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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 6

Il était une fois...

Par Gaétan Martel / 16 mars 2005


Nos sens sont continuellement sollicités par divers médias. Parmi eux, la radio est un cas à part. Ce média grand public, vétéran centenaire, demeure par définition le canal de diffusion par excellence de la musique. C'est aussi le plus répandu sur la planète, avec des dizaines de milliers d'émetteurs et des centaines de millions d'auditeurs, collés à leurs récepteurs...

L'idée de la radiophonie, sans être évidente, paraît simple : propager une onde en modulant son amplitude ou sa fréquence (plus connues par leurs abréviations anglaises respectives : am et fm), pour diffuser le son dans l'espace.

La première émission radiophonique date du 24 décembre 1906 et est le résultat des recherches d'un Canadien, Reginald Aubrey Fessenden, originaire de l'Estrie. Il faut dire que l'environnement était propice : Marconi, l'entreprise fondée par un des plus importants noms de l'histoire de la radio et de la télégraphie, était déjà installée à Montréal depuis le début du siècle. En outre, elle possédait une station expérimentale, XWA (devenue CFCF), qui émettait de la métropole autour de 1915. Dès 1922, la radiodiffusion prendra une ampleur inégalée en Amérique du Nord. CKAC, propriété de La Presse, sera inaugurée le 27 septembre par un concert d'un pianiste de réputation internationale, Emiliano Renaud, surnommé le « Paderewski canadien ». Toujours actif en 1925, il proposera alors la première émission d'enseignement à la radio : un cours de piano de 30 semaines ! Le premier tiers du siècle verra surtout l'épanouissement des grandes radio nationales : BBC, CBC, Radio-Canada, Radio Paris, etc. En moins de vingt ans, sept Américains sur dix deviendront de fidèles auditeurs.

C'est dans l'air

Un siècle plus tard, la radiophonie demeure un vecteur important de diffusion de la musique. Aujourd'hui, elle passe tranquillement, très lentement, au numérique, tout en conservant ses assises analogiques. On la trouve sur le Web : toutes les grandes chaînes nationales (publiques ou semi-publiques), de la BBC à Radio-Canada, en passant par Radio France et NPR, ont un « pied-à-terre » numérique.

Le passage de l'analogique au numérique n'est pas aisé et comprend des conversions et des compressions de données, sans compter la dépendance totale sur la bande passante de la connexion et la rapidité de traitement de l'information des ordinateurs. Tous des facteurs qui réduisent potentiellement la fidélité de transmission. De plus, la majorité des chaînes diffuse en continu pour RealPlayer ou Windows Media Player. Ces deux applications de lecture audio, quoique les plus utilisées, sont malheureusement loin d'être les meilleures en terme de qualité sonore.

À peu près en même temps que la greffe des radios sur le Web, on a parlé, beaucoup parlé, de la transmission entièrement numérique qui devait se faire sous peu. Il y a dix ans, le réseau Galaxie (http://www.galaxie.ca) obtenait son permis d'exploitation qui précédait son lancement officiel de deux ans. Le but avoué de ce service de musique numérique en continu lancé par Radio-Canada était d'assumer une partie du financement de la société d'État, tout en prospectant le terrain du numérique. Ce service demeure actif en 2005 et est toujours proposé par les câblodiffuseurs et les diffuseurs de télévision par satellite. Il comprend, entre autres, cinq canaux de musique classique : Classiques Populaires, Baroque, Grands Classiques, Musique de chambre et Opéra Plus.

À l'écoute

C'est dans ce contexte que sont apparues récemment aux États-Unis deux chaînes de radio numérique par satellite : XM et Sirius. Chacune offre un trio de canaux pour la musique classique :

XM (http://www.xmradio.com) -- « Classics », différents styles, du sacré aux œuvres symphoniques ; « Vox », opéras et autres œuvres vocales, extraits des archives de la BBC ; « Pops », grands succès de Beethoven à Gershwin.

Sirius (http://www.sirius.com) -- « Classical Voices », musique vocale ou instrumentale avec voix ; « Symphony Hall », œuvres pour grand ensemble ; « Vista », musique de chambre.

Malgré les frais d'abonnement, non négligeables (une quinzaine de dollars par mois), les deux services seraient déficitaires. À ces frais, il faut ajouter l'achat d'un récepteur radio numérique car, bien entendu, votre appareil conventionnel n'est pas compatible. Ce qui fait gonfler la facture d'au moins deux cents dollars. On ne voit donc pas comment ces services peuvent se distinguer de Galaxie, tout aussi numérique et tout aussi libre de publicité, et même de certaines offres -- gratuites --, de radio en ligne.

Gérard Rejskind est le rédacteur en chef du magazine audio UHF (www.uhfmag.com). Audiophile de longue date, il est avant tout sensible à la musique, puis aux caractéristiques techniques de l'équipement. Je lui laisse le dernier mot sur XM et Sirius, qui résume bien les évolutions récentes de la radio et de la musique numérique : « Pour l'audiophile, ces services sont d'un intérêt limité, car l'extrême compression des signaux ne promet pas la meilleure fidélité. La qualité est sans doute adéquate pour une réception en voiture, ou une écoute domestique distraite. Encore que, il y a maintenant une explosion d'appareils et de dispositifs permettant de diffuser de la musique à partir d'un ordinateur à travers la maison (...). Dans la voiture, le iPod peut remplir la même fonction. Tout cela sans frais d'abonnement. La question qu'il faut se poser est celle-ci : est-ce que les mélomanes sont prêts à payer un appareil coûteux et un abonnement mensuel afin d'écouter des disques choisis par des gens qu'ils ne connaissent pas ? »

Références sur la radiophonie (historique, chaînes, etc.)

http://www.annuairedelaradio.com

http://dspt.club.fr/index.htm

http://www.phonotheque.org/f/radio.html

75 ans de radio : un projet du musée du son de la phonotèque québécoise

http://classicalwebcast.com/onepage.htm

Un répertoire d'une centaine stations de musique classique en ligne.

http://www.radio-numerique.ca

radionumerique.org

Dernières nouvelles du monde de la radio numérique.

Quelques grandes radios sur le Web

francophones

http://radio-canada.ca/radio

Portail d'Espace musique, de la Première Chaîne et de Radio Canada International.

http://www.radiofrance.fr

Portail de plusieurs chaînes (France Culture, France Musiques, etc.) dont Hector, la chaîne de musique classique de Radio France.

anglophones

http://www.abc.net.au/classic/audio/

Une radio australienne fort originale.

http://www.bbc.co.uk

Siège d'une douzaine de stations, dont Radio 3, consacrée à la musique classique.

http://www.cbc.ca/programguide/radio

Radio Two est la chaîne musicale de CBC (format Ogg Vorbis disponible).


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