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La p`tite vie des grands
compositeurs : Vivaldi

Il est né en 1678 à Venise, le fils d'un violoniste. Il fut ordonné prêtre dans sa vingtaine et surnommé le "prêtre rouge" à cause de la couleur de ses cheveux. Il entreprit sa vocation religieuse avant que ne débute sa carrière de musicien, mais il ne fait aucun doute que son cœur, son esprit et son âme étaient dévoués à son art. À l'époque, celui qui désirait se vouer à la musique s'avantageait en acceptant également un poste religieux. En tant que prêtre, Vivaldi aurait certainement le temps nécessaire pour se consacrer à la composition et à la pratique. Il semble avoir utilisé l'église pour obtenir, la même année que son ordonnance, le prestigieux poste de professeur de musique à l'Ospedale delle Pietà. Il y avait des milliers de prêtres à Venise, et apparemment il n'y avait rien de choquant à considérer la vocation sacerdotale comme étant plutôt une éducation religieuse qu'un mode de vie.

L'Ospedale delle Pietà (l'hôpital de la compassion) était une école et un orphelinat qui hébergeait des jeunes filles de vingt ans et moins. Il y avait quatre écoles de ce genre à Venise, et leurs élèves étaient des musiciennes de grande renommée. Les Vénitiens assistaient souvent à des concerts afin d'écouter les jeunes chanteuses et instrumentistes. Vivaldi, maître violoniste, montait sur la scène pour éblouir les spectateurs avec son frénétique jeu d'archet.

On confia à Antonio la responsabilité d'enseigner à ces jeunes filles talentueuses toutes sortes d'instruments, ainsi que la tâche de composer deux concertos par mois pour qu'elles aient du matériel à pratiquer. Ceci explique la variété d'instruments pour lesquelles Vivaldi composa ; il devait mettre en valeur les talents de chacune. Si ce milieu vous semble être le paradis sur terre pour un jeune maestro de vingt-cinq ans, considérez ce qu'en raconte Rousseau : "La musique était si voluptueuse, si émouvante, que je croyais que leurs voix ne pouvaient appartenir qu'à des visions de beauté divine. J'insistai pour faire leur connaissance. Vous ne pouvez imaginer ma désolation quand je rencontrai ces filles, et je compris pourquoi leur laideur était cachée par un grillage qui ne dévoilait que leur voix."

 Bien que prêtre, il ne manifesta aucun désir de prononcer la messe, souvent sous le prétexte douteux de mauvaise santé (il faisait de l'asthme). Semble-t-il qu'il lui arrivait souvent de quitter l'église en pleine célébration, se plaignant de maux de poitrine, pour ensuite partir à toute vitesse à son appartement afin de griffonner une nouvelle mélodie de concerto... Suite à son refus continuel de s'acquitter de ses responsabilités sacerdotales, il s'est vu congédié de son poste après six mois. De plus, il était devenu célèbre et comptait amasser une grande fortune en poursuivant une carrière hors de l'église. Voilà possiblement une autre raison pour son congédiement.

Vivaldi s'intéressait beaucoup à l'opéra ainsi qu'à l'argent qu'il croyait y faire. C'était le divertissement le plus populaire de l'époque. Bien qu'il ait repris son poste à l'Ospedale deux ans après son départ, c'était avec un arrangement plus flexible qui lui permettait de poursuivre ses intérêts opératiques. En plus de son poste à Venise, il voyageait à travers l'Europe, composait des opéras pour d'autres villes italiennes et était souvent en tournée afin de surveiller leur mise en scène. Il était toujours à la recherche de commandes d'opéras. Bien qu'il soit bien rémunéré, il faisait de très mauvais investissements et l'argent lui glissait entre les doigts.

Plus tard, Vivaldi commença à se faire accompagner dans ses voyages par deux jeunes demoiselles, Anna et Paolina Giraud, qui étaient les sopranos vedettes de ses productions. Cette relation entre Vivaldi (qui avait 48 ans) et en particulier Anna Giraud (17 ans) a été source de spéculation parmi certains musicologues pour ses possibilités amoureuses. Vivaldi a toujours prétendu que les deux sœurs lui étaient indispensables pour les soins infirmiers qu'elles lui prodiguaient. Une fois de plus, il accusa ses problèmes d'asthme, qui pourtant ne l'empêchaient pas de voyager, de se produire en concert, d'enseigner, de composer de façon prolifique ni de diriger un théâtre d'opéra. Anna se maria sept ans après la mort de Vivaldi en 1741.

Vivaldi est surtout connu pour ses concertos, qui se chiffrent à plus de 500. C'est lui qui développa la technique virtuose du violon. Beaucoup des ses œuvres sont restés perdues pendant des siècles. En 1926, un monastère à Piedmont cherchant à vendre certaines de ses archives pour une levée de fonds, on y découvrit 14 volumes de la musique de Vivaldi, des œuvres inconnues: plus de 100 concertos, 12 opéras, 29 cantates et un oratorio complet. Cette trouvaille a motivé la recherche de ses œuvres parmi d'autres collections privées. En l'espace de quarante ans (entre 1920 et 1960), on a retrouvé ce qui était demeuré caché pendant 200 ans. Aujourd'hui, les Quatre saisons de Vivaldi sont peut-être l'œuvre la plus endisquée au monde, avec plus de 100 enregistrements différents.

Gayle Colebrook
Courriel : polyshine@sympatico.ca