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Avant de partir...

L'année 1999 s'achève et La Muse n'échappe pas à un moment de réflexion... Rassurez-vous, il ne sera pas question du fameux bogue mais plutôt de replacer dans un certain contexte ce que nous connaissons de l'expérience musicale en cette année charnière.

Les scientifiques croient que les ancêtres de l'homme utilisaient déjà des formes de vocalises qui leur permettaient d'attirer les femelles de l'espèce. La qualité de leur interprétation n'était bien sûr pas le facteur décisif mais il semblerait que les femelles s'accouplaient avec ceux qui réussissaient le plus de prouesses vocales.

Des études récentes auprès des jeunes enfants permettent d'affirmer sans l'ombre d'un doute qu'ils possèdent des habiletés surprenantes et sophistiquées qui les ouvrent à une compréhension du langage musical. Cette perception débute in utero et apparaît clairement dès les premières semaines de vie. Les bébés distinguent non seulement la voix maternelle mais la hauteur des sons, les harmonies dissonantes et consonantes et réagissent au rythme. On remarque que, instinctivement, les adultes communiquent avec eux de façon musicale en psalmodiant les mots.

Le développement exceptionnellement rapide des nouvelles techniques d'imagerie médicale permet maintenant d'étudier le cerveau pendant qu'il s'adonne à des activités musicales. Les scientifiques ont maintenant déterminé avec précision que l'interprétation musicale faisait travailler tout le cerveau. (exit le concept de latéralisation du cerveau !) Il semble que le cerveau d'un musicien à l'œuvre (même s'il ne fait que de la lecture à vue) est utilisé à son maximum, plus que dans la réalisation de toute autre activité (à l'exception de la quantité extraordinaire d'énergie qui traverse le cerveau lors d'une crise d'épilepsie).

Les musiciens ont probablement ici un sourire entendu. En effet, essayons de décortiquer les habiletés nécessaires à l'interprétation d'une œuvre musicale : analyser correctement la partition, faire abstraction des "taches" sur la portée pour leur donner une réelle signification, développer une attention soutenue, apprendre et retenir tous les aspects du langage musical, prévoir les mouvements des groupes musculaires impliqués, produire le bon timbre, la bonne intensité, écouter, réévaluer et recommencer ! Ouf! Et nous n'avons même pas effleuré le côté émotif de la chose. L'implication émotive ne nuit en rien à une réalisation parfaite, elle ajoute plutôt à l'intensité du moment. La musique restera toujours une discipline exceptionnelle qui intègre notre côté analytique et nos émotions. Comme le disait si bien Malher : "Tout est évident dans la musique, sauf l'essentiel".

Lucie Renaud