faire croire au monde entrevu par le compositeur mais hors d'atteinte pour nous. Alexandre Lazaridès



Mozart
Intégrale des trios avec piano
The Gryphon Trio
Analekta AN 2 9827-8 (2 CD : 129 min 39 s)
**** $$$$

Il est des moments où il n'est pas nécessaire de comparer dix interprétations d'une œuvre pour juger de la qualité d'un enregistrement. On regarde la partition, on écoute, et voilà. On reconnaît le respect du texte et on devine l'implication et le plaisir des musiciens, plaisir qu'ils nous communiquent. La question de savoir si tel autre enregistrement est supérieur semble alors bien futile. C'est beau, tout simplement. C'est le cas de cette intégrale des trios avec piano de Mozart par le Gryphon Trio (Jamie Parker au piano, Annalee Patipatanakoon au violon et Roman Borys au violoncelle). Comme le mentionne le pianiste dans un texte du livret, « en raison d'une texture d'écriture si limpide, ce sont aussi des œuvres qui posent un grand défi car il ne s'y trouve nulle part où se cacher ». Les membres du Gryphon Trio relèvent le défi haut la main en laissant toute la place à la pureté de la musique de Mozart. Isabelle Picard




Mozart : Grande messe en do mineur K.427;
Haydn : Berenice, che fai? Hob. XXIVa :10; Beethoven : Ah! Perfido op.65
Camilla Tilling et Sarah Connolly, sopranos; Timothy Robinson, ténor; Neal Davies, basse; Gabrieli Consort & Players, dir. Paul McCreesh
Archiv 00289 477 5744 (74 min 08 s)
***** $$$

Dès les premières mesures, on est saisi. L'interprétation que dirige McCreesh de la Grande messe en do mineur est magnifique. Tant les chœurs que les solistes et instrumentistes (qui jouent sur instruments d'époque) concourent à cette réussite. On remarquera notamment les imposants chœurs à huit voix et le duo de sopranos du Domine Deus. La vision de McCreesh met nettement en lumière l'influence baroque présente dans cette œuvre. La partition de Mozart étant incomplète, on opte dans le cas présent pour la version de Richard Maunder, qui a complété l'orchestration de certains mouvement, et on laisse de côté les morceaux manquants (une partie du Credo et l'Agnus Dei). Si vous désirez enrichir votre discothèque de cette œuvre, vous pouvez sans crainte vous tourner vers cet enregistrement. Et pour les amoureux de la Grande messe, l'écoute de ce CD est un must. Impossible de rester indifférent. Isabelle Picard




Mozart : Sonates pour piano et violon
K. 301, 304, 376 et 526 Hilary Hahn, violon et Natalie Zhu, piano
DGG 4775572 (69 min 59 s)
**** $$$

K. 376, 377, 380 et 403 (fragment)
Andrew Manze, violon et Richard Egarr, pianoforte
Harmonia Mundi HMU 807380 (71 min 42 s)
** $$$

K. 7, 30, 301, 303 et 481
Rachel Podger, violon et Gary Cooper, pianoforte
Channel Classics CCS SA 22805 (73 min 22 s)
***** $$$$

Le deuxième volume de l'intégrale des sonates pour piano et violon par Rachel Podger et Gary Cooper semble plus réussi encore que le premier. Les deux instrumentistes rivalisent ici d'imagination et ont fini par fusionner leurs sonorités de façon convaincante. Le pianofortiste ne semble plus intimidé par l'illustre violoniste censée être plutôt l'accompagnatrice. On sait, en effet, que c'est le clavier qui a la part du lion dans ces œuvres dont l'équilibre sonore est si difficile à atteindre. À l'inverse, Hilary Hahn, dont on continue d'admirer l'archet lumineux, vole sans peine la vedette dans l'enregistrement DGG. C'est elle qu'on écoute et qu'on attend, car le piano de Natalie Zhu se maintient dans une neutralité sans surprise, dirait-on, et c'est dommage. La piètre qualité du pianoforte joué par Richard Egarr (aigus grêles et basses ferraillantes) est un handicap aggravé par une prise de son dont la réverbération brouille les timbres. Ce à quoi il faut ajouter que le violoniste semble suivre un style qui n'est pas trop celui de son partenaire. Alexandre Lazaridès




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