| Quatuor Bozzini : In tempore belliPar Réjean Beaucage
 / 2 novembre 2004 
 
 Le Théâtre La Chapelle (tlc), à Montréal, 
est un lieu particulier où se sont déroulés, depuis maintenant 15 ans, de 
nombreux grands moments de musique nouvelle (« actuelle » ou « contemporaine 
»). Son directeur artistique, Richard Simas, invitait en 2003 le Quatuor 
Bozzini pour une résidence de deux ans ; « Nous voulions, écrit-il dans le 
programme du prochain concert du Quatuor, établir un dialogue entre notre lieu 
de création-diffusion et ce brillant ensemble de cordes. Nous croyions pouvoir 
offrir des perspectives et des possibilités dans le but de participer à une 
étape de leur évolution. Nous voulions aussi simplement pouvoir entendre le son 
de leurs cordes et leurs voix chez nous, en répétition, en discussion, en 
recherche, en travail technique, en spectacle, en lecture de nouvelles pièces. 
» Le Quatuor produisait l'automne dernier un grand 
événement autour du collectif allemand Wandelweiser en invitant aussi le 
compositeur Christian Wolff et l'ensemble américain Augenmusick. Cette fois-ci, 
tout juste de retour d'une série de concerts en Suède et en Allemagne, les 
membre du Bozzini nous présentent un programme moins éclaté, mais qui ne manque 
pas d'ambition. La violoncelliste Isabelle Bozzini explique : « 
Nous avons choisi ces deux pièces de compositeurs américains pour leurs thèmes : 
celle de George Crumb, Black Angels – Thirteen Images from the Dark Land 
(1970), pour sa référence à la guerre du Vietnam, et celle de Steve Reich, 
Different Trains (1988), pour son évocation de la Deuxième Guerre 
mondiale. Le concert porte le titre In tempore belli (En temps de 
guerre), et propose donc un parallèle entre les situations évoquées par les 
compositeurs et celle que nous vivons ces dernières années. » L'altiste 
Stéphanie Bozzini précise : « Outre leur programme, les oeuvres ont aussi en 
commun le recours à l'amplification, celle de Crumb étant pour quatuor 
électrique et celle de Reich pour quatuor et bande ; nous trouvions donc que les 
deux pièces allaient très bien ensemble. » L'oeuvre de Reich a ceci de particulier que le 
quatuor joue en étant accompagné par un enregistrement de trois quatuors à 
cordes. Depuis la création de l'oeuvre, l'enregistrement qu'utilisent tous les 
quatuors qui l'interprètent est celui réalisé par le Kronos Quartet pour la 
création. « Nous avons décidé de faire nos propres enregistrements, explique le 
violoniste Clemens Merkel. En utilisant le cd stéréo du Kronos Quartet, on doit 
ajuster notre jeu au leur et il n'y a pas de place pour une interprétation 
différente. Nous sommes le premier quatuor à réenregistrer les pistes 
d'accompagnement (16 heures de studio pour 27 minutes). Le son est donc 
différent (c'est le nôtre !), le mix aussi, et ça nous permettra éventuellement 
de faire paraître une version surround. Steve Reich en était très heureux 
et il a hâte d'écouter le résultat. » Le quatuor lancera aussi ce soir-là son premier 
disque : « Nous avons notre propre collection, "QB ", dans le catalogue de la 
compagnie de distribution DAME », explique Isabelle Bozzini. La violoniste Nadia 
Francavilla précise: « Il s'agit d'oeuvres de Jean Lesage (Quatuor nº 2), 
Michael Oesterle (Daydream Mechanics V), Claude Vivier (Pulau 
Dewata, arr. Oesterle) et Malcolm Goldstein (A New Song of Many Faces for 
In These Times), réunies sous le titre "Portrait Montréal". » Au printemps, le Quatuor poursuivra sa 
collaboration avec le TLC par un grand projet, un Marathon canadien, sur lequel nous 
reviendrons. *
 In tempore belli
 5 et 6 novembre, 20 h, Théâtre La Chapelle, 
Montréal
 (514) 843-7738
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