Clifford Thornton : The Panther and the Lash
September 22, 2005
Version française... Free America Series no 13 067-869-2
Clifford
Thornton (1936–1983) n'est pas un nom que les amateurs de jazz croisent
souvent. Certains se rappelleront de lui comme camarade d'Archie Shepp, avec
qui il se rendit en Europe à la fin des années 60. Quelques-uns se souviendront
que c'est sur son album « Freedom & Unity » (1967) que Joe McPhee fit ses
débuts discographiques. D'autres l'auront peut-être remarqué au sein des
cohortes de Sun Ra au début des années 60 (« Art Forms of Dimensions Tomorrow
»). Peu auront entendu sa composition The Gardens of Harlem, parue sur
l'un des rares disques du Jazz Composers Orchestra, publié au milieu des années
70. Militant du Black Panthers (il fut d'ailleurs interdit de séjour en France
à la suite d'un concert les appuyant), Thornton était aussi un trompettiste et
tromboniste de talent, comme en témoigne le disque « The Panther & The Lash
», l'un des quinze titres du label français America, réédités récemment par
Universal. Témoignage d'un lieu et d'une époque en pleine effervescence (le
Paris des années 70), cet enregistrement est aussi l'un des meilleurs disques
de jazz qu'il m'a été donné d'entendre cette année. Thornton (au cornet,
trombone à pistons et shenai -- une sorte de hautbois indien) y est accompagné
par deux vétérans du free jazz français, le pianiste François Tusques et
le contrebassiste Bernard « Beb » Guérin, ainsi qu'un autre expatrié américain,
le batteur Noël McGhie. Après le thème d'ouverture, l'incantatoire Huey is Free
(une référence au Black Panther Huey Newton), les solos très libres alternent
avec des thèmes parfois exotiques (El Fath), parfois exaltés (Tout le
pouvoir au peuple), voire méditatifs (Paysage désolé, Shango),
funky même (l'insistant Right On!) et ultimement méditatif (la finale, Mahiya
Illa Zalab). Si les considérations politiques ont vieilli (après tout,
les combats finissent par changer), la musique demeure d'une fraîcheur qu'on
aimerait entendre plus souvent. Ainsi, les temps n'ont pas vraiment autant
changé qu'on voudrait bien nous le faire croire... *Perspectives d'automne
Marc Chénard
Les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas.
Après le déferlement des festivals au début de l'été, le calme plat s'installe
par la suite, si bien que la rentrée est vivement souhaitée par plus d'un
mélomane en mal de musique en direct. En septembre, tout repart, mais la scène
bat vraiment son plein en octobre et en novembre. D'après les premières infos,
tout semble augurer pour le mieux. Le Festival international de jazz de
Montréal poursuivra de nouveau ses activités durant l'automne. Du 13 octobre au
18 novembre, huit spectacles seront offerts, dont un concert de l'inénarrable
Wynton Marsalis le 22 octobre. Le reste de cette programmation sera dévoilée le
15 de ce mois.
Lancée en mai dernier, l'exposition Jazz – Les folles
nuits de Montréal, au Musée d'histoire de Montréal, se
poursuit jusqu'au 26 mars de l'an prochain. Dès le dimanche 11 septembre, des
concerts hebdomadaires avec artistes de chez nous se dérouleront dans ce lieu
(à 15 h), cette série se poursuivant jusqu'au 11 décembre (voir le calendrier
jazz).
Le Club Upstairs célèbre ses dix ans et compte
organiser des activités spéciales tout au long de la prochaine année (voir
article ci-contre). Bastions des musiques créatives et improvisées en ville, la
Casa del Popolo et la Sala Rossa auront de nombreux concerts à présenter aux
amateurs : dont l'irréductible Ken Vandermark (23 sept.) et le
violoniste Billy Bang en solo (20 octobre).
Par ailleurs, la série Innovations en Concert, tenue à
la Chapelle historique du Bon-Pasteur, présentera en tête d'a(check)che l'un
des grands innovateurs du saxophone, Evan Parker, en solo et en duo
avec, entre autres, Jean Derome, François Houle et le pianiste
français Benoît Delbecq. Signalons aussi ce grand batteur fou hollandais Han
Bennink, en tournée canadienne avec l'ensemble d'un saxo compatriote Tobias
Delius. *
Version française... |
|