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UN PROFIL DU COMPOSITEUR JOHN WINIARZ

 
John Winiarz est né le 17 juillet 1952 à Saint-Boniface, au Manitoba.  Sa famille, d'origines polonaise et ukrainienne, compte des peintres et des potiers qui ont influencé son développement artistique dès son jeune âge.  Il a commencé ses études de piano à l'âge de dix ans et a appris par lui-même la guitare, le banjo, l'harmonica et l'orgue.

John Winiarz, fait partie d'une nouvelle génération de compositeur.  Depuis ses débuts en musique populaire, dès l'adolescence, à St-Boniface, John Winiarz fut très tôt immergé dans l'art musical, en étudiant la composition à l'école de musique de l'Université de Montréal, au Conservatoire de musique de Toronto et finalement à l'Université McGill.

Tout au long de cette période, la musique électroacoustique est devenue une de ses spécialités et, inévitablement, dans sa recherche pour "faire quelque chose d'une manière un peu différente des autres", il s'est approché de la composition microtonale.

La microtonalité est une façon, pour les compositeurs, d'utiliser l'octave en la subdivisant en 24 quarts de ton, 36 sixièmes de ton, 48 huitièmes de ton et ainsi de suite, pour atteindre les limites de la perception auditive humaine, au lieu d'utiliser les 12 demi-tons traditionnels qui composent l'octave.

En 1981, quand le guitariste Douglas Reach a demandé à Winiarz de composer une pièce pour guitare, les tendances microtonales du compositeur ont trouvé une façon de s'exprimer :  MIKROTONOS en fut le résultat.

"Je voulais commencer du nouveau et réaliser quelque chose qui serait vraiment différent des pièces pour guitare classique que je connaissais, alors j'ai pensé qu'en changeant l'accord, je commencerais un tout nouvel instrument : il fallait repenser tous les patrons de doigtés ; on retrouve aussi  2 fois plus de sons pour travailler l'harmonisation, ce qui m'avait ouvert une grande porte".

Les expériences en composition microtonale, qui impliquent un nouvel accord d'un instrument, se sont continuées pour Winiarz avec la création d'une œuvre pour 3 pianos, accordés un sixième de ton les uns des autres.  Cette pièce, ``LE PARCOURS DU JOUR``, fut présentée à un concert organisé par Bruce Mather, à l'Université McGill.  La pièce incluait des mélodies de Raga indiens qui, comme c'est le cas de plusieurs musiques non-occidentales, sont naturellement colorées de microtonalité.

La musique de Winiarz a été jouée dans plusieurs concerts et festivals au Canada, en France, aux États-Unis, au Japon, au Brésil et en Hollande.  De plus, Winiarz a reçu plusieurs prix pour son travail ;  parmi eux, le premier prix de la compétition pour les jeunes compositeurs Pro Canada en 1980 et le 2e prix en 1982 de la compétition de la radio nationale CBC.

Malgré son expérience personnelle avec des auditeurs positifs face à sa musique, Winiarz reconnaît que, toute proportion gardée, il y a peu de gens qui assistent à ce genre de concert de musique.  Souvent les auditeurs ne sont pas habitués à cette "nouvelle musique" et l'auditeur moyen préfère "des mélodies claires, bien définies, qui se chantent bien ainsi que des rythmes assez simples avec des accords connus" parce que "c'est beaucoup plus facile d'apprécier ce genre de musique".

Winiarz se sent satisfait de faire ce qui semble pour plusieurs  des curieux mélanges de sons. "Je n'essaie généralement pas de rejoindre un vaste auditoire", confesse Winiarz ouvertement, "J'essaie simplement de faire quelque chose qui m'intéresse et que je fais très bien pour le moment.  Alors, si cela rejoint les auditeurs, j'en suis très heureux. Si non, et bien, soit."

Depuis les années 90, les pièces de Winiarz sont plus tonales. Il s'intéresse à la voix et son écriture est inspirée par la poésie du poète irlandais W.B. Yeats, surtout en ce qui concerne son mysticisme,  et est animée par son intérêt pour la magie, l'incantation et le rituel.

Sa musique actuelle est catégorisée comme "romantique post-moderne". Parmi des œuvres récentes, on retrouve :  SAUDADES DESTRUIDAS (1996),  pièce inspirée d'un voyage au Brésil  et  FANTASY(Swan Song) :  HOMMAGE A ANNA PAVLOVA(1997),  pièce écrite en hommage à la danseuse des ballets russes où il se sert de thèmes de compositeurs du passé, tel que Mozart, Beethoven, Schuman, Saint-Saens et une pièce pour la harpe celtique.  Il prépare aussi une œuvre pour un ensemble nouveau tango, avec une partition pour voix Vocalise Spirale (1996),  et à la demande d'un altiste d'Ottawa, il adapte une pièce,  originellement écrite pour synthétiseur et orchestre,  pour alto solo avec accompagnement électroacoustique.

Ses œuvres récentes comportent du matériel de différentes cultures et périodes musicales où il cherche à établir un équilibre entre une documentation objective et une interprétation subjective de ces documents.  Ses voyages à travers l'Europe et l'Amérique du Sud l'ont inspiré pour composer une musique qui reflète la condition humaine telle qu'en témoignent l'histoire et le monde moderne.

John Winiarz enseigne à l'université Concordia.  Il travaille aussi comme photographe et dirige l'étiquette d'enregistrement J et W.
 

 

Paul Serralhero, rédacteur, étudiant en musique et poète
Traduction de Chantal Bois