Home     Content     Articles      La Scena Musicale     Search   

La Scena Musicale - Vol. 10, No. 6

Au rayon du disque / Off the Record

Par/by Marc Chénard, Paul Serralheiro / March 16, 2005


Joëlle Léandre / Gianni Lenoci : Sur une balançoire
Ambiances magnétiques AM 126 CD
****

Peu d'artistes peuvent se dire aussi prolifiques au chapitre des enregistrements que Madame Contrebasse en personne, Joëlle Léandre. Si bien qu'elle nous offre à peu près une nouvelle galette par mois. Bien qu'ayant fait ses premières armes dans le milieu de la musique contemporaine, c'est dans le milieu du jazz (ou du post free-jazz pourrait-on dire) qu'elle fait le gros de son boulot. Musicienne de rencontres par excellence, elle se retrouve aux côtés d'un pianiste sicilien, Gianni Lenoci. En quelque 46 minutes, les deux badinent allégrement, sans jamais trop bavarder (puisqu'il y a 14 plages). Compte tenu de sa propre formation musicale, la bassiste se sert davantage de son archet que du pizzicato, évitant ainsi le rôle traditionnel que son instrument tient en jazz. Ce faisant, les deux partenaires dialoguent en égaux plutôt que d'avoir le piano comme meneur et la contrebasse derrière lui. En cours de route, les dialogues peuvent être désinvoltes, parfois acharnés, mais sans temps morts. Évidemment, ceux et celles qui cherchent des assises plus sûres n'y verront peut-être que du feu, mais ce qui compte ici c'est le tout et comment on trouve son plaisir à écouter les détails, ces petits moments qui titillent l'oreille. Difficile alors d'identifier des faits saillants dans tel ou tel morceau; ce qui importe, c'est l'ensemble de l'enregistrement qui, notons-le, se termine dans la bonne humeur avec un rire complice des deux musiciens. Marc Chénard

Wayne Horvitz, Ron Samworth, Peggy Lee, Bill Clark, Dylan van der Schyff : Intersection Poems
Spool SPL 1125
****

Pour son quatrième disque, le quartette vancouvérois Talking Pictures (qui, sans raison apparente, a laissé tomber son nom de groupe) accueille le pianiste Wayne Horvitz, ancien compagnon de route de John Zorn à l'époque de Naked City, puis leader de ses propres ensembles comme Le Président et Zony Mash. Rencontre musicale toute improvisée, mais très sobre et retenue dans son ensemble, cette production assez laconique (à peine 40 minutes) compte sept pièces dont les durées oscillent entre trois et huit minutes. Libérée de toutes conventions, la musique se tisse discrètement, chaque participant enroulant ses filigranes sonores autour de ceux des autres. Ici, on ne parlera pas de « pièces » structurées selon le modèle habituel de thème et de variations, mais bien de climats sonores qu'on entretient tout juste assez longtemps avant de tourner à vide. Par moments, des lambeaux mélodiques surgissent ou des pulsations rythmiques sont suggérées, mais ce ne sont pas les moteurs premiers qui propulsent ce collectif. Ce que l'on tente ici, c'est de bâtir une forme sonore différente à chaque fois, forme dans laquelle les composantes ne sont pas hiérarchisées entre elles, mais égales et complémentaires. Jouant parfaitement le jeu, le pianiste ne se met jamais au devant des autres, si bien que sa présence, discrète mais toujours pertinente, contribue largement aux ambiances assez introspectives. Bien que la musique improvisée se résume pour plusieurs à une sorte de free jazz tonitruant, force est de constater que cet idiome (qui n'est ni un genre, ni un style) a beaucoup évolué depuis les trente dernières années, atteignant même des résultats d'un raffinement égal aux pratiques plus traditionnelles. Pour vous en convaincre, voici une preuve au dossier. Marc Chénard

Brad Turner Trio: Question the Answer
Maximum Jazz MAX16392
****

Brad Turner, a Vancouver first-call trumpet player, here appears on piano with his usual acoustic rhythm section acolytes, the rock-steady Darren Radtke on bass and the spry Bernie Arai on drums. Turner is at his best on trumpet, where his playing is both consistent and confident, but his keyboard playing is just as musical and moving despite being a little lesser in terms of technical prowess. He achieves a fine balance between fluent solo lines, chordal passages and modal vamps. It also helps that his band mates are accomplished players. Because the three play together on a regular basis, their communication is understandbly subtle, if not telepathic, the kind of communication that makes music worth listening and re-listening to. The compositions are all by the pianist except two, Ellington's "Star-Crossed Lovers" and Willie Nelson's "Crazy." Interestingly enough, these numbers embody the evident tendencies of music on this side: the Duke's rhythmic sophistication and the country balladeer's melodic transparency.

The percussive piano voicings and Turner's conception of harmony and line on the title track recall vibraphonist Gary Burton's sense of voice-leading and rhythmic drive. This tune also features Arai stretching out in a rumbling solo, punctuated by fragments of the theme from bass and piano. Radtke, for his part, is featured in the impressionist "Iris" and in the cubistic "Ideas," the latter with an odd metered vamp riff. Elsewhere, guest vocalist Tia Turner (no, not Tina) appears on the Nelson tune, with the pianist providing sensitive accompaniment. For fans of Brad Turner, this is another look at a musician best known for his double duties in Metalwood (where he plays both electric keyboards and trumpet). For general listeners as well, this articulate piano trio delivers a wide palette of musical colours. Paul Serralheiro

Rex Stewart and the Henri Chaix Orchestra: Baden 1966 and Montreux 1971
Sackville SKCD2-2061
****

This reissue of a mid-1960s studio encounter between stalwart American jazz master Rex Stewart and the Switzerland-based Henri Chaix Orchestra (an octet, mainly) will thrill old time jazz fans and win over some new ones. Three previously unissued selections from another date also appear with the one featuring Stewart, a cornet stylist perhaps best known for his work with Duke Ellington's orchestra. The guest is supported here by European musicians who are well versed in the American swing idiom, a fact evident from the compelling New Orleans undertow of "Headshrinker Blues," in which Stewart digs deep down with gutturals and microtones in excellent rapport with the band. This is also made clear in the loose but intense accompaniment to "Conversation Piece," a number which comes across as a dialogue between two people, with the cornet speaking two different tongues, one in the middle-high register, the other in the extreme low pedal register. To this reviewer's ear, it comes across as a funny exchange between a wronged wife and her repentant husband. The essence of this music is in some ways paradoxical because it is an appealing and even compelling blend of both traditional and avant-garde playing concepts. Stewart's masterly roots voice and wide ranging expressiveness are absent from the second half of the disc, a live sextet performance of three Fats Waller medlies at the Montreux jazz festival in 1971. The joy, humour and vitality of Waller's music seep through like aural sunshine in the band's swan song performance, and the boogie-woogie virtuosity of the composer is captured in the playing of Chaix's piano. Jo Gagliardi's lone trumpet playing is a strong follow up to Stewart, as the Orchestra brings you back to the jazz of the days of propeller planes, radio and dancers. Paul Serralheiro


(c) La Scena Musicale