Mise sur pied d'un studio

L’organisation matérielle d’un studio de musique à la maison

À prime abord, donner des cours privés de musique nécessite peu d’équipement. Votre instrument, un crayon et une montre devraient suffire. Par contre, au l des ans, j’ai personnellement ajouté beaucoup de petits outils qui me rendent le travail plus agréable.

• un métronome

• un banc d’appui pour les pieds des petits Mozarts

• une lampe sur le piano

• un tableau magnétique avec des portées

• un assortiment de collants et d’étampes (comme récompenses)

• des «flash-cards »: notes, armures, rythmes etc.

• divers petits instruments à percussions (frapper des noires sur un tambour est bien plus amusant!)

• une panoplie d’exercices de lecture à vue, de solfège et de dictée

• le syllabus du programme enseigné

• du papier à portées

• un dictionnaire musical

• un petit « kit » d’urgence: ciseaux et lime à ongles, pince à cheveux, papiers-mouchoir (non, ce n’est pas parce que je les fais pleurer, mais il y en a qui ont le rhume!), linge pour essuyer les lunettes, sous-verre (vous ne voulez pas de « ronds » sur votre beau piano lorsque l’élève y pose sa bouteille d’eau!), aspirine (non, je blague, quoique…)

• le livre Not until you’ve done your practice de Johnston et Sutton, disponible sur, dont je lis une page avec l’élève à chaque leçon.

• un répondeur

• un ventilateur pour l’été

Dans la salle d’attente:

• un tableau d’affichage

• une lampe, un téléphone (ils en ont souvent besoin pour appeler leurs parents retardataires après le cours!)

• des revues et des livres à colorier (à thème musical seulement)

• un poste d’écoute équipé de disques de musique classique.

L’ordinateur avec des jeux et les vidéocassettes s’ajouteront sûrement. Par contre, ces détails justifieront à coup sûr des tarifs plus élevés.

La municipalité qui accorde le permis a parfois certaines exigences: Un avertisseur de fumée, des indications pour la sortie, une veilleuse d’urgence en cas de panne d’électricité et un extincteur.

Avoir un studio à la maison demande qu’on ait des égards pour notre conjoint et nos enfants. Évitons que notre matériel d’enseignement soit éparpillé partout dans la maison. Même pour les professeurs dont l’espace est réduit, un « coin » bureau est essentiel. Il peut s’agir d’une boîte de rangement, qu’on sort pendant les heures de cours seulement, ou bien une garde-robe, qui lorsqu’on l’ouvre, révèle un bureau et des lières.

Surtout si nous occupons un espace non-commercial, il faut faire tout en notre possible pour éviter les plaintes de nos voisins. Des voisins irrités peuvent nous causer des problèmes.

Examinons les points suivants:

• Notre chien jappe-t-il sans n à l’arrivée de chaque élève, ou hurle-t-il sa solitude s’il est enfermé ou laissé dehors?

• Notre chat est-il à l’intérieur ou miaule-t-il toujours pour entrer et sortir?

• Le bruit risque-t-il de déranger nos voisins? Vous avouerez que la leçon n’est pas toujours un concert agréable. Si c’est le cas, gardons nos fenêtres fermées. Ne donnons pas de leçons avant 8 heures ou après 21 heures, ni le dimanche matin. Les tapis et capitonnages absorbent le son et assourdiront le son de notre instrument.

• Les enfants qui attendent leurs parents restent-ils en sécurité dans la maison ou courent-ils partout à l’extérieur?

• Les parents sont-ils avertis de ne pas klaxonner… et de ne pas stationner devant les maisons voisines ou pire dans les espaces de stationnement des voisins? N’oublions pas qu’il y a souvent deux voitures en même temps: celle de l’élève qui arrive et celle de l’élève qui part.

• La tenue de notre maison et de notre terrain font-ils honneur à notre réputation professionnelle?

• Évitons trop d’achalandage en restreignant la vente de cahiers de musique à nos élèves seulement.

• Les clients qui attendent sont-ils avertis de ne pas fumer, boire ou manger?

On aura besoin d’une aire d’attente et d’un endroit pour les vêtements et les bottes. Au pire, on peut installer quelques chaises et une patère dans le passage, et fermer l’entrée de nos appartements privés. S’il n’y a pas de porte, on peut se procurer un paravent. Nos politiques se devront d’être très strictes, car les enfants sont naturellement curieux. Ne laissons pas d’objets dangereux à leur portée, ni argent ou autres objets précieux. Il est préférable de superviser les entrées et sorties. Nos élèves auront besoin d’accès à une salle de bains et un téléphone, sans être obligés d’interrompre une leçon pour demander la permission.

Ce qui m’amène au sujet des interruptions. Dans un monde idéal, les leçons de musique ne seraient jamais interrompues et la concentration du professeur et de l’élève seraient toujours à leur meilleur. Mais dans la vraie vie, les interruptions peuvent être nombreuses et gâcher une leçon, si on ne fait rien d’avance pour les empêcher ou si on ne fait rien d’avance pour les empêcher ou les limiter.

Avant de parler des enfants parents, chiens et chats parlons d’abord de nous-mêmes. L’attitude la plus professionnelle serait de ne jamais prendre du temps sur la leçon de l’élève, du temps pour lequel l’élève paie – pour nos activités personnelles. Prendre le temps d’un élève au profit d’un autre élève, est carrément inacceptable. Parler au téléphone, s’occuper du bébé, sortir le chien, éplucher les patates et arroser le rôti, sont toutes des interruptions qu’on peut éviter, avec un peu de plani cation.

Mais peut-on planifier de ne pas être interrompus par les autres? Ce n’est pas impossible…

1. Le téléphone

Il suffit de se procurer un répondeur et de le mettre en marche. Il fera partie de notre routine de préparation à l’enseignement. On peut avoir un arrangement avec la compagnie de téléphone, et il ne sonnera même pas. Quiconque veut vraiment vous parler, laissera un message. Avertissez votre famille et vos proches que vous avez un répondeur et priez les de laisser un message.

Il ne faut pas laisser les enfants prendre les messages.

La plupart risquent d’être mélangés, incomplets, totalement incorrects ou ne seront même pas transmis. Si vous avez mis de la publicité pour avoir de nouveaux élèves, vous ne voudrez manquer aucun appel! Rappelez-vous que le message du répondeur est souvent le premier contact qu’un client aura avec vous.

Avertissez votre famille que votre répondeur est en marche et de ne pas répondre au téléphone. Offrez à vos ados un téléavertisseur (pagette), ainsi ils pourront rappeler leurs amis. Ceux qui ont un emploi, pourraient peut-être se payer une ligne privée. N’oubliez pas de baisser le volume, car vous serez interrompus par les messages eux-mêmes. Si vous pouvez, désactivez la sonnerie du téléphone. Ainsi vous ne serez pas dérangé et vous éliminerez la tentation de répondre.

Enregistrez votre message vous-même. Évitez les farces, les chansons « a cappella », les « barber shop quartets » et autres trucs du genre, (quoique des gammes d’élèves en musique de fond peut donner de la crédibilité à votre message) Soyez bref. Un message qui s’étire inutilement découragera même les plus coriaces qui n’oseront pas laisser de message.

2. La sonnette

Surtout si vous avez de jeunes enfants, il est possible qu’on sonne fréquemment à la porte. La solution à ce problème est délicate, car vous ne voulez pas paraître malpolie envers vos voisins. Donnez plutôt la consigne aux amis que si votre enfant n’est pas dehors, c’est qu’il a des devoirs à faire et qu’aussitôt que possible il sortira. Pour les colporteurs, il faut leur dire « non, merci » avant qu’ils ne commencent leur boniment. Pourquoi ne pas mettre une jolie petite affiche: « Chut! leçon de musique en cours… »? (en plus, cela vous fera de la publicité indirecte) A nos amis, n’hésitez pas à dire « J’enseigne dans le moment, puis-je te rappeler ce soir? ». Dans une conversation ultérieure, glissez en douce « Je m’excuse de n’avoir pas pu te parler cet après-midi, j’enseigne de 15h00 à 18h00 tous les jours ». Ils comprendront le message.

3. Les parents

Les parents, c’est bien normal, veulent parler de leurs enfants. Ils peuvent le faire sur le temps de la leçon de leur enfant – pas toute la leçon quand même! – et le temps accordé dépend de l’importance du sujet abordé. Dites quelque chose du genre: « Laissez-moi réfléchir à la question, et je vous rappellerai dans le courant de la soirée »… ou « Nous avons besoin de plus que quelques minutes pour parler de ce sujet et je ne voudrais pas empiéter sur le temps de Sophie. Puis-je vous appeler ce soir? »

Mais que faire s’ils veulent parler après la leçon, sur le temps de l’élève suivant? Évidemment vous ne pouvez permettre cela, même pour une minute ou deux! Vous direz: « J’aimerais bien converser mais c’est le tour de David. Voudriez-vous m’en reparler en arrivant à la prochaine leçon de Sophie? » et si cela presse: « Puis-je vous appeler ce soir? ». Souriez et ayez l’air désolé. Les parents comprennent généralement. Sinon, ne vous gênez pas de prendre les choses en main: « Donc, si je n’ai pas de vos nouvelles, je vous revois la semaine prochaine », tournez-vous et adressez-vous à David « Bon, David, commençons avec… » Si vous savez qu’un certain parent a cette mauvaise habitude, assurez-vous d’avoir un élève avant, et un élève après, dans votre horaire. Si vous placez cet élève avant votre heure du souper, vous allez vous la faire « gruger » à tout coup, croyez-en mon expérience!

Ce qui est gênant, c’est quand un parent vient chercher son enfant après la leçon, il cogne à la porte du studio, son carnet de chèques à la main et interrompt la leçon de l’élève suivant: « Combien je te dois? ». Ces choses-là doivent être préparées d’avance, de sorte que vous pourrez répondre: « Je ne le sais pas par coeur, mais c’est écrit dans l’agenda de Sophie, vous pouvez glisser votre chèque sous ma porte, car je suis présentement avec David ».

Chose certaine, la clef, c’est la plani cation. Couvrez toutes vos bases: téléphone, porte, enfants, animaux, repas, parents. Tout le monde en sera moins stressé et plus concentré.

Qui sait, alors peut-être pourrez-vous en n vivre des moments où les âmes de l’interprète et de l’auditeur se rejoignent dans l’émotion musicale du morceau enseigné. On peut toujours rêver…

Danielle Laberge