Jeux de gorge inuits Par Bruno Deschênes
/ 14 mai 2005
Malgré une
perte de plusieurs de leurs traditions, les Inuits réussissent à maintenir une
tradition musicale unique : des chants de gorge.
Bien que ces chants aient été bannis par le clergé pendant plus de 100 ans, ils
ont été sauvegardés en secret.
Les chants de
gorge inuits ont longtemps existé sur l’ensemble du territoire canadien. Ils
ont complètement disparu en Alaska et n’ont jamais existé au Groenland.
Aujourd’hui, on les retrouve surtout dans le nord du Québec et sur l’île de
Baffin. On retrouve des chants similaires chez quelques peuples de la Sibérie,
incluant les Aïnus du nord du Japon, bien que là aussi ils aient disparu.
Depuis quelques temps, nous assistons à une sorte de renaissance. Plusieurs
communautés inuites les réapprennent et en développent même de nouvelles
formes. Or, seulement quelques cd existent sur le marché et ils sont rarement
disponibles.
Ces chants de
gorge sont en fait des jeux vocaux par lesquels les femmes amusaient les
enfants durant les longues nuits hivernales en attendant leurs maris partis à
la chasse. Ils sont produits de la façon suivante : deux femmes sont face à
face, debout; une dirige le jeu et l’autre répond. La première débute un thème
rythmique; l’autre entame un motif rythmique différent qui s’imbrique avec
celui de sa partenaire. Le jeu consiste à continuer le plus longtemps possible.
Celle qui ne peut maintenir le rythme ou manque de souffle part à rire et perd.
Ces chants durent généralement entre une et trois minutes. Traditionnellement,
les lèvres des femmes se touchaient, l’une utilisant la bouche de l’autre comme
une sorte de caisse de résonance. Aujourd’hui, les chanteuses se tiennent
debout, droites, en se tenant les bras et parfois en se balançant.
Ces jeux
utilisent des mots ou des onomatopées. Quand des mots sont utilisés, ce sont
généralement des noms d’ancêtres et des mots faisant référence à un événement
important ayant cours. Les onomatopées représentent des sons de la nature,
d’animaux, d’oiseaux, des bruits, etc., que les enfants peuvent tenter de
reconnaître. Ces sons n’utilisent pas vraiment les cordes vocales, mais sont
produits par l’air qui passe par la gorge.
On remarque un
renouveau de ces chants chez les jeunes, étant la principale tradition qui
permet de définir leur identité aux yeux des Occidentaux. En septembre 2001, il
y a même eu un colloque sur les chants de gorge à Puvirnituk, au Nunavik, avec
80 participants, jeunes et aînés, venant de partout à travers le Canada. Il y
avait des différences de style entre les diverses régions, mais aussi selon les
âges : les aînés, surtout parce qu’ils parlent encore l’Inuktituk, et les
jeunes, qui ne le parlent pas ou très peu, créant ainsi des sonorités
différentes. Dans plusieurs villages, ces chants ont commencé à réapparaître il
y a 5 ans à peine.
Dernièrement,
deux jeunes chanteuses, Taqralik Partridge et Nina Segalowitz, ont eu la grande
opportunité de se joindre à l’Orchestre symphonique de Montréal pour
interpréter leurs chants et ce, grâce à Musique MultiMontréal. Leurs deux
derniers concerts ont eu lieu le 24 mars et le 20 avril 2005 dans le cadre des
Matinées jeunesses de l’OSM, sous la direction de Boris Brott. Ils interprètent
une pièce pour orchestre symphonique et chants de gorge inuits écrite par le
compositeur canadien Patrick Carrabré, intitulée Inuit Games.
Disques
Hariprasad
Chaurasia Archives 17.02.1992
Hariprasad Chaurasia avec Zakir Hussain
Naïve, 2004, TH 360101 (74 min 22 s)
****** $$$$
Hariprasad
Chaurasia et Zakir Hussain forment sans contredit le duo par excellence de la
musique classique hindoustanie de l’Inde du Nord, d’où provient la plupart des
grands maîtres de musique indienne connus en Occident. Chaurasia est
aujourd’hui, et ce à tout point de vue, le plus grand interprète du bansuri
indien, et Zakir Hussain mérite le même titre comme interprète des tablas. Le
joueur de tablas, aux côtés d’un maître de musique classique n’est qu’un
accompagnateur, mais quel accompagnateur! Ce CD provient de l’enregistrement
d’un concert qu’ils ont donné en 1992 au Théâtre de la Ville, à Paris. Il y en
aurait très long à dire sur ces deux excellents musiciens. Mais plutôt que de
les louanger outre mesure, je vous recommande de les écouter. Vous entendrez
immédiatement la dignité de ces deux magnifiques musiciens.
Chants
et musiques du Badakhchan, Concert 27.11.2003
Les musiciens du Badakhchan
Naïve, 2004, TC 461001 (70 min 40 s)
***** $$$$
Le
Badakhchan est une région des Himalayas située à 4 000 mètres d’altitude.
Couvrant principalement le nord de l’Afghanistan, elle chevauche aussi le
Tadjikistan. Cette région a été difficilement accessible pendant des siècles,
une route unique la traversant. Malgré cela, on y parle sept langues
indo-européennes. La population est ismaélite, une secte islamique chiite, et
la poésie de leurs chants, si elle n’est pas religieuse ou populaire, est
d’origine persane, malgré la grande distance qui sépare cette région de la
Perse. Grâce à cette inaccessibilité, ils ont développé une tradition unique
qui peut être insolite pour un Occidental, mais dans laquelle, après plusieurs
écoutes, on sent l’âme d’une culture encore peu teintée par l’hégémonie
occidentale. L’ensemble que nous entendons est formé d’une chanteuse, Sâhiba
Dovlatshâeva, et de quatre musiciens jouant du ghijak, une vièle, du setar,
un luth perse à long manche, du daf, un tambour, du tanbur et du rubâb,
deux autres luths.
Nouvelles
5 au
8 mai à Montréal
Festival tzigane
: spectacles, concerts,
films, expositions
http://www.romaniyag.com
514 374-8976
26 mai 2005,
20 h
Ensemble Constantinople
Salle
Pierre-Mercure
300, boul de Maisonneuve
Est
514 987-4691
27-28 mai 2005
Joanne Griffith
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Sainte-Catherine Ouest
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