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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 7

Un Assistant au service de la science des sons

Par Gaétan Martel / 9 avril 2005


1re partie

Allegro

Des premiers automates musicaux de l'Antiquité jusqu'aux synthétiseurs et échantillonneurs actuels, en passant par le « télégraphe musical » de l'Américain Elisha Gray, inventé autour de 1874, c'est l'ensemble de l'ingéniosité humaine qui a bénéficié de la magie de la technologie musicale. Nos nouveaux esclaves numériques sont si puissants et polyvalents qu'ils ressemblent à des génies musicaux qui sortiraient de bouteilles lancées à la mer de l'imagination créatrice.

Si les instruments étaient au début palpables (sinon « jouables »...), ils prennent aujourd'hui plus souvent une forme logicielle. Ils ont pour noms échantillonneurs, éditeurs audio, mélangeurs, modélisateurs, numérisateurs, synthétiseurs virtuels, séquenceurs, ou, plus simplement, logiciel de notation ou de gravure musicale, selon la fonction à laquelle ils sont destinés.

Cette dernière catégorie, en développement depuis une trentaine d'années, entre dans sa phase de maturité. Malheureusement, les applications de qualité et d'un niveau d'utilisation assez sophistiqué coûtent ordinairement une petite fortune pour le musicien moyen -- la plupart étant vendues à partir de 500 à 600 $ us. Les noms les plus prestigieux servant de références sont Finale et Sibelius. Mais il en existe des dizaines d'autres pour les professionnels de la gravure musicale. Score – longtemps la référence pour les grands éditeurs (Schott, Peters, Cambridge University Press...) jusqu'aux années 90 --, évolue dans un environnement DOS; les autres -- Wolfgang, Berlioz, Igor Engraver, Amadeus, etc, -- sont essentiellement graphiques et très conviviaux. (Voir le site de Gordon J. Callon à http://ace.acadiau.ca/score/others.htm pour une liste exhaustive.)

Dans cette « cacophonie » de produits, Harmony Assistant (HA; pour environnement Windows ou Mac) sonne juste. Produit de la compagnie Myriad, créée à Toulouse il y a 17 ans par les frères Guillion, il n'est pas qu'un « arrangeur » ou un programme d'harmonisation automatique, contrairement à ce qu'on pourrait croire à la première écoute de son nom.

Commercialisé à 70 ¤ (70 $ us pour les acheteurs hors Hexagone), il est disponible en version d'essai. Dans ce cas, les seules limitations sont l'option de sauvegarde qui est enlevée et l'impression qui se limite à une page à la fois. Melody Assistant (MA), son «cadet» plus limité dans ses fonctions, peut être utilisé en version complète sous licence de partagiciel (shareware; 20 ¤ ou 20 $ us).

Andante

Les palettes d'outils de HA sont d'une convivialité exemplaire mais il faut absolument consulter les superbes didacticiels de l'aide pour tirer pleinement profit de leur utilisation. À ce propos, il faut dire que chaque application musicale présente ses particularités d'interface qui prennent un certain temps à maîtriser. Ce qui nous change des clones de Microsoft Office, qui pourtant a le mérite de proposer une interface familière. J'ai cependant noté quelques curiosités dans celle de HA. Ainsi, il y a deux menus d'aide (libellés respectivement « Aide » et « ? ») partiellement redondants. On aurait avantage à les fusionner dans une prochaine version. Aussi, certains scripts (commandes automatisées) logent en duplex, se retrouvant aussi bien dans le menu Édition que dans celui des Scripts. Purgé des doublons de l'Édition, l'actuel menu Scripts il pourrait alors se nommer « Extensions » ou « Autres scripts ». Un menu Affichage comprenant l'activation ou non des différents modes1, zooms (actuellement sous la commande Échelle du menu Fenêtres) et règles2, pourrait faciliter la prise en main. De même pour un théorique menu Outils qui pourrait regrouper, par exemple, celui de Configuration et certaines commandes de Options3, deux menus assez « légers » en terme du nombre de commandes. Mis à part ces remarques, qui ne sont même pas de l'ordre du bémol mais plutôt de celui du quart de ton sinon du comma, je dirai pour résumer qu'après plusieurs mois d'utilisation, les autres produits, dix fois plus dispendieux, n'ont qu'à bien se tenir s'ils ne veulent pas jouer faux en n'écoutant pas la tonalité du marché. On a affaire ici à un logiciel remarquable sous tous les angles : coût, convivialité, puissance d'utilisation et polyvalence.

Ces deux derniers points méritent attention. Pour ne donner qu'un exemple, l'importation MIDI4 de quelques fichiers types est très solide et a donné des résultats comparables à Finale ou Sibelius. Bien sûr, la gravure de la partition est beaucoup plus raffinée et nettement plus élégante pour ces deux derniers. Mais ils n'ont pas certains aspects propres aux séquenceurs, inclus avec HA qui, sans être à la mesure de la référence professionnelle Cubase, est très convenable5.

Un aspect représentatif de la richesse des fonctionnalités du registre du HA est son système de taquets qui caractérise son interface. Il s'agit de menus contextuels qui donnent accès à l'ensemble des commandes propres à une portée ou une règle, et à des ajustements fins de mise en page (marges, positions des en-têtes et pieds de page).

[La 2e partie de cet article sera publiée

dans la prochaine édition.]

1. Page, gravure et ruban (« frappe au kilomètre »).

2. Règle graduée, de la grille d'accord, des accompagnements et du tableau des rythmes.

3. Limiter l'édition à la mesure, Positionnement automatique, Accroche automatique.

4. Standard musical datant de 20 ans qui définit l'échange de caractéristiques essentielles du son, peu importe le support et autorisant une représentation graphique élémentaire sous forme de partition lorsqu'on l'importe dans une application telle HA ou MA.

5. Voir en particulier les possibilités de manipulation de sons numériques, l'importation de fontes sonores (SoundFont), d'instruments virtuels (VST) et ses processeurs d'effets numériques (Myriad FX Processor; effets de résonateur, distorsion, délai, réverbération, égalisation, etc.).


(c) La Scena Musicale 2002