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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 6

I musici di Roma—L'Italie à Montréal

Par Isabelle Picard / 16 mars 2005


En 1952, douze jeunes musiciens italiens fondent un ensemble de musique de chambre : six violons, deux altos, deux violoncelles, une contrebasse, un clavecin et la ferme volonté de redonner vie au répertoire pour cordes, particulièrement celui du settecento italien. Ils se baptisent I musici (les musiciens), ont dès leur premier concert, le 30 mars 1952, un immense succès et se lancent dans une aventure qui dure toujours. Un de ces jeunes visionnaires, le contrebassiste Lucio Buccarella, est toujours membre de la formation. Il nous a accordé un entretien téléphonique pour parler de leur prochaine visite à Montréal, le 4 avril 2005.

Tradition

Une des particularités importantes d'I musici est de jouer sans chef d'orchestre. C'est pour des raisons artistiques que les jeunes musiciens prennent dès le départ cette décision. « Je crois que ça apporte un peu plus de participation individuelle à la collectivité, explique Lucio Buccarella. Tous les membres sont invités à manifester leur propre opinion, donc chacun contribue au résultat final. Un chef d'orchestre, s'il est un très bon chef, prend la situation en main, et il en résulte l'interprétation d'une personne : le chef. Tandis qu'avec nous, c'est l'interprétation de douze personnes, qui ont travaillé quelques heures de plus qu'avec un chef pour trouver un commun dénominateur. Je pense que le résultat est plus convaincant. Quand nous jouons, chacun de nous a l'impression de prendre réellement part au jeu. »

Et après plus de cinquante années d'existence, l'ensemble est toujours fidèle à sa philosophie : respecter le style de chaque compositeur tout en mettant de l'avant une certaine liberté d'interprétation, et refuser tout dogmatisme académique. Comme le fait justement valoir monsieur Buccarella, I musici est pour beaucoup dans la sortie de l'ombre de la musique des compositeurs italiens du 18e siècle : « Nous étions parmi les premiers à affronter la musique des Vivaldi, Corelli, Tartini, Manfredini et Geminiani. Maintenant, il y a tous ceux qui appellent à la fidélité aux textes originaux, avec les instruments originaux, etc. Parfois, je trouve ça légèrement exagéré; ça devient un peu fétichiste. » En effet, bien des choses ont changé depuis cinquante ans, notamment en ce qui concerne l'interprétation musicale. Mais la formation italienne se tient loin des modes et essaie de rester fidèle à ses standards. Le mot d'ordre : tradition. Lucio Buccarella affirme d'ailleurs qu'ils ont un public qui les aime et qui les prie de ne pas changer. La tradition se perpétue entre autre par le choix des musiciens : Un des violonistes fondateurs, Arnaldo Apostoli, qui a quitté son poste il y a environ un an, a été remplacé par son fils, Gian Luca Apostoli. Il en va de même pour la claveciniste Maria Teresa Garatti, épouse de Lucio Buccarella, qui a été remplacée il y a quelques mois par leur fils Francesco. « Nous sommes convaincus que le fait de connaître toute l'histoire des I musici de père en fils peut jouer un beau rôle », affirme Lucio Buccarella.

Une société secrète

Il n'y a pas que les modes d'interprétation, qui ont changé. Il en va ainsi pour tout le monde musical ! Dans une société où le sport et la télévision prennent une place grandissante, le public s'est un peu éloigné des concerts de musique de chambre. « Ceux qui viennent écouter de la musique de chambre appartiennent vraiment à une élite d'auditeurs, qui a échappé à la mode des grands spectacles, du star system. Je vois un peu la musique de chambre comme une société secrète où il faut dire un mot de passe pour être admis ! Et j'aime bien ce point de vue, de faire en quelque sorte partie d'une élite parmi tout ce qui est offert autour de nous comme musique. » Le mot de passe des I musici ? Très probablement quelque chose comme « plaisir », « sincérité », « dévouement » ou « amour de la musique ».

Nous pourrons en juger lors de leur passage à Montréal au mois d'avril, unique arrêt canadien d'une tournée qu'ils effectueront aux États-Unis. Ils interpréteront un programme varié incluant des œuvres de Rossini, Costanzi, Rolla, Paisiello, Schubert et Mozart. La dernière visite d'I musici di Roma à Montréal date de 1978, alors qu'ils étaient, comme ce sera le cas encore cette fois, les invités de la société Pro Musica. Il est possible d'assister seulement au concert ou de prendre également part à la réception le précédant, événement-bénéfice au profit de Pro Musica (des reçus pour déduction fiscale sont émis).

Lundi le 4 avril 2005, 20 h

Théâtre Maisonneuve, Place des Arts

I musici di Roma

Programme :

G. Rossini : Sonate pour cordes en sol majeur, nº1

G.-B. Costanzi : Concerto en ré majeur pour violoncelle et cordes

(attribué à Haydn)

A. Rolla : Divertimento en fa majeur pour alto et cordes

G. Paisiello : Concerto en do majeur pour clavecin ou pianoforte et orchestre

F. Schubert : Rondo en la majeur pour violon et cordes

W. A. Mozart : Divertimento en fa majeur, K. 138

Billets pour concert seulement : 514 842.2112

Concert et réception, renseignements : 514 845.0532


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