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La Scena Musicale - Vol. 11, No. 10 août 2006

Pentaèdre à Lanaudière

Par Réjean Beaucage / 7 août 2006


L’ensemble Pentaèdre et son directeur artistique, le hautboïste Normand Forget, n’ont pas froid aux yeux ! Loin de craindre les difficultés, ils semblent plutôt prendre plaisir à défier leur public par des propositions plus originales les unes que les autres. Après une transcription (par Forget) de Die Winterreise, de Schubert, pour quintette à vents, accordéon et voix, Pentaèdre en a surpris plus d’un par son interprétation (avec quatre chanteurs) de la musique de l’opéra surréaliste A Chair in Love, de John Metcalf (compositeur) et Larry Tremblay (librettiste). On ne devrait donc pas s’étonner de les voir cette fois-ci s’attaquer à Così fan tutte, de Mozart, en version pour quintette. L’étonnement vient cependant lorsque l’on apprend que l’opéra sera servi en version muette, et que les chanteurs seront remplacés par… des mimes !

« On a déjà travaillé avec les mimes d’Omnibus, il y a cinq ans, explique Normand Forget. C’était un projet qui avait été monté assez rapidement ; le devant de la scène était occupé par une trentaine de lutrins placés de façon complètement éclatée et devant lesquels nous devions nous rendre pour interpréter les pièces au programme, pendant lesquelles les mimes évoluaient sur une passerelle en fond de scène. Nous nous sommes rapidement rendus compte que les musiciens n’ont aucune formation qui puisse leur indiquer comment on se comporte lorsque l’on doit bouger, marcher sur une scène… Pourtant, notre attitude sur scène détermine une grande part de la façon dont le public perçoit ce que nous jouons… L’attitude scénique est donc restée une de nos préoccupations. » Et ceux qui ont pu voir les membres de Pentaèdre intervenir dans l’opéra de Metcalf et Tremblay savent bien que c’est un point sur lequel ils ont beaucoup travaillé !

« Je trouve que c’est un beau clin d’œil à Mozart, explique Forget, que de prendre une œuvre comme Così et, sans en enlever l’essence, lui donner une tournure assez spéciale. Il s’agit donc d’un arrangement (de Ulf-Guido Schäfer) pour le quintette et quatre mimes (mise en scène de Jean Asselin). La version que nous en donnerons à Lanaudière sera très proche du livret de Da Ponte, mais c’est une œuvre en développement et la version que nous en donnerons en février 2007 à l’Espace-Libre sera bien différente. Pour cette première, qui a lieu dans une église, nous garderons quand même un certain décorum ! Ça nous permettra de jauger le projet et de mieux mesurer jusqu’où il peut nous mener, mais le public présent aura tout de même droit à un véritable spectacle. »

En ajoutant au répertoire de quintette à vents des transciptions de ce genre, Pentaèdre contribue surtout à redonner une certaine jeunesse à des œuvres qui le méritent bien. Les musiciens, les mimes, sont sur la corde raide dans un projet comme celui-là, au même titre que le public. Mais si ce dernier peut croire à l’histoire d’un cinéaste tombant amoureux de sa chaise (comme dans A Chair in Love), il est sans doute prêt pour un opéra muet !

› Église de Lavaltrie Le 18 juillet, 20 h

www.lanaudiere.org


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